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Forêts

La forêt boréale de Dvinsky pourrait avoir disparu dans 10 ans

La forêt de Dvinsky fait partie des forêts du Grand Nord, un écosystème forestier unique qui s'étend de l'Aslaska à la Russie, en passant par le Canada et la Scandinavie. Habitée par des hiboux grands-ducs, des gloutons, des ours bruns et bien d’autres plantes et animaux rares, cette forêt est l’une des dernières forêts intactes de la Russie occidentale.

 

Les paysages de forêts intacts (Intact Forest Landscapes ou « IFL ») en Russie constituent de très importants espaces préservés des installations humaines, des infrastructures et des activités économiques. Ils sont un paradis pour les espèces sauvages.

Un paysage de forêts intactes (Intact Forest Landscape ou « IFL ») correspond à un vaste territoire non fragmenté de forêts primaires, d’une superficie supérieure à 500 km² et très peu perturbé par les activités économiques humaines (exploitation forestière industrielle, infrastructures, etc.). La forêt y demeure assez grande pour maintenir en son sein une grande biodiversité.

La Russie compte aujourd’hui un grand nombre de forêts primaires. Mais elles sont aujourd’hui menacés par les activités commerciales des exploitants forestiers.

Le cas Dvinsky

En 2001, Greenpeace lançait une campagne sur l’exploitation forestière en Russie, dans l’optique notamment de sauvegarder la forêt de Dvinsky. Résultat : plusieurs accords entre les ONG mobilisées et les entreprises forestières en activité sur la zone ont permis de mettre en place un moratoire d’une quinzaine d’années sur les activités en cours dans cet écosystème précieux. Arrêt provisoire des dégâts, donc. En 2011, les autorités régionales ont même inclus des parties de la forêt de Dvinsky sur une liste des futures zones forestières protégées.

La forêt de Dvinsky a perdu une grande partie de sa surface depuis les années 2000.

Hélas, 5 ans plus tard, la forêt de Dvinsky n’est toujours pas officiellement protégée. Les entreprises forestières et les lobbyistes industriels essaient désormais de se retirer de cet accord : ils exercent ainsi une pression constante sur des gouvernements locaux et régionaux aujourd’hui incapables de leur tenir tête. Tant et si bien qu’Arkhangelsk Pulp & Paper Mill, ICE Titan, Solombales et Region-Les LLC, les principales entreprises présentes sur le terrain, recommencent à ruiner impunément la forêt de Dvinsky.

Dvinsky pourrait disparaître d’ici à dix ans

Une route bordant une coupe rase à l’intérieur de la forêt de Dvinsky, sur la concession de l’entreprise Solombales (13 juin 2012).

Une route bordant une coupe rase à l’intérieur de la forêt de Dvinsky, sur la concession de l’entreprise Solombales (13 juin 2012)

Les entreprises forestières présentes dans la région de l’Arkhangelsk emploient une méthode particulièrement destructrice, qui mène à l’impasse :  elles coupent les arbres puis passent à une autre forêt sans reboiser l’équivalent de ce qu’elles ont pu récolter. Cette méthode est naturellement une catastrophe écologique : n’ayant plus de forêts à exploiter à moyen terme, les entreprises forestières s’enfoncent toujours plus loin dans les zones abritant des forêts primaires.

Malheureusement, en Russie, les lois forestières en vigueur ne protègent pas correctement l’environnement et autorisent toujours une exploitation non durable des ressources naturelles. Sans réforme significative de la part du gouvernement, la forêt de Dvinsky aura disparu d’ici à dix ans. Elle est un exemple majeur des efforts à fournir pour sauvegarder la forêt boréale. Les autorités politiques doivent donc agir vite.

Destruction certifiée de la forêt

Dans la région d’Arkhangelsk, les systèmes de certification forestière ne protègent pas les forêts : ils ne font que faciliter l’accès des entreprises forestières aux marchés mondiaux du bois.

Une abatteuse en activité dans une zone encore intacte de la forêt de Dvinsky (13 septembre 2016)

Par exemple, il est clair qu’en l’état actuel, le label FSC ne garantit pas que le bois vendu sur les marchés européens ne vienne pas de forêts comme celle de Dvinsky. Or de nombreuses entreprises forestières sont actuellement certifiées par ce label ou vont le devenir. Ce qui leur permet de prétendre que le bois qu’elles utilisent et vendent sous forme de produits transformés est contrôlé, alors qu’il a en réalité été prélevé dans des forêts primaires.

La région d’Arkhangelsk est une région encore riche en forêts primaires, et les membres internationaux du FSC se sont mis d’accord, en 2014, sur la nécessité d’en protéger la majeure partie. C’est notamment l’objet de la motion 65 du FSC, qui semble hélas compromise pour le moment.

Un autre système de certification forestière est en pleine croissance dans la région : le Programme de reconnaissance des certifications forestières (PEFC). C’est à cet autre système que l’entreprise Solombales, par exemple, aimerait avoir recours. Détail gênant : géré par les professionnels du secteur, dont les intérêts sont d’abord commerciaux, il protège encore moins les forêts que le FSC.

Il est urgent de protéger la forêt de Dvinsky

Une gestion forestière plus exigeante en Russie pourrait contribuer à la protection des forêts primaires du pays.

Les entreprises forestières, les consommateurs de bois et les autorités régionales ont tous un rôle à jouer pour assurer la survie et la croissance de la forêt de Dvinsky.

Greenpeace appelle ceux qui exploitent la forêt de Dvinsky à cesser d’envahir les forêts primaires et demande aux autorités régionales mettre leur plan d’aménagement au service de la protection de ces zones sensibles. De même, les exigences du label FSC doivent immédiatement être revues à la hausse s’il ne veut pas devenir contre-productif.

 

 

Nous ne pouvons pas nous permettre d’abandonner la forêt boréale à des appétits commerciaux aveugles et débridés. Nous n’avons pas les moyens de nous passer des bienfaits écologiques de cet écosystème forestier unique, essentiel à la protection de la biodiversité et à la lutte contre les changements climatiques.