Syrie : «massacres», «exécutions sommaires», les témoignages glaçants venus d'Alep

Les témoignages sur les atrocités commises par les troupes de Bachar al-Assad à Alep se multiplient alors que la ville syrienne est sur le point de tomber aux mains du régime.

Alep, le 12 décembre. Des civils syriens fuient des quartiers visés par les opérations militaires de Bachar al-Assad.
Alep, le 12 décembre. Des civils syriens fuient des quartiers visés par les opérations militaires de Bachar al-Assad. AFP/Stringer

    Les récits sont glaçants. Alors qu'Alep tombe aux mains du régime de Bachar al-Assad après quatre semaines de violentes offensives, les habitants de la ville syrienne font état de massacres et d'exécution de sang-froid.

    « Alep est dans une situation d'urgence absolue : environ 100 000 personnes sont encore piégées sur un territoire de 5 km carrés », a indiqué la présidente de Médecins du Monde (MDM), la Dr Françoise Sivignon. Elle a été reçue lundi par François Hollande, aux côtés de responsables de Médecins sans frontières (MSF) et de l'Union des organisations de secours et soins médicaux France (UOSSM). Face à ce « drame humanitaire », « l'essentiel aujourd'hui c'est que ceux qui sont vivants sortent de cet enfer», a ajouté le Dr Sivignon, implorant « l'évacuation de tous les civils sans discrimination d'âge, de sexe... ».

    Preuve de l'intensité et l'effroi que suscitent les combats, plus de 10 000 civils supplémentaires ont fui les zones rebelles ces dernières 24 heures pour rejoindre des secteurs gouvernementaux, portant à 130 000 le nombre des habitants ayant fui l'offensive, selon les chiffres de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Au moins 82 civils, dont 11 femmes et 13 enfants, ont été tués lors des dernières 48 heures par les forces du régime, selon l'ONU. L'Unicef indiquait en début d'après-midi que plus de 100 enfants non-accompagnés étaient dans un immeuble au milieu des bombardements.

    De son côté, la France a demandé une «réunion immédiate» du Conseil de sécurité de l'ONU sur la situation à Alep qui est «la pire tragédie humanitaire du 21ème siècle», a indiqué mardi l'ambassadeur français François Delattre. «Nous devons tout faire mettre fin à l'effusion de sang, pour évacuer la population en toute sécurité et aider ceux qui en ont besoin», a-t-il ajouté devant des journalistes. La réunion doit se tenir à 18 heures.

    « J'attends d'être tué ou capturé »


    Sur les réseaux sociaux, les messages de futurs adieux se multiplient. « J'attends d'être tué ou capturé par le régime d'Assad... Priez pour moi et ne nous oubliez pas », publiait sur Facebook le photographe Ameen al-Halabi. Bana, une fillette de 7 ans qui raconte son quotidien sur Twitter, écrit ce mardi matin : « C'est mon dernier moment pour vivre ou mourir ».




    Profitant d'une accalmie des bombardements, un enseignant d'Alep a posté un message via Periscope où il explique que les troupes du régime se trouvent probablement à 2 kilomètres de lui et qu'il s'agit de ses « derniers jours ».

    «Ils tuent tout ce qui bouge»


    Sur France Inter, ce mardi matin, Raphaël Pitti évoque le meurtre d'une trentaine d'enfants près d'un cimetière. « Ils (ndlr : les soldats du régime) tuent tout ce qui bouge, tout ce qui essaie de se déplacer», ajoute-t-il.

    Un médecin ayant réussi à fuir la ville raconte les agissements de l'armée de Bachar al-Assad sur Europe 1 : « Ils rassemblent les gens en pleine rue, ils rassemblent les familles dans les halls d'immeubles et puis ils les tuent. (...) Quand les gens se cachent dans leur maison ou dans leur cave, ils détruisent les bâtiments pour qu'ils s'effondrent sur eux ».



    Une journaliste indépendante sur place décrit certains se demandant s'ils ne devraient pas tuer leur femme et leurs enfants pour leur donner une mort « plus douce » plutôt que d'être massacrés.


    Sur la BBC, un médecin de la Croix-Rouge qui connaît bien Alep décrit une ville désormais en ruine : « C'est une mer de décombres. Je ne pouvais pas reconnaître les rues. Une ville fantôme de béton écrasé. Une fin du monde. » Le médecin ajoute dans sa description les corps qu'il découvre dans chaque lieu où il se rend.