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Allemagne : Angela Merkel réélue présidente de la CDU avec 89,5 % des voix

La chancelière était la seule candidate à sa propre succession pour un neuvième mandat à la présidence de l’Union chrétienne-démocrate (CDU).

Par  (Berlin, correspondant)

Publié le 06 décembre 2016 à 16h16, modifié le 06 décembre 2016 à 20h58

Temps de Lecture 5 min.

La CDU a réélu Angela Merkel à sa tête pour conduire la campagne électorale de 2017, le 6 décembre 2016.

C’était le seul véritable enjeu du 29e congrès de l’Union chrétienne démocrate (CDU), qui se tient à Essen (Rhénanie-du-Nord-Westphalie) jusqu’à mercredi 7 décembre : avec quel score Angela Merkel allait-elle être réélue à la tête du parti qu’elle préside depuis 2000 ? La réponse est tombée peu après 16 heures, mardi 6 décembre : avec 89,5 % des voix.

A première vue, cela ressemble à un triomphe. La réalité est un peu plus contrastée : en seize ans, Mme Merkel n’a obtenu qu’une seule fois un score inférieur à celui d’aujourd’hui : c’était en 2004, lors du congrès de Düsseldorf (88,4 %). On était en tout cas loin, mardi, de la quasi-unanimité qui avait marqué le congrès de Hanovre, en 2012 : à l’époque, la chancelière avait été réélue présidente de la CDU avec 97,9 % des voix. Un sacre annonciateur de l’écrasante victoire enregistrée par les conservateurs aux législatives de 2013 : 41,5 % des voix, du jamais vu depuis le début des années 1990.

Huit mois avant les législatives de septembre 2017, à l’occasion desquelles Mme Merkel briguera un quatrième mandat de chancelière, ce score résume au fond assez bien la position qui est la sienne à l’intérieur de sa propre famille politique : même si son autorité n’y est plus aussi incontestée qu’il y a trois ou quatre ans, même si sa gestion de la crise des réfugiés a suscité des doutes et des critiques parmi ses troupes, Mme Merkel sait qu’elle peut compter sur le large soutien de son camp pour affronter « une élection qui sera plus difficile que toutes celles qui l’ont précédée », comme elle l’a encore répété, mardi en fin de matinée, au millier de délégués de son parti réunis dans la grande halle du parc des expositions d’Essen, là même où elle était devenue présidente du parti, en 2000.

De ce discours un peu longuet – une heure et vingt minutes au total – mais salué par plus de dix minutes de standing ovation, que retenir ? Sur le fond, rien de fondamentalement neuf. Tout ce qu’a dit Mme Merkel ce mardi, elle l’avait déjà dit à différentes occasions au cours des derniers mois. Il lui fallait néanmoins insister sur certains points, afin de montrer qu’elle avait entendu certaines critiques.

« Le droit allemand prévaut sur la charia »

Cela concernait au premier chef sa politique à l’égard des réfugiés, le point le plus sensible. C’est par là qu’elle a commencé son discours, en promettant qu’elle ne permettrait pas un nouvel afflux massif de migrants tel que celui qu’a connu l’Allemagne en 2015, avec près de 900 000 arrivées, une promesse très applaudie par les délégués. « Une situation comme celle de l’été 2015 ne peut et ne doit pas se répéter », a-t-elle déclaré, insistant sur la nécessité d’une plus grande fermeté en matière en matière d’expulsions des demandeurs d’asile déboutés.

Pas question cependant de céder à la principale revendication de l’aile droite de sa majorité, notamment de l’Union chrétienne sociale (CSU), l’alliée bavaroise de la CDU : la fixation d’un « plafond » limitant à 200 000 le nombre de demandeurs d’asile susceptibles d’être accueillis chaque année en Allemagne.

Dans le même ordre d’idées, Mme Merkel s’est montrée très claire dans la défense des valeurs de l’Allemagne et de l’Europe, affirmant que « le droit allemand prévaut sur la charia » et assurant vouloir interdire le voile intégral « là où c’est juridiquement possible ». Ce passage de son discours a été particulièrement applaudi, même si là encore il ne va pas aussi loin que ce que réclame l’aile droite du camp conservateur, favorable à une loi générale contre le voile intégral. Et même si, là aussi, il ne constitue pas une véritable surprise : en août, le ministre de l’intérieur, Thomas de Maizière (CDU), avait déjà affirmé qu’il déposerait un projet en ce sens pour interdire les tenues islamiques masquant le visage dans l’administration, les écoles, les universités ou devant les tribunaux.

Sur le plan de la politique économique, Mme Merkel était également attendue. Ces dernières semaines, plusieurs responsables de la CDU avaient réclamé des engagements précis sur la fiscalité. C’est ce qu’elle a fait, en promettant que, si elle était réélue en 2017, il n’y aurait ni augmentations de taxes pour les PME, ni hausse de l’impôt sur la succession, ni impôt sur la fortune. Au passage, la chancelière a dit vouloir agir pour que les grands groupes internationaux n’échappent pas à leurs obligations fiscales, affirmant que « certains ne comprennent pas que les gens qui payent chaque année honnêtement leurs impôts se détournent du système politique lorsque les grandes entreprises ne respectent pas leurs obligations ».

« Personne, pas même quelqu’un muni d’une grande expérience, ne peut seul améliorer les choses en Allemagne, en Europe, dans le monde », a déclaré la chancelière allemande

Fière de son bilan, rappelant notamment que « le chômage a diminué de moitié » depuis son accession au pouvoir, en 2005, Mme Merkel n’a certes pas dit grand-chose, sur le fond, du projet qu’elle entend proposer aux Allemands pour les quatre années qui viennent. Elle a néanmoins esquissé ce qui serait la ligne directrice de sa campagne pour les législatives : la promesse de la stabilité.

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« 2016 n’a pas apporté plus de calme et de stabilité. Au contraire. Nous sommes confrontés à un monde, en particulier depuis l’élection américaine, qui a besoin de se réorganiser, par rapport à l’OTAN et à la relation avec la Russie », a-t-elle rappelé. « Personne, pas même quelqu’un muni d’une grande expérience, ne peut seul améliorer les choses en Allemagne, en Europe, dans le monde, et certainement pas le chancelier de l’Allemagne », a-t-elle ajouté.

Malgré cette précaution oratoire, le message était clair : dans ce monde incertain, où plusieurs de ses homologues sont sur le point de quitter le pouvoir, qu’il s’agisse de Barack Obama aux Etats-Unis, de François Hollande en France ou de Matteo Renzi en Italie, Mme Merkel sera bientôt la seule, parmi les principaux dirigeants de la planète, à avoir une telle longévité.

Pour elle, tout l’enjeu est là, et c’était encore le sens de son discours prononcé mardi : convaincre ceux qui voient dans cette longévité un pouvoir en bout de course – ce que ne cesse de répéter le parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne, crédité de plus de 10 % des intentions de vote aux législatives – qu’il s’agit au contraire d’un atout pour l’Allemagne. Il lui reste dix mois pour cela.

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