Les revenus numériques du « FT » dépassent ceux du print
Le célèbre quotidien anglais a mis l'accent depuis plusieurs années sur le numérique.
Par Marina Alcaraz
Vieux de plus d'un siècle, le « Financial Times » est devenu pleinement un quotidien 2.0. Pour la première fois, les revenus du numérique (principalement abonnements et publicité) ont dépassé ceux du papier, relève « Le Guardian ».
Si le cap est symbolique, il est l'aboutissement d'un long chemin : le célèbre quotidien britannique a introduit les abonnements digitaux dès 2002. Une décennie plus tard, il avait davantage de lecteurs numériques que print. Aujourd'hui, le « FT » compte quelque 640.000 abonnements digitaux, soit les trois quarts de ses lecteurs payants (843.000). « Le "FT" est l'un des rares journaux qui a trouvé son modèle numérique, observe François Godard, du cabinet de recherche Enders Analysis. Il arrive à conquérir du nouveau public notamment via les newsletters - comme Free lunch - et sait très bien utiliser les réseaux sociaux, pour faire connaître la marque. Parallèlement, le "paywall" [plafond limitant l'accès à des articles, NDLR] est bien utilisé. » D'ailleurs, depuis 2014, les revenus liés au contenu (diffusion, organisation d'événements, etc.) excèdent ceux liés à la publicité.
Un cas à part
Un socle intéressant alors que la presse anglaise est dans la tourmente en termes de pub, sur fond d'un déclin de la diffusion papier. Le chiffre d'affaires de la publicité print pourrait perdre 15 à 20 % cette année. En outre, le journal saumon a aussi bénéficié de l'actualité récente : les abonnements ont bondi depuis le Brexit et depuis les élections américaines.
Le « FT », acquis il y a environ un an par le japonais Nikkei, espère continuer sur cette lancée. Le directeur du quotidien a ainsi indiqué à Bloomberg, il y a quelques jours, être en discussion pour racheter des sociétés qui lui permettraient d'accélérer ses abonnements numériques.
Avec sa forte prédominance numérique, le « FT » est-il un cas à part ? « Oui, répond François Godard. C'est quasiment du B to B, compte tenu de son orientation financière, et il n'a pas vraiment d'équivalent. Les entreprises sont plus ou moins obligées d'avoir le "FT" ! Mais je ne pense pas que l'évolution des revenus du "FT" puisse s'appliquer à beaucoup d'autres grands médias. L'impression de l'abondance de l'information gratuite sur Internet limite la croissance des modèles payants. »
Marina Alcaraz