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Présidentielle 2017
Le fait du jour

Primaire à gauche : Vincent Peillon, le scud anti-Valls

Dans l’esprit de plusieurs personnalités de gauche, Manuel Valls incarne l'ennemi, davantage encore que... François Fillon.Tout est bon, pour l’abattre. Premier exocet à cet effet: la candidature inattendue de Vincent Peillon.

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Vincent Peillon, une arme anti-Valls ?

Vincent Peillon, une arme anti-Valls ?

JACQUES DEMARTHON / A.F.P.

Que partagent en commun la maire de Lille Martine Aubry, le commissaire européen Pierre Moscovici, la ministre de la Santé et des Affaires Sociales Marisol Touraine, l'ex-Garde des Sceaux Christiane Taubira, ou encore le maire de Paris, Anne Hidalgo? Si l'on se réfère à l'histoire récente du Parti Socialiste, peu de choses puisque ces différentes personnalités ne partagent pas les mêmes sensibilités, ont toutes appartenu à des "courants" différents et concurrents, se sont dispersées depuis bien longtemps dans les différentes écuries présidentielles, cette maladie sénile de la politique française.

Mais voilà qu'aujourd'hui, sans même avoir besoin de se parler, de s'organiser, de comploter selon la tradition socialiste, Aubry, Moscovici, Touraine, Taubira, Hidalgo et tant d'autres partagent désormais un objectif commun: exploser Manuel Valls! Éviter, quel qu'en soit le prix, que l'ex-Premier ministre triomphe à la primaire! Empêcher qu'il soit le candidat des socialistes à la prochaine élection présidentielle, dans quelques mois! Tout est bon, oui tout est bon, pour abattre Manuel Valls. Puisque Arnaud Montebourg, trop "sauteur" dans leur esprit, n'incarne pas une solution crédible, alors il est nécessaire de créer de toute pièce une alternative la moins ridicule possible, la plus efficace possible. D'où le surgissement pour le moins inattendu d'une candidature de Vincent Peillon. Il ne s'agit là que d'un premier exocet.

Que reprochent-ils à Valls, ces comploteurs de circonstance? Tout, et d'abord, avant même d'accéder au ministère de l'Intérieur puis à Matignon, de ne plus appartenir à la gauche, d'incarner l'autoritarisme obtus en politique, de prôner (à peine en douce) une politique économique et sociale d'inspiration néolibérale, de défendre une conception "laïcarde" de la laïcité, d'être une provocation ambulante envers les intellectuels, cette composante essentielle des gauches. Bref, dans leur esprit, aussi incroyable que cela puisse paraître à bien des observateurs, Manuel Valls incarne l'ennemi, davantage encore que... François Fillon... "Il a été le premier ministre le plus à droite dans l'histoire de la 5ème république", assure un dignitaire socialiste qui n'a pourtant rien d'un gauchiste. C'est dire à quel point la haine, à gauche, est vive. A en perdre la mesure. A en perdre la raison. 

Peillon, le candidat du « tout sauf Valls »?

Le déchaînement anti-Valls ne se réduit pas à une défiance politique, à des antagonismes idéologiques, par définition respectables. Il en va aussi de la psychologie, de l'inimitié personnelle. Et de la trahison. Car tous ceux qui mitonnent cette opération Peillon, parmi eux des "Hollandais" comme des anti-"Hollandais", tous ceux qui sont appelés à les rejoindre sont au moins d'accord sur un point: Manuel Valls a "trahi" le président de la République ; Manuel Valls a organisé, planifié son empêchement ; Manuel Valls lui a tordu le bras pour finir par l'étrangler. Un comportement, une méthode, qui, additionnés aux désaccords de fond, interdit selon eux, tout compromis politique ou personnel. Il faut entendre la virulence envers Valls, de François Rebsamen, le maire de Dijon, un proche de Hollande certes, mais avant tout un dignitaire, un grand élu PS, puissant et influent dans un parti peu ou prou moribond. Si un personnage de l'acabit de Rebsamen ne soutient pas Valls, alors ça devient mission quasi impossible pour l'ex-chef du gouvernement. 

Dans ce contexte mortifère, l'apparition de Vincent Peillon peut en effet apparaître surréaliste. L'ex-ministre de l'Education, après un incontestable échec rue de Grenelle, s'est retiré en Suisse - enseignant la philosophie à Neuchâtel et écrivant des romans policiers. Son dernier lien avec la politique "active"? Un mandat de député européen, sans qu'il brille particulièrement à Bruxelles et à Strasbourg. Peillon avait d'ailleurs expliqué ce retrait dans Le Monde. La lassitude... "J'ai fait 22 ans de congrès et de bureaux nationaux du PS, d'élections, de campagnes, de petites phrases. Ce n'est plus mon envie ni mon agenda". Alors, comment expliquer ce retournement, au moins intrépide? Parce qu'il ne prend pas Montebourg au sérieux. Parce qu'il exècre la dérive droitière de Valls et ne veut pas cautionner son ultra-républicanisme. Parce qu'un retour sur le devant de la scène n'est pas fait non plus pour déplaire à Vincent Peillon. 

Dans quelques jours, les sondages nous diront si ce coup de force est seulement sérieux...

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