Sciences

Quand le cerveau surinterpréte la douleur jusqu'à en souffrir

Devant les images de gestes qui leur sont douloureux, le cerveau des personnes atteintes du syndrome douloureux régional complexe s'active comme s'ils étaient réellement blessés.

<a href="https://www.flickr.com/photos/90958025@N03/8384110298/">Représentation d'un cerveau humain</a> | A Health Blog via Flickr CC <a href="https://creativecommons.org/licenses/by/2.0/">License by</a>
Représentation d'un cerveau humain | A Health Blog via Flickr CC License by

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur The Journal of Pain, Université Aalto

«La douleur, ce n'est qu'une information», expliquait le Terminator à John Connor dans le deuxième épisode de la franchise. Une vérité particulièrement pénible pour les personnes atteintes du syndrome douloureux régional complexe (SDRC), qui rapportent des douleurs intenses et handicapantes longtemps après un traumatisme bénin.

Selon une étude en passe d'être publiée dans The Journal of Pain, il semblerait que c'est parce que leur cerveau traite anormalement les signaux de la douleur –l'information nociceptive– et «croit» à tort avoir mal. Un travail qui pourrait non seulement aider ces malades, mais accroître un peu plus nos connaissances sur la neurophysiologie de la douleur et les moyens de l'atténuer.

«Le SDRC est une maladie très complexe, avec des douleurs chroniques accablantes, explique Jaakko Hotta, l'auteur principal de l'étude. Sa pathophysiologie est mal comprise et nous manquons de biomarqueurs fiables. Notre découverte pourrait contribuer au développement de stratégies diagnostiques et thérapeutiques pour les patients atteints de SDRC.»

Activité anormale

La douleur est le premier signal d'alarme de l'organisme. Lorsque nous avons mal, c'est parce que des récepteurs spécialisés à divers endroits de notre corps –les récepteurs nociceptifs– envoient des signaux dans différentes zones du cerveau afin de déclencher des mécanismes de défense adéquats –retirer la main du feu, secréter des endorphines (nos antalgiques internes), etc.

Pendant l'expérience, les participants devaient regarder les vidéos de gestes anodins pour les individus sains, mais douloureux pour les malades –comme quelqu'un serrant très fort une balle de caoutchouc dans sa main. Il en ressort que lorsqu'ils voient ces images, les malades témoignent d'une activité neuronale anormale dans les zones du cerveau gérant le traitement de l'information nociceptive et le contrôle moteur –situées dans le cortex sensorimoteur primaire.

En observant par IRM fonctionnelle de haut-champ les cerveaux de treize patients atteints de SDRC, comparés à ceux du même nombre d'individus sains, les six chercheurs des universités d'Aalto et de Helsinki, en Finlande, concluent à une activité similaire à celle se manifestant lors d'une véritable blessure. En résumé, que le cerveau des malades a littéralement mal pour rien.

Reste maintenant à savoir comment le recâbler pour que ces blessures virtuelles cessent de se transformer en douleurs réelles.

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