FRIGO. Les ours vont-ils finir par ne plus du tout hiberner ? Selon une étude publiée en novembre 2016 dans la revue Journal of Zoology, cette idée est loin d'être farfelue. En effet, d'après les résultats d'une équipe de chercheurs slovènes, la durée d'hibernation des ours bruns (Ursus arctos) a diminué de 45 % chez les femelles et de 56 % chez les mâles en Slovénie. Les résultats, basés sur l'étude de 17 ours munis d'un collier GPS afin de suivre l'entrée et la sortie des abris, révèle que 61 % des animaux étudiés quittent en moyenne deux fois leur tanière durant l'hiver. Ce phénomène est loin d'être sans conséquence : il augmente la probabilité pour les ours de faire la rencontre d'autres espèces (y compris l'homme) quand ces dernières sont normalement à l'abri des attaques du prédateur. Ainsi, c'est tout l'écosystème qui peut se retrouver perturbé par la présence des ours.
Les ours n'ont plus vraiment de raison d'entrer en hibernation
Les ours sont des hibernants facultatifs : ils vont choisir ce processus de conservation d'énergie seulement si les températures sont devenues trop basses à leur goût et que la nourriture se raréfie. Mais dans de nombreux pays d'Europe, les aliments manquent rarement dans la nature. Non pas parce-que des pots de miel apparaissent spontanément, mais car la présence de nourriture en continu provient (entre autres choses) d'épis de maïs déposés volontairement par les hommes. Ce phénomène, très courant en Slovénie, est pratiqué toute l'année. Les chercheurs ont découvert qu'en hiver, la consommation de la nourriture "artificielle" par les ours augmentait de 61 %. Avec des températures en hausse et des victuailles à foison, les ours bruns n'ont plus de raison d'entrer en hibernation. Pour cette raison, les chercheurs recommandent de ne plus pratiquer le nourrissage de ces animaux, ou tout du moins pas durant la période hivernale. Outre le bouleversement de l'écosystème, les épis de maïs peuvent se révéler être des pièges pour les ursidés. Ils sont utilisés comme appâts pour satisfaire la curiosité des touristes ou pour faciliter la tâche aux chasseurs.