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Droit de vote dès 16 ans: "Ils ne feraient pas moins bien que beaucoup d’adultes aujourd’hui"

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- - AFP

Le droit de vote à 16 ans? L’idée est en train de devenir un sujet de la campagne présidentielle. La mesure, déjà défendue par Jean-Luc Mélenchon, est soutenue par Thierry Solère, futur porte-parole de François Fillon. Michel Fize, sociologue spécialiste de la jeunesse et lui-même candidat, explique pourquoi il est nécessaire d’abaisser de deux ans l’âge du droit de vote.

Michel Fize, sociologue spécialiste de la jeunesse

"Cette proposition je la défends depuis plus de 20 ans. Je ne la confonds pas avec l’abaissement de l’âge de la majorité civile, qui dans le contexte actuel me semble devoir être maintenu à 18 ans. Pourquoi pouvoir voter à 16 ans? Parce que c’est déjà un seuil de droit important en France. A 16 ans, on est libéré de l’obligation scolaire. A 16 ans on peut officiellement signer un contrat de travail, adhérer à un syndicat professionnel, diriger une association, même s’il faut encore l’autorisation parentale. On peut accéder à un emploi d’avenir, ou faire un service civique volontaire. Ce n’est pas un âge farfelu, c’est un âge de pleines capacités. 

Ce n’est pas une proposition inconvenante. J’ai toujours en mémoire ce qu’il s’est passé en 2002. Lors du 2e tour entre Jacques Chirac et Jean-Marie Le Pen, on avait beaucoup entendu des jeunes de 16 ans regretter de ne pas pouvoir eux-mêmes participer au vote. Il faut construire une échelle de responsabilité, progressivement, qui va amener garçons et filles à la majorité civile à 18 ans. Je ne peux que me féliciter que les grands candidats du moment s’orientent vers une mesure qui me paraît tout à fait raisonnable.

"Les enfants ne savent pas comment votent les parents"

On entend aussi que ces jeunes voteraient soit contre leurs parents, soit pareil. C’est un argument tarte à la crème. Il n’a aucun sens, aujourd’hui encore le vote est une question taboue en famille. Bien souvent les enfants ne savent pas comment votent les parents. Et bien souvent, le père ne sait pas comment vote la mère et réciproquement. Comment peut-on influencer quelqu’un en ne connaissant pas la nature de son vote?

Il y a un autre argument avancé par les associations lycéennes par exemple, qui dit: "il y a un manque de connaissance, comment se déterminer?" On ne pourrait pas accorder ce droit de vote parce qu’on ne voterait pas en connaissance de cause. C’est pourquoi je propose d’introduire très vite dans les écoles un cours de philosophie politique, un cours sur les grandes idées politiques qui soit fait d’une manière très neutre, pour donner des éléments de nourriture et ensuite se déterminer.

Mais la connaissance des enjeux politique ne dépend pas de l’âge. On peut être adulte et ne pas voter en parfaite connaissance de cause. La présidentielle est une élection d’image, d’intuition, de sentiment, de charisme, ce sont des critères qui sont tout sauf politiques. Les jeunes de 16 ans ne feraient pas plus mal, ils ne feraient pas moins bien, que beaucoup d’adultes aujourd’hui".

Michel Fize, candidat à la présidence de la République

Sociologue reconnu, Michel Fize a décidé de se présenter à l’élection présidentielle. Dans ses propositions, on trouve la suppression… de la fonction de président de la république. Mais il est surtout engagé pour la cause animale: "On ne peut pas être pleinement humain si on n'est pas pleinement conscient qu’on ne peut pas accepter que des millions d’animaux soient sacrifiés pour les plaisirs de la table ou les loisirs"», explique Michel Fize, qui regrette mener "une campagne dans la plus totale invisibilité".

Propos recueillis par Antoine Maes