Alimentation : une ferme digitale pour éduquer les consommateurs

En cours de construction en Italie, un potager hydroponique permettra à chaque visiteur de semer une graine et puis d'en suivre le développement sur son smartphone. L'expérience vise à faire prendre conscience du processus de production alimentaire afin de stimuler une consommation plus responsable.
Giulietta Gamberini
A la ferme, un itinéraire immersif montrera aux visiteurs le processus de maturation végétale étape par étape.

Devenir soi-même producteur d'aliments bio, et éprouver les émotions générées par la transformation d'une vraie graine en bourgeon, puis en plante et en fruit... sans pour autant mettre les mains dans la terre. L'expérience sera possible dès l'année prochaine à Bologne, dans le parc éducatif de 80.000 mètres carrés dédié à l'alimentation qui doit voir le jour dans la ville italienne sous le nom de Fico Eataly World. Au milieu des potagers, vergers, élevages et laboratoires de transformation démonstratifs du savoir-faire alimentaire de la péninsule, un pavillon circulaire, crée par l'architecte-ingénieur et professeur au Massachusetts Institute of Technology (MIT) Carlo Ratti, représentera "la zone du futur": il contiendra une ferme "numérique" gérée de manière collaborative par les consommateurs.

Les notions de "local" et "anti-gaspillage" poussées à l'extrême

Une fois entrés dans ce potager hydroponique, les visiteurs pourront semer les graines de leur choix, puis les suivre tout au long d'un tapis roulant dans le cadre d'un itinéraire immersif qui leur montrera étape par étape le processus de maturation. "Avancer à travers le pavillon sera comme avancer dans le temps", explique Carlo Ratti dans le communiqué de presse de présentation du projet.

Mais le prototype vise également à explorer l'un des modèles disruptifs possibles du supermarché bio et urbain du futur, où les notions de "local" et "anti-gaspillage" seraient poussées à l'extrême. Chaque graine sera en effet associée au profil de celui ou de celle l'ayant semée qui, grâce à des capteurs surveillant les conditions biologiques de la plante et à une application dédiée, pourra en suivre l'évolution à distance sur son smartphone. Ces informations pourront même être partagées sur les réseaux sociaux et, une fois mûre, la plante pourra être "récoltée" par son "producteur" au pavillon.

Un échange des rôles entre consommateur et producteur

Le projet se veut notamment comme la continuation idéale du Future Food District, présenté par Carlo Ratti à l'Expo de Milan en 2015. Là, il s'agissait déjà de "raconter l'origine et les propriété des produits en vente, rendus capables de communiquer de manière immédiate et interactive leurs caractéristiques nutritionnelles et leur histoire, en stimulant ainsi une consommation plus réfléchie". Ici, "l'idée est désormais d'encourager une relation plus directe entre consommateurs, produits et producteurs: éventuellement aussi par un échange des rôles", précise l'architecte-ingénieu, interrogé par La Tribune, se disant "convaincu que l'information et la connaissance peuvent changer les comportements des gens".

"Les nouvelles technologies permettant de récolter, organiser et transmettre un grand nombre de données en temps réel constituent une grande opportunité pour reconnecter les citoyens à l'environnement naturel et à la chaîne alimentaire", souligne l'Italien, qui confie "aimer beaucoup les dynamiques rapprochant ville et campagne".

Un projet surtout éducatif

Si, en raison de "coûts très limités, équivalents à ceux d'une serre hydroponique traditionnelle, il ne serait pas impossible d'imaginer un modèle économique fondé exclusivement sur la consommation", l'objectif de toutes ces explorations est donc explicitement et surtout éducatif.

"Je doute que l'agriculture urbaine puisse un jour satisfaire une demande alimentaire à grande échelle. Mais je crois fermement dans cette tendance, comme dans l'agriculture collaborative, en tant que moyens de retrouver un contact avec la nature, et d'améliorer notre connaissance des processus de production alimentaire, tout en illustrant l'importance de chaque contribution individuelle", ajoute-t-il.

C'est d'ailleurs pour cette raison que cette ferme numérique et collaborative trouve toute sa place dans le parc en construction à Bologne, qui sera cogéré avec Eataly (chaîne de distribution durable créée en 2004 à Turin et désormais présente dans sept pays) et Coop (ancienne coopérative italienne active dans le même secteur). "Avec Fico Eataly World, nous voulons améliorer la culture alimentaire et nutritionnelle. Des enfants et des familles du monde entier viendront ici pour comprendre l'énorme héritage italien", déclare le fondateur d'Eataly Oscar Farinetti. De la graine à la fourchette.

>Lire: L'Expo de Milan ferme ses portes, Bologne veut prendre le relais

Giulietta Gamberini

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Commentaire 1
à écrit le 06/12/2016 à 8:37
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C'est une très bonne idée parce que s'il y a quelque chose de particulièrement valorisant apportant une satisfaction personnelle énorme c'est de voir pousser ce que l'on a semé, ça donne irrémédiablement envie de continuer à s'en occuper.

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