
Témoignage
Par Valérie Beaudoin
Publié le 28 novembre 2016 à 16h43
Beaucoup de femmes mais aussi des hommes. Tous des professionnels, près de deux cents, réunis vendredi, à l'Agora, à Vernouillet. C'est à l'invitation du Mouvement du Nid qu'ils sont venus à une première journée de formation autour des violences sexistes et sexuelles dont les femmes sont victimes. Parmi tous les intervenants, Laura Cavoleau, chargée de mission au Mouvement du Nid, fait un tableau de la situation locale, sans concession.
Votre mouvement est connu pour s'occuper du problème de la prostitution mais se penche sur toutes les violences sexistes ?
Cette journée est effectivement destinée à lutter contre toutes les violences sexistes et sexuelles qui peuvent exister. La prostitution fait partie de ces violences. Mais il y en a d'autres comme le cyber-harcèlement, le harcèlement de rue, le viol, ou des phénomènes annexes à la prostitution comme le michtonage ou des échanges de services sexuels contre un hébergement. Il n'y a que les violences conjugales dont on ne s'occupe pas car il y a déjà le centre d'information des femmes et de la famille qui en sont des spécialistes.Mais si une victime de violences conjugales vient vous voir ?
Évidemment, on ne lui ferme pas notre porte. On va l'accueillir et l'orienter vers nos collègues du CIDFF.
« Le drouais n'est pas le seul secteur touché par ce fléau. »
Vous êtes installé en Eure-et-Loir avec une attention particulière pour le territoire drouais, pourquoi ?
En 2015, nous avons fait un diagnostic du territoire en travaillant avec quarante structures différentes notamment la police et la justice. Cette enquête nous a permis de mettre en lumière un phénomène de prostitution cachée. Nous voulons faire un travail de fond sur le sujet. Le drouais n'est pas le seul secteur touché par ce fléau. Mais, il y a tout de même un nombre important de personnes concernées par la prostitution cachée du fait de la jeunesse de la population et du niveau économique du territoire.
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Est-ce la seule raison ?
Non, nous voulons aussi travailler à Dreux car nous trouvons un vrai répondant. Il y a une réelle prise de conscience du phénomène et la volonté de travailler à lutter contre. Nous avons pu, par exemple, très bien travaillé avec le commissaire de police de Dreux, Hélène Denéchère. Il y a des élus aussi qui sont très à l'écoute et conscients du problème. Nous allons continuer notre groupe de travail et nous avons un projet ambitieux avec la Mission Locale.
« À partir de l'entrée en 6 e, il faut aborder le sujet des violences sexistes et sexuelles. »
Pourquoi la Mission Locale ? Parmi les cas de prostitution, celui des jeunes femmes de 15 à 25 ans, est particulièrement inquiétant. C'est la tranche d'âge que touche La Mission Locale. La prostitution est un vrai frein à l'insertion professionnelle. Dans une première phase, la jeune femme se dit qu'elle n'a pas besoin de chercher un emploi puisqu'elle gagne sa vie, souvent mieux que si elle était salariée. Il y a une vraie perte de motivation. Puis, dans une seconde phase, il y a une perte d'estime de soi qui empêche la femme de s'insérer dans un parcours professionnel classique.
Est-ce que tout ne commence pas à l'école ?
Si bien sûr, il faut faire une prévention dès le collège. À partir de l'entrée en 6 e, il faut aborder le sujet des violences sexistes et sexuelles. Il faut éviter la banalisation des pratiques qui conduisent à la marchandisation du corps féminin. Nous avons besoin d'un partenariat avec l'Éducation nationale.
Valérie Beaudoin
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