Transition

Etats-Unis : ces républicains qui ont retourné leur veste

Trump a aujourd'hui les faveurs de ses ennemis d'hier, de son propre camp, qui l'ont critiqué sans ménagement pendant la campagne.
par Estelle Pattée
publié le 30 novembre 2016 à 20h47

Ennemis pendant la campagne, meilleurs amis ajourd’hui. Depuis la victoire surprise de Donald Trump à l’élection présidentielle, certains républicains qui s’étaient totalement désolidarisés de lui, retournent aujourd’hui leur veste. Et se laissent appâter par l’idée de bénéficier d’un poste clé au sein de sa nouvelle équipe.

Mitt Romney

L'ancien gouverneur du Massachusetts, Mitt Romney, a allègrement critiqué le candidat républicain durant toute la campagne. «Laissez-moi le dire clairement, si nous, républicains, choisissons Donald Trump comme candidat, les chances d'un avenir sûr et prospère seront profondément amoindries», avait-il lancé lors d'un meeting dans l'Utah en mars dernier.

Romney avait lui-même été l'une des cibles favorites du candidat républicain sur Twitter, comme le révélait la compilation du New York Times des insultes de Trump depuis juin 2015. Son attaque préférée ? Qualifier le candidat malheureux à la présidentielle de 2012 de «loser» (perdant). «Pourquoi Mitt Romney m'avait-il supplié de le soutenir il y a quatre ans ?» avait-il ironisé sur Twitter.

Aujourd'hui, les deux hommes tiennent un tout autre discours. Mardi soir, ils se sont entretenus pour la seconde fois à l'occasion d'un dîner dans un restaurant français. Mitt Romney serait pressenti pour succéder à John Kerry en tant que secrétaire d'Etat. A la sortie du restaurant, il a déclaré aux journalistes avoir passé une «merveilleuse soirée avec le président élu Trump».

La nomination de Mitt Romney, modéré, à un poste clé serait, en effet, un signe d’apaisement pour le camp républicain. Difficile pourtant de cacher le malaise qui entourait cette rencontre, comme l’atteste une photo, largement détournée par les internautes. On y voit Trump, assis en face d’un Mitt Romney au sourire plus que crispé.

Nikki Haley

La nouvelle ambassadrice américaine des Nations unies était loin d'être une fidèle de la première heure de Donald. La gouverneure de Caroline du Sud avait soutenu Marco Rubio lors de la primaire, puis Ted Cruz, sénateur du Texas, après le désistement de son favori. Longtemps, elle a critiqué le candidat, le qualifiant notamment de «tout ce qu'un gouverneur ne veut pas comme président». En retour, elle avait été – elle aussi – la cible des tweets du milliardaire : «Les habitants de Caroline du Sud sont embarrassés par Nikki Haley !»

Chargée d'énoncer la traditionnelle réponse du camp républicain au dernier discours sur l'état de l'Union prononcé par Barack Obama, le 12 janvier, elle avait subtilement ciblé le candidat, sans toutefois prononcer son nom. «Pendant les périodes de tension, il peut être tentant de se laisser séduire par les voix les plus remplies de colère. Nous devons résister à cette tentation. Chaque individu qui a la volonté de travailler, de se plier à nos lois, d'aimer nos traditions, devrait se sentir bienvenu dans ce pays.» Ce n'est qu'en avril, après l'abandon de Cruz, que Haley se résigne à soutenir Trump.

Ces différends ont très vite été oubliés. Après son entretien avec le magnat de l'immobilier, quelques jours avant sa nomination officielle au poste d'ambassadrice américaine des Nations unies, elle déclarait aux journalistes : «Il était un ami et un partisan avant de se porter candidat à la présidence, et a été gentil avec moi. Mais quand je suis mal à l'aise avec un sujet, je le dis.» 

Paul Ryan 

Il fut sûrement l'un des critiques les plus acerbes du candidat. Ce n'est que début juin que Paul Ryan, président de la Chambre des représentants, s'était résolu à rallier Trump en dépit de leurs nombreuses divergences. En contrepartie, Trump avait promis de le soutenir pour sa réélection à la tête de la Chambre. Mais après la diffusion de la vidéo du Washington Post datant de 2005, où l'on entend Trump dire pouvoir faire «ce qu'il veut» avec les femmes, y compris «les saisir par la chatte», Paul Ryan, «écœuré», avait refusé de le recevoir dans le Wisconsin.

A trente jours du scrutin, voyant la possibilité d'une victoire de Trump s'éloigner, Paul Ryan avait fait part à des élus qu'il ne «défendrait pas ou ne ferait pas campagne» pour Trump, sans pour autant lui retirer son soutien. «Paul Ryan devrait passer plus de temps à équilibrer le budget, l'emploi et l'immigration clandestine, et ne pas perdre son temps à lutter contre le candidat républicain», avait répliqué le magnat de l'immobilier sur son compte Twitter.

Mais à l'annonce de la victoire de Donald Trump, le 9 novembre, Ryan s'est dit «très excité à l'idée de travailler» avec le président élu. «Nous avons eu d'excellentes conversations sur la manière dont nous allons travailler ensemble à la transition», avait ajouté celui qui a conservé sa place de «speaker», l'homme fort du Congrès.

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