La mythique Géode de la Villette pourrait être privatisée
¤ Le président d'Universcience souhaite lancer un appel à projets pour repenser la Géode. ¤ L'équipement créé en 1985 est soumis à une concurrence croissante.
Par Martine Robert
La Géode, filiale à 50 % d'Universcience (Cité des sciences et Palais de la découverte) et à 16 % de la Caisse des Dépôts, pourrait bientôt franchir une étape sur la voie de la privatisation. Bruno Maquart, président d'Universcience, compte lancer un appel à projets pour trouver un nouvel exploitant : des entreprises de la téléphonie, de l'événementiel, de la culture ou du divertissement pourraient être sur les rangs pour devenir concessionnaire de cette sphère qui, dès 1985, abritait le premier cinéma à écran géant de France.
300.000 entrées par an
Actuellement exploitée par une société d'économie mixte soucieuse de promouvoir la culture scientifique et technique, la Géode ne perçoit pas un centime de subvention et verse même 1 million d'euros de loyer par an à sa maison mère. Pourtant, elle doit affronter une concurrence croissante : multiplication de salles Imax, de jeux vidéo sophistiqués, de superproductions cinématographiques telles Gravity ou Avatar aux budgets colossaux...
De 1 million de spectateurs à sa création, lafréquentation de la Géode est peu à peu tombée à 490.000 en 2005, quand est arrivé son directeur actuel, Laurent Dondey. Cet ancien d'Universal est parvenu à faire remonter le nombre d'entrées à 570.000, mais, depuis, la crise, les attentats, les difficultés d'accès, le vieillissement des équipements, les ont fait chuter à 300.000.
Même si, avec 12 collaborateurs, la Géode génère un chiffre d'affaires non négligeable de 3 millions d'euros, Universcience veut repenser le projet. L'ex-présidente, Claudie Haigneré, avait lancé un premier appel d'offres insuffisamment attractif auquel les patrons de Free, Orange, GL Events, Culturespaces, MK2, Compagnie des Alpes n'avaient pas donné suite. Alors que la Cité des sciences vient de se doter d'un centre commercial avec multiplexe et salles Imax - ce qui paraît pour le moins étonnant -, la Géode doit impérativement innover avec une offre de type « full dome » plus immersive et interactive (2 millions d'euros) et se rénover (de 2 à 3 millions de travaux). Bref, il faut lui injecter des moyens.
Un partenariat public-privé permettant la constitution d'un consortium (comme la Seine Musicale sur l'île Seguin avec Sodexo, TF1, Bouygues) motiverait davantage les candidatures, de même qu'un loyer allégé. Il y a urgence : la SEM devait cesser ses activités fin décembre, avant d'être reconduite pour un an. Un paradoxe au moment où la Géode grâce à sa programmation de VR (réalité virtuelle) se libère enfin du monopole Imax pour collaborer avec de multiples industriels, tels Sony, Orange, HTC-Vive...
Martine Robert