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Des perturbateurs endocriniens chez presque toutes les femmes enceintes

Une vaste enquête révèle que toutes les femmes enceintes (ou presque) ont été exposées aux perturbateurs endocriniens. Leur risque sur la santé fait encore débat.

Par Les Echos

Publié le 11 déc. 2016 à 13:02

Ils sont partout et cette fois, ce « ils » n’est pas la cible d’une théorie complotiste. Eux, ce sont « le bisphénol A, les phtalates, les pyréthrinoïdes (famille d’insecticides), les dioxines, les furanes, les PCB, les retardateurs de flamme et les composés perfluorés ». En bref, des perturbateurs endocriniens, des molécules qui interfèrent avec le système hormonal et qui se retrouvent actuellement au cœur d’une bataille européenne pour déterminer leur risque sur la santé.

La dernière étude en date de Santé publique France, l’ancienne Agence nationale de santé (ANS), publiée ce mercredi, révèle que des traces de perturbateurs endocriniens ont été retrouvées chez quasiment toutes les femmes enceintes testées. Une enquête menée sur plus de 4.000 Françaises (la première de cette ampleur dans l’Hexagone), ayant accouché en 2011, a en effet révélé la présent de divers polluants organiques dans leurs urines.

Les dangers de l’effet cocktail

Ces résultats « ne sont pas une surprise » car « tout le monde est exposé » au quotidien, via l’alimentation et les produits d’hygiène notamment, explique à l’AFP Clémence Fillol, responsable de l’unité biosurveillance à la direction santé environnement de Santé publique France. « On peut dire que les femmes ont été exposées, mais ça ne veut pas forcément dire qu’il y aura des effets sur la santé », souligne l’épidémiologiste.

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« Il y a tellement de substances présentes, pour lesquelles, pour beaucoup, il est probable qu’il y a un effet, que ça ne serait pas prudent de considérer que ce n’est pas préoccupant pour la santé humaine », observe pour sa part Rémy Slama, directeur de recherche à l’Inserm. Lui prédit un « fardeau sanitaire non négligeable » à l’avenir.

C’est d’ailleurs tout l’enjeu autour de ces substances : la difficulté à prouver l’effet néfaste avec les modèles actuels car, selon certaines études, elles peuvent se révéler nocives à des doses très faibles. Leur toxicité pourrait de surcroît être exacerbée par leur interaction avec d’autres perturbateurs endocriniens ( l’« effet cocktail »). De son côté, l’Autorité européenne pour la sécurité des aliments (Efsa) n’évalue les risques que substance par substance sans jamais les additionner.

Comment définir les perturbateurs endocriniens

La Commission européenne a proposé en juin une définition du perturbateur endocrinien. Serait alors considéré comme tel toute substance ayant des effets indésirables sur la santé et sur le système hormonal, et dont le lien entre les deux est prouvé.Cette proposition, qui doit servir à encadrer l’utilisation de ces substances « requiert un niveau de preuve » élevé qui rendra « très difficile » de les reconnaître comme perturbateurs endocriniens, ont dénoncé près de cent scientifiques la semaine dernière, critiquant les « intérêts industriels » qui « déforment délibérément des preuves scientifiques » pour empêcher une réglementation.

Le principe de précaution

On peut toujours considérer que pris séparément, il n’y a pas de risque pour la santé, mais pour l’association Générations Futures cette réponse n’est absolument pas satisfaisante ». Elle réclame une « évaluation stricte et poussée de l’effet cocktail » et de l’impact d’une exposition « tout au long de la vie » ou à des moments clés comme pendant la grossesse.

En janvier 2015, l’agence européenne avait estimé que l’exposition au bisphénol A « aux niveaux actuels » ne présentait « pas de risque pour la santé ». En avril dernier, elle a toutefois annoncé la mise en place d’un groupe d’experts pour tenir compte d’études récentes pointant les risques de cette substance pour les foetus et les enfants. Au nom du principe de précaution, l’Europe, le Canada et 11 Etats américains ont d’ailleurs interdit l’utilisation du bisphénol A dans les biberons. La France l’a également interdit dans les emballages alimentaires et les jouets, ainsi que les phtalates dans certains matériels médicaux à destination des femmes enceintes.

Réagissant à cette étude, la ministre de la Santé, Marisol Touraine, a réaffirmé sa détermination à « limiter l’exposition à ces substances, en particulier pour les populations les plus vulnérables ». Mais pour Sandrine Gras, porte-parole de l’association de consommateurs Générations Cobayes, « on ne peut pas dissocier l’environnement et la santé. Pour l’association, il apparaît alors « contradictoire d’un côté d’autoriser la diffusion » de produits comme les pesticides et « de l’autre de dire qu’on va limiter l’exposition de la population ». Débat à suivre.

Source AFP

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