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« Montrez ce que Ianoukovitch et Poutine font à notre peuple ! »

Des combattants tués sur la place gisent enveloppés dans des couvertures dans la poste centrale de Kiev. A proximité, les habitants se mobilisent pour opérer les blessés.

Par  (Jérusalem, correspondant)

Publié le 20 février 2014 à 15h03, modifié le 20 février 2014 à 16h27

Temps de Lecture 2 min.

Des combattants tués à Kiev, le 20 février.

Devant la poste centrale de Kiev, non loin des toilettes de fortune dégageant une odeur asphyxiante, huit corps ont été posés à même le sol. Huit des 35 victimes – selon le décompte provisoire du ministère de la santé – dans les rangs des combattants de Maïdan, après l'offensive improvisée de ce matin. Plus de 290 personnes ont été hospitalisées. Pour quelques centaines de mètres repris, le prix à payer donne le tournis.

Les corps sont enroulés dans des couvertures. Un papier dérisoire repose sur leur torse, retenu par un caillou, un gros éclat de l'un des milliers de pavés arrachés aux trottoirs. La feuille énonce l'identité et la date de naissance des victimes. « Montrez ce que Ianoukovitch et Poutine font à notre peuple ! », crie une femme, avant de tourner les talons. Deux prêtres prient pour les  martyrs. « Gloire aux héros », murmure un combattant, tandis qu'un autre décide de découvrir les morts. Tués quelques heures plus tôt, leur pâleur est glaçante et le sang séché.

« J'ESPÈRE QUE MA FEMME EST FIÈRE DE MOI »

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Andriy Malkiv sanglote, le visage noirci. Ce combattant de 27 ans est originaire de Lviv, dans l'Ouest frondeur. Son oncle, Andriy Begdalovitch, 42 ans, est l'une des victimes à nos pieds. Il avait deux filles. Les deux hommes étaient en première ligne, de bon matin, parmi des centaines d'autres. « On a avancé de façon spontanée quand les Berkout ont commencé à reculer, dit le survivant. On voulait reconquérir une partie de notre territoire et saisir le palais d'Octobre, pour pouvoir y loger les nôtres. »

Lire les reportages de notre envoyé spécial : Les policiers, « prises de guerre  » à Maïdan

L'oncle a été visé par un sniper. Un tir précis. La balle a évité le bouclier de fortune, est entrée trois centimètres au-dessus de son gilet pare-balles, puis est ressortie dans son dos en traversant ce même gilet. « Il est tombé la main sur le cœur en disant : “J'ai mal” », murmure Andriy. Dans la vie normale, le jeune homme est vigile dans un supermarché de Lviv. Il s'agit de son cinquième séjour dans la capitale pour défendre Maïdan, au sein des groupes d'autodéfense. « J'espère que ma femme est fière de moi », dit-il quand on l'interroge sur sa famille.

OPÉRÉS SUR DES TABLES DE BUREAU

Le nombre important de victimes et de blessés, après les affrontements de la matinée, a déclenché une nouvelle mobilisation générale dans les services médicaux. Le lieu de soin le plus avancé est le bâtiment de la poste centrale. Les corps des morts ont été pour certains amenés à l'hôtel Ukraine, sur les hauteurs de Maïdan, d'autres ici.

« Ils ont été tués par balle, touchés au cou, à la poitrine ou à la tête », raconte Arseni, chirurgien volontaire de 27 ans, originaire de Lviv, qui s'affaire dans le bâtiment. Ici, on pratique toutes les interventions d'urgence et les premiers soins, sur des tables de bureau, avant d'évacuer les blessés vers les hôpitaux. Des volontaires ont amené des cartons d'eau minérale et des sacs de médicaments. La solidarité est à la hauteur du sacrifice tragique consenti par les combattants les plus résolus.

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