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Au Maroc, une start-up vend le « frigo du désert » sans électricité

Traversée d’une Afrique bientôt électrique (24). Créée par trois ingénieurs, Go Energyless a conçu Fresh’it, un réfrigérateur artisanal qui cible à la fois une clientèle rurale et les bobos urbains.

Par  (Marrakech, Ouarzazate, envoyé spécial)

Publié le 05 décembre 2016 à 17h25, modifié le 06 décembre 2016 à 16h55

Temps de Lecture 2 min.

Un « frigo du désert » version « designée » de Go Energyless.

Sous son voile chamarré, Raowia Lamhar cache une détermination d’acier. A 23 ans, cette jeune ingénieure, fraîchement diplômée de la faculté de sciences et techniques de Mohammedia, à 60 km au sud de Rabat, est une entrepreneuse déjà très prise. Avec ses deux associés – encore étudiants – elle fait le tour du Maroc pour faire connaître sa start-up, Go Energyless, et travaille à la commercialisation du Fresh’it. De prime abord, il s’agit d’un gros pot en argile. Il faut soulever une toile de jute pour découvrir un deuxième contenant plus petit, enchâssé dedans, en argile lui aussi. L’ensemble constitue un réfrigérateur rudimentaire, économique et écologique.

Ce jour-là, à Ouarzazate, il fait 24 °C à l’ombre et pourtant aucun fil électrique ne dépasse de l’installation. « Vous pouvez y mettre la main, vous verrez comme c’est frais, insiste Raowia Lamhar. Entre les deux contenants, du sable, qu’il faut mouiller une à deux fois par jour, selon l’humidité. En s’évaporant, l’eau fait baisser la température jusqu’à 6 °C ». Ce « frigo du désert » suffit pour conserver certains aliments au frais : jusqu’à 8 kg de fruits et légumes par exemple pendant une dizaine de jours. « Il faut compter un demi-litre d’eau par jour à Rabat ou à Casablanca, 750 ml dans des villes plus chaudes, comme ici », poursuit la jeune ingénieure.

Jusqu’à cinquante par mois

« Le déclic est né d’une rencontre avec un jeune diabétique qui n’avait pas de réfrigérateur pour conserver son insuline, raconte-t-elle. Il nous a confié qu’il enterrait son flacon dans le sable, qu’il recouvrait d’un textile mouillé. » Les trois compères se sont aussi inspirés d’une jarre traditionnelle en argile marocaine, la khabia, qui permet de rafraîchir l’eau.

Pour la fabrication de leur « frigo du désert », Go Energyless s’est donc adressée à deux artisans potiers de la région de Marrakech qui produisent jusqu’à 50 unités par mois. Depuis mars, deux versions du réfrigérateur en argile existent. Même contenance et même performance énergétique, seul le design varie. D’un côté, la version économique (220 dirhams, environ 20 euros), destinée avant tout aux clients des zones rurales, habitants des zones non raccordées à l’électricité. Sa distribution passe par des « référents locaux » qui peuvent accorder des facilités de paiement. De l’autre, un produit plus ouvragé pour une clientèle urbaine (500 dirhams, environ 45 euros), qui achète surtout via la page Facebook de la jeune pousse.

Raowia Lamhar met la main à l'ouvrage dans l'atelier de poterie de Marrakech où sont conçus les réfrigérateurs en argile.

Les ventes sont encore limitées : au total, l’entreprise écoule entre 20 et 50 Fresh’it par mois. Mais, pour faire face à une demande qui s’accroît – au point que la petite entreprise a été en rupture de stock plusieurs fois –, la production doit bientôt doubler dans les mois prochains.

Go Energyless peut continuer à se développer grâce à l’argent reçu en récompense à l’occasion de différents concours d’innovation, dont le dernier en date, le 7 novembre à Marrakech lors de la COP22. Enfin, parce que l’idée de départ de ces jeunes entrepreneurs était de permettre aux personnes aux revenus très modestes ou sans accès à l’électricité de pouvoir conserver aliments et médicaments, la marge qu’ils font sur les ventes de modèles « de luxe » leur donne la possibilité de tirer le prix du modèle économique vers le bas.

A l’occasion de la COP22 qui se déroule à Marrakech du 7 au 18 novembre, Le Monde Afrique a réalisé la série Traversée d’une Afrique bientôt électrique en allant voir, du Kenya au Maroc, en passant par le Burkina, la Côte d’Ivoire, le Cameroun ou le Sénégal, l’effort d’électrification du continent.

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