Ça se passe en Europe : Gibraltar voudrait un "accord différencié" avec l'Union européenne
La colonie britannique craint les conséquences du Brexit et souhaite éviter une sortie complète de l'Europe.
Par Cécile Thibaud
C'est ce qu'a expliqué le ministre principal de Gibraltar, Fabian Picardo lors d'une interview à la BBC abondamment reprise dans les médias espagnols ce dimanche. Inquiet des résultats du vote britannique, le représentant du Rocher tente de trouver la formule pour affirmer le rattachement à l'union Européenne tout en revendiquant une appartenance au Royaume-Uni.
Picardo rappelle qu'en juin dernier les habitants de Gibraltar se sont prononcés "très clairement", à 96%, en faveur d'une permanence dans l'UE. Car la colonie dépend étroitement, au jour le jour, des bonnes relations avec ses voisins andalous. Elle tient à conserver l'accès au marché unique comme elle tient à la libre circulation, alors que "10 000 personnes en provenance d'Espagne vont et viennent chaque jour, rappelle Picardo.
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Marquer la différence sans jouer la séparation
Toute la difficulté pour lui est de marquer la différence sans jouer la séparation et il plaide pour que l'accord entre Londres et l'Union Européenne "ne soit pas un accord binaire", mais plutôt "un accord différencié pour les différents secteurs de l'industrie et pour les différentes parties du Royaume Uni", "un accord à multiples facettes", dit-il, où Gibraltar puisse trouver sa place sans être asphyxié commercialement.
Le mois dernier, il s'était déjà prononcé en faveur d'un deuxième vote pour mieux définir les termes du Brexit et chercher une formule non traumatique. Il sait qu'il en effet intérêt à éviter les frictions avec Londres. Car tout geste d'éloignement risque de réveiller les ardeurs territoriales de ceux qui, comme l'ex ministre espagnol des affaires étrangères José Manuel Garcia Margallo, à Madrid, n'attendent que cela pour relancer le projet d'une souveraineté partagée entre l'Espagne et le Royaume-Uni. Ce serait selon eux le premier pas vers une restitution de Gibraltar, pour en finir avec plus de 300 ans de présence britannique dans la péninsule ibérique.