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Pollution

Pollution : Tokyo, un exemple pour Paris

L’Ile-de-France poursuit ce mercredi une semaine de dépassement des niveaux d’alerte à la pollution par les particules fines. En cause, le chauffage urbain et le trafic automobile. Un problème que Tokyo a résolu en 2003 en interdisant les véhicules les plus polluants.

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circulation auto à Tokyo.

Circulation auto à Tokyo.

TORU YAMANAKA / AFP

ECHEC. La circulation alternée : pour cette fois, c'est raté. Mardi 6 décembre, le trafic automobile n'avait diminué que de 8%. Trop peu pour que Airparif puisse enregistrer une amélioration significative de la qualité de l'air. D'ailleurs, le même jour, la Préfecture de Police comptabilisait 100 km d’embouteillages en plus que pour une journée de semaine normale. Jeudi 1er décembre entre 8h et midi, les taux de concentration de particules fines dans l’air parisien ont atteint le niveau record de 259 microgrammes par m3 (µg/m3). En moyenne, toute la semaine les concentrations sont restées largement au-dessus des 100 µg/m3 sauf pendant les quelques heures de vent enregistrées lors du week-end. L’épisode de pollution se poursuit et la circulation alternée a été imposée mardi et mercredi. En théorie, seuls les véhicules à l’immatriculation paire ou impaire peuvent circuler. Airparif rappelle qu’en mars 2014, la mise en place de la circulation alternée avait conduit à une baisse moyenne de trafic de 18% à Paris et 13% en petite couronne. Les émissions de particules avaient baissé de 6%, celles d’oxydes d’azote de 10%. La situation anticyclonique couvrant toute l’Europe, de très nombreuses villes connaissent également des teneurs en polluants très élevées, ainsi que le rapporte Airparif. Vendredi, par anticipation, la circulation sera également alternée à Lyon et Villeurbanne. 

POLÉMIQUE. Cet épisode se déroule sur fond de polémiques politiques. Notamment concernant l’étiquette Crit’Air qui, à partir du 16 janvier, sera obligatoire sur le pare-brise des voitures roulant dans Paris. En classant les véhicules selon leur âge, leur motorisation et leur degré de pollution, Crit’Air interdit à tous les véhicules fabriqués avant 1997 de rouler dans la capitale. Cela représente 50.000 voitures parisiennes et 420.000 franciliennes. La mesure permet ainsi de s’attaquer à la pollution quotidienne et pas seulement aux pics qui sont produits par les conditions météorologiques.

A Tokyo, des amendes de 4000 euros !

Cette mesure est-elle efficace ? L’exemple de Tokyo est particulièrement éclairant. Depuis 2003, toute la région de la capitale nippone a mis en place une réglementation bien plus stricte que ce qui est envisagé aujourd’hui pour Paris. Dans un premier temps, les camions, camionnettes et bus ont dû se plier aux normes les plus sévères en matière d’émissions de particules, les propriétaires n’ayant d’autre choix que de moderniser l’échappement de leur véhicule ou de les laisser au garage. Pour vérifier que la réglementation était bien appliquée, des caméras ont relevé les plaques d’immatriculation tandis que des agents procédaient à des contrôles inopinés. En cas d’infraction, l’amende était fixée à 500 000 yens (près de 4000 euros) et le nom du contrevenant pouvait être publié dans la presse. Les véhicules particuliers sont depuis 2010 progressivement concernés par ces règles drastiques. En voici le résultat : les émissions de particules fines ont diminué de plus de 50% en moins de dix ans.

Dix ans d'action sur les émissions des véhicules à Tokyo. L'élimination des véhicules les plus vieux a permis de réduire la responsabilité de ce secteur. Mécaniquement, les autres causes de pollution de l'air voient leur part augmenter. © S. Sermondadaz pour Sciences et Avenir

Une telle politique est-elle possible à Paris ? Depuis le 1er juillet 2016, les bus et camions les plus polluants et les véhicules particuliers mis en circulation avant 1997 sont en théorie interdits de circulation dans la capitale. Mais en réalité, les contrôles sont peu fréquents et la stratégie de la municipalité est plutôt de faire preuve de pédagogie. L’étiquette Crit’Air est un nouveau pas vers une réduction drastique des émissions de particules fines par les véhicules qui seront désormais plus facilement identifiables. Mais Anne Hidalgo s’est donnée jusqu’en 2020 pour éradiquer complètement le diesel du territoire de sa commune. Près de 20 ans après Tokyo.

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