Présidentielle 2017 : Fillon amende fortement son projet sur la santé
+ VIDEOS. Le candidat de la droite pour la présidentielle 2017 promet que l'assurance-maladie « continuera de couvrir les soins comme aujourd’hui». Il veut que les soins dentaires et optiques soient mieux remboursés.
Par Isabelle Ficek
Halte au feu ! L’incendie déclenché par les propos de François Fillon lors du dernier débat de la primaire à droite sur les remboursements de soins n’en finissait pas de s’étendre. Ses proches s’escrimaient à l’éteindre, en pilonnant les « caricatures » et en promettant des « clarifications ». Sans succès. Le candidat s’est résolu à intervenir dans une tribune publiée ce lundi soir sur Lefigaro.fr, jurant que l'assurance-maladie « continuera de couvrir les soins comme aujourd’hui. »
Déjà, au lendemain de sa victoire à la primaire de la droite, il avait tenté de rassurer, martelant, sur France 2, vouloir « sauver la Sécurité sociale ». Cela n’a pas suffi. La gauche, mais aussi le FN ou encore les syndicats ont redoublé de critiques sur une « privatisation » de la Sécurité sociale. Plus embêtant, dans son propre camp, la répartition entre « petits risques » et « gros risques » pour les remboursements, était, au mieux, poliment repoussée. Mais qualifiée sous le manteau, à l’instar de ce poids lourd du parti, « d’énorme connerie ». Le malaise de son porte-parole Jérôme Chartier, ce lundi sur France Inter, hésitant sur le remboursement d’un rhume – « ça dépend quel rhume » a-t-il lâché – a fini de montrer l’urgence de la « clarification ».
Vidéo : Fillon amende fortement son projet sur la santé
Opération de déminage
Dans « Le Figaro », il renvoie la gauche à son bilan. Il plante le diagnostic d’un « système de soins menacé » et dont la situation « s’est dégradée » avec l’actuel gouvernement. François Fillon martèle que son « objectif est de sauver notre système de santé ». Il réaffirme le principe d’ « universalité » de l’assurance-maladie « obligatoire, universelle, pilier de la solidarité » et qui doit « rester le pivot dans le parcours de soins ». Il promet donc qu’elle « continuera » non seulement à « couvrir les soins comme aujourd’hui », mais même à mieux rembourser certains, comme les soins optiques et dentaires. Sans jamais nommer la distinction entre les risques graves et plus légers, il tranche : « Il n’est donc pas question de toucher à l’Assurance-maladie et encore moins de la privatiser. » Une opération de déminage qui ressemble à une retraite.
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En revanche, François Fillon ne revient pas sur la création d’une agence de régulation et de contrôle, chargée d’améliorer la gestion du système. De même, il prône toujours l’abandon de la généralisation du tiers payant. S’agissant des franchises, il promet certes toujours leur simplification, mais n’évoque plus leur modulation en fonction des revenus du patient. Enfin, François Fillon souligne à nouveau qu’il faut « assurer l’équilibre financier » et donc « réformer » pour « sauver le système ». Mais il assure que ces réformes « se feront dans la concertation avec tous les acteurs ». Bref, le projet est renvoyé à la discussion.
EN VIDEO. Sécurité Sociale : Fillon fait le bon diagnostic mais applique le mauvais remède
Un exercice délicat
François Fillon rappelle aussi et surtout que sa « priorité », son « urgence » est la « bataille pour l’emploi et la croissance » et que c’est sur ce terrain qu’il concentrera ses efforts en début de quinquennat s'il est élu. Une tentative pour tourner la page de la polémique sur la santé.
L’exercice est délicat pour celui qui doit rassembler sur son projet mais a fait de sa « constance » et de sa « radicalité » sa colonne vertébrale. Il attendait également « plus de 20 milliards d’euros » de réduction des dépenses de santé via son projet, un élément clef de son plan d’économies de 100 milliards. Se pose désormais la question du coût d’un meilleur remboursement des soins optiques et dentaires. Et au détriment de quoi.
Pas sûr, donc, que cette « clarification » que François Fillon doit enjoindre les députés LR ce mardi à défendre haut et fort tout en étant « offensifs contre les caricatures », suffise, tant la petite musique sur la privatisation à gauche comme au FN a facilement pris. Elle risque par ailleurs de semer le doute sur d’autres mesures du projet controversés – la retraite à 65 ans et la fin des régimes spéciaux, la suppression de 500.000 emplois publics – quand l’une des questions les plus fréquentes des électeurs de la primaire était : « Qui nous dit que cette fois, vous le ferez vraiment ? »
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