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Le MoDem se déchire sur les municipales

DECRYPTAGE - A Marseille, le MoDem est tenté de rejoindre la liste socialiste en vue des municipales, contrairement à la volonté du patron du parti, François Bayrou. Une illustration des tensions au sein du parti, qui connaît des divisions stratégiques dans de nombreuses villes en France.

Gaël Vaillant , Mis à jour le

L'attelage UDI-MoDem connaît sa première épreuve. Alors que Jean-Louis Borloo a réussi à convaincre François Bayrou de passer dans l'opposition, plusieurs élus MoDem ont, ou sont en train, de conclure des alliances avec les socialistes au niveau local dans le cadre des municipales. Un partenariat avec la majorité présidentielle qui ne passe pas ni à l'UDI ni au sein d'une partie de la direction du MoDem.

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Le cas marseillais est le plus parlant, d'autant qu'il concerne des cadres du parti. Les anciens Verts Jean-Luc Bennahmias et Christophe Madrolle, respectivement vice-président et secrétaire général adjoint du MoDem, se sont associés en 2008 à la liste de gauche. Aujourd'hui, leur patron, François Bayrou qui se présente à Pau et bénéficie du soutien de l'UMP, souhaite que le duo soutienne Jean-Claude Gaudin, le maire UMP sortant de la cité phocéenne.

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"On ne peut appliquer une stratégie nationale à des situations locales"

Pendant un temps, le MoDem marseillais a souhaité s'associer avec le franc-tireur Pape Diouf, finalement "trop à gauche" pour les élus centristes. "Trois solutions se présentent désormais à nous", résume pour leJDD.fr Christophe Madrolle : "Soit on reste à la maison, soit on monte des listes autonomes dans 4-5 arrondissements, soit on passe un accord avec le candidat PS Patrick Mennucci." Egalement joint par leJDD.fr , le sociologue Jean Viard, nouveau porte-parole du camp socialiste, "pense que la dernière option va finir par se faire".

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"Nous n'allons pas prendre notre carte au PS", prévient toutefois Madrolle. D'un autre côté, l'élu prend aussi ses distances avec le coup de barre à droite qu'implique l'alliance avec l'UDI : "Je comprends la dure loi électorale qui nous pousse à faire des alliances, mais on ne peut pas appliquer une stratégie nationale à des situations locales." Le secrétaire général adjoint du MoDem n'est pas le seul à le penser. "Entre 120 et 150 élus MoDem ont ou vont passer un accord avec des candidats de gauche", assure au JDD.fr François-Xavier de Peretti, un élu MoDem qui présente toutefois une liste sans étiquette à Aix-en-Provence.

Réagissant pour leJDD.fr à ces déclarations, le secrétaire général du MoDem, Marc Fesneau, relativise, notant que cela "ne concerne qu'un nombre de villes très limité". Concernant le cas marseillais, "le MoDem a toujours été clair depuis le début", explique le responsable. "Nous ne pouvons cautionner le clientélisme du système socialiste dans les Bouches-du-Rhône. D'ailleurs, on parle de Christophe Madrolle et Jean-Luc Bennahmias, mais de nombreux adhérents MoDem ne sont pas d'accord pour rejoindre Patrick Mennucci."

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Une rencontre entre Hollande et des élus MoDem

A Grenoble, Philippe de Longevialle porte, lui, les couleurs du MoDem face à une liste UMP-UDI. "Au sein du parti, il nous avait été clairement dit qu'on avait le choix pour les municipales", explique-t-il au JDD.fr, après avoir assuré bénéficier du soutien des instances nationales. Cette situation est toutefois moins délicate qu'à Marseille, Philippe de Longevialle affrontant aussi bien la droite que la gauche. "L'électorat du centre a envie d'autonomie à Grenoble", ajoute-t-il.

De son côté, François Xavier de Peretti s'est associé à des personnalités de gauche ou des écologistes. "Pour moi, l'élection municipale n'est pas partisane", assure-t-il. Marc Fesneau ne s'oppose pas à ce choix : "A part Marseille, où nous avons opposé un refus catégorique, nous avons accepté dans bien des villes que les élus MoDem puissent continuer à travailler avec la même équipe que sous la mandature précédente."

Reste que, dans les Bouches-du-Rhône, le PS fait des appels du pied aux centristes. Preuve de ce rapprochement, quelques élus locaux du MoDem ont rencontré François Hollande à l'Elysée le 24 janvier, comme l'a révélé le site de L'Express . Officiellement, pour parler de la métropole Aix-Marseille. Mais, selon nos informations, la discussion, à laquelle ont participé Jean-Luc Bennahmais et François-Xavier de Peretti, a rapidement abordé le sujet des municipales.

Le test des européennes

Avec son choix stratégique de se rapprocher de l'UDI, le MoDem risque-t-il une scission? L'aile gauche du parti, portée par Jean-Luc Bennahmias, a-t-elle encore sa place dans la formation centriste? "Le centre a toujours été compliqué", élude Philippe de Longevialle qui souhaite "un centre indépendant" entre le PS et l'UMP. Pour Christophe Madrolle, "le vrai test de survie ou pas du MoDem sera au moment des européennes".

François Xavier de Peretti voit toutefois plus loin : "Il faudra attendre après les européennes. La majorité présidentielle, qui a de grandes chances d'être défaite, va-t-elle élargir son champ politique vers le centre, et donc vers le MoDem?" François Hollande a-t-il fait des propositions aux élus MoDem du Bouches-du-Rhône fin janvier? "On parle de Jean-Luc Bennhamias pour devenir n°3 de la liste PS pour les européennes", croit savoir Marc Fesneau. Dans ce cas, le divorce serait inéluctable. Mais il ne devrait pas concerner la majeure partie des troupes de la formation de François Bayrou.

Source: leJDD.fr

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