Partager
Sommet de l'économie

"Il faut maîtriser les excès du capitalisme"

Cette semaine, les 1er et 2 décembre, au Palais de Tokyo, à Paris, Challenges organise la 3èmeédition du Sommet de l’Economie, dont le thème est cette année « 2017, la fin des tabous ». Voici la contribution de Georges Plassat, PDG de Carrefour.

1 réaction
Les actionnaires de Carrefour ont renouvelé sans contestation Georges Plassat pour 3 ans au conseil d'administration. De quoi finir les chantiers en cours et préparer sa succession.

Cette semaine, les 1er et 2 décembre, au Palais de Tokyo, à Paris, Challenges organise la 3èmeédition du Sommet de l’Economie, dont le thème est cette année « 2017, la fin des tabous ». Voici la contribution de Georges Plassat, PDG de Carrefour.

Matthieu Alexandre / AFP

Cette semaine, les 1er et 2 décembre, au Palais de Tokyo, à Paris, Challenges organise la 3èmeédition du Sommet de l’Economie, dont le thème est cette année « 2017, la fin des tabous ». En prélude à ces différents débats (que nos lecteurs pourront suivre en quasi direct sur challenges.fr), nous avons demandé aux dirigeants des partenaires du Sommet de nous livrer leurs idées pour« redonner confiance à la France ». Voici la contribution de Georges Plassat, PDG de Carrefour.

Quand on a la chance de voyager à travers les pays où Carrefour est présent, on voit que vivre en Europe, et particulièrement en France, est un privilège. Je reste émerveillé par la beauté et la diversité de notre pays et pourtant, que d’anxiété et d’agressivité dans les relations humaines et institutionnelles! A force d’altérer la valeur travail, de saper l’autorité et d’opposer les gens entre eux, nous vivons collectivement en dehors des réalités et nous nous sommes laissés embarquer dans une spirale d’exaspération, amplifiée par les réseaux sociaux.

Un exemple, le consentement à l’impôt, socle de notre pacte républicain, est fragilisé par une pression fiscale de moins en moins acceptée et acceptable. Réconcilier les Français et l’impôt nécessite trois conditions: rendre compréhensibles les choix budgétaires par les citoyens ; installer de la stabilité fiscale en engageant dès le début du quinquennat une réforme qui fixerait les grands dispositifs (charges, impôts…) pour les cinq années suivantes ; et mettre en place une évaluation continue des politiques publiques, qui doit être considérée comme un exercice naturel et récurrent de la démocratie parlementaire.

Arrêter de stigmatiser les fonctionnaires

Le sujet de la simplification est un autre exemple. Dans un monde qui se complexifie, on finit par ne plus voir que les obstacles. Il faut simplifier, nous débarrasser de ce « mille-feuille administratif », de cet amoncellement de papiers et de procédures obligatoires pour lancer n’importe quelle entreprise, faire le ménage dans les 3.000 pages du Code du travail, comme les Italiens ont commencé à s’y employer. Je ne parle pas là des grands sujets comme la rupture du contrat ou le temps de travail, mais bien de la suppression de dispositions empilées et jargonneuses, qui paralysent et éloignent le dialogue social des sujets de fond essentiels pour lesquels il y aurait tant à faire.

Il faut également arrêter de stigmatiser les fonctionnaires, soi-disant gavés de privilèges, et les salariés du privé, soi-disant victimes consentantes du système capitaliste. La fonction publique est remarquable, à condition qu’elle s’interroge constamment sur le sens de sa mission de service public et qu’elle sache calibrer les moyens mis à sa disposition pour son bon accomplissement. Et les salariés du privé, il faut les rétribuer convenablement. A Carrefour nous sommes très attentifs aux avantages sociaux que nous accordons. Il faut savoir investir dans les femmes et les hommes quand ils font bien leur métier, c’est un cercle vertueux qui entraîne les salariés et les clients.

Investir à contre-courant

La meilleure des prises de risque pour l’entreprise, c’est aussi de savoir investir à contre-courant: les groupes en crise que j’ai connus étaient tous en rétention d’investissement.

Et pour faire mieux accepter le capitalisme, il faut en maîtriser les excès: ceux imposés par la financiarisation et par un retour sur investissement souvent trop exigeant et surtout trop rapide. Il faut aussi lutter contre les excès de la concurrence qui relèvent de la prédation et du dumping. Nous devons retrouver le goût du moyen-long terme, de la proximité entre le capital et le travail, comme le capitalisme familial sait le faire. L’avenir de la France est dans la création de valeur qui peut être parfois destructrice comme l’a montré Schumpeter.

Par Georges Plassat, PDG de Carrefour

1 réaction 1 réaction

Centre de préférence
de vos alertes infos

Vos préférences ont bien été enregistrées.

Si vous souhaitez modifier vos centres d'intérêt, vous pouvez à tout moment cliquer sur le lien Notifications, présent en pied de toutes les pages du site.

Vous vous êtes inscrit pour recevoir l’actualité en direct, qu’est-ce qui vous intéresse?

Je souhaite TOUT savoir de l’actualité et je veux recevoir chaque alerte

Je souhaite recevoir uniquement les alertes infos parmi les thématiques suivantes :

Entreprise
Politique
Économie
Automobile
Monde
Je ne souhaite plus recevoir de notifications