La décision, « très digne et courageuse », de François Hollande de ne pas briguer de second mandat, ne rebat pas les cartes de la primaire de la gauche, estime, dans un entretien au Journal du dimanche du 4 décembre, son ancien ministre de l’économie, Emmanuel Macron. Toujours selon le JDD, la candidature de Manuel Valls à la primaire devrait intervenir lundi, au plus tard mardi matin, avec l’officialisation de sa démission dans la foulée. « Ça va se faire vite », assure l’un de ses lieutenants.
Le fondateur du mouvement « En marche ! » réaffirme de son côté son intention de se présenter à la présidentielle de 2017 sans en passer par cette consultation. Alors que le premier secrétaire du Parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis, l’a appelé à participer à ce processus de désignation pour que la gauche lance un seul candidat dans la course à l’Elysée, M. Macron se montre très critique à l’égard de la démarche.
« Vont probablement s’opposer [lors de la primaire] un futur ex-premier ministre [Manuel Valls] et des ministres qu’il a exclus du gouvernement parce qu’ils ne partageaient pas sa vision. Et on veut nous faire croire que la primaire leur permettrait demain, si l’un d’entre eux devenait président de la République, de gouverner ensemble pendant cinq ans ? Soyons sérieux, cette primaire va juste scénariser un déchirement autour du bilan du quinquennat. »
« Quand on prétend présider aux destinées d’un pays, on n’est pas là pour s’enfermer dans des querelles de clans », explique-t-il. « La gauche est éliminée du second tour depuis dix-huit mois ! Il n’y en a pas un qui va au second tour ! Pas un ! Quand bien même cette primaire se passerait bien, le vainqueur n’y arriverait pas. Si Arnaud Montebourg sort de la primaire, vous pensez que Valls le soutiendra ? Si Manuel Valls gagne, pensez-vous que les soutiens d’Arnaud Montebourg ou de Benoît Hamon iront derrière lui ? », fait-il valoir.
« Compromis d’appareil »
L’ancien ministre de François Hollande fustige également la primaire de la droite et du centre, qui vient de sacrer François Fillon. « C’est un succès en trompe-l’œil », résume-t-il.
« Les progressistes de droite et du centre, tous ceux qui ont voté pour Nathalie Kosciusko-Morizet ou Alain Juppé, ne peuvent pas se retrouver dans le programme de François Fillon. François Fillon aura une majorité parlementaire hétérogène et aura du mal, tout comme François Hollande avec ses frondeurs, à mettre en œuvre son programme. »
« La primaire construit des compromis d’appareil mais ne permet pas d’installer une cohérence programmatique », conclut Emmanuel Macron.
L’ex-ministre de François Hollande critique par ailleurs fortement le programme de François Fillon. La droite « propose de faire les réformes économiques de la Grande-Bretagne des années 1980 et de revenir à la France d’avant Giscard d’un point de vue social », considère-t-il dans le JDD.
« Combats à visage découvert »
Interrogé enfin sur le président Hollande, il estime que celui-ci a été victime d’« un piège construit par l’appareil et jusqu’au sein du gouvernement », qui s’est refermé sur lui. N’a-t-il pas lui-même joué un rôle dans sa disqualification ? « Je n’ai jamais manqué de respect au président de la République. J’ai eu des désaccords stratégiques que j’ai toujours assumés ouvertement […]. J’aime les combats à visage découvert. Tout le contraire des tireurs couchés », commente-t-il. Puis il se tait quand on lui demande : « Le tireur couché, c’est Valls ? » L’ancien ministre de l’économie affirme enfin avoir déjà réuni « plusieurs centaines de parrainages » en vue de sa candidature.
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