Les compteurs Linky jugés aussi inoffensifs qu’une télé

Illustration. Les compteurs Linky ne seraient pas aussi nocifs que certains usagers pouvaient le craindre. 
Illustration. Les compteurs Linky ne seraient pas aussi nocifs que certains usagers pouvaient le craindre.  LP/C.N.

    On les appelle « intelligents » car ils permettent de connaître à distance et en direct la consommation de chaque abonné. Mais les compteurs d'électricité, de gaz et d'eau de nouvelle génération, actuellement déployés en masse dans les foyers français, sont-ils dangereux pour notre santé ? A cette question, posée de façon récurrente par les associations écologistes, l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) vient d'apporter une réponse sans ambiguité.

    Dans un avis rendu ce jeudi matin, que nous vous dévoilons en avant-première, les experts de l'Anses estiment « faiblement probable » que l'exposition aux champs électromagnétiques émis par ces compteurs communicants « engendre des effets sanitaires à court ou long terme ».

    Concernant les boîtiers électriques Linky, qui équipent désormais trois millions de foyers dans un millier de villes, l'Anses juge, au regard des études indépendantes réalisées à ce jour, que le risque pour la santé des habitants est minime. « Les niveaux d'exposition au champ électromagnétique produit par le compteur sont très inférieurs aux valeurs limites d'exposition réglementaires », écrit l'agence sanitaire. « Les compteurs Linky sont à l'origine d'une exposition comparable à celle d'autres équipements électriques déjà utilisés dans nos maisons depuis de nombreuses années, comme la télévision, le chargeur d'ordinateur portable ou la table de cuisson à induction », détaille Olivier Merckel, responsable de l'Unité d'évaluation des risques physiques à l'Anses.

    Même constat pour les compteurs du gaz et d'eau

    Quant à l'exposition aux ondes émises par les nouveaux compteurs de gaz (baptisés gazpar) et d'eau, là encore l'Anses estime le risque « très faible ». « Compte tenu de la faible puissance d'émission et du nombre réduit de communications (moins d'une seconde deux à six fois par jour), l'exposition due à ces compteurs est bien plus faible que celle due à un téléphone mobile », détaille Olivier Merckel. Pas de quoi rassurer pour autant les militants anti-ondes alors qu'EDF prévoit de remplacer 90 % des anciens compteurs dans 35 millions de foyers d'ici à 2021. « 302 communes ont déjà signé une délibération s'opposant à l'installation de Linky dans leur ville », certifie Stéphane Lhomme, conseiller municipal à Saint-Macaire (Gironde) et créateur du site Refus.linky.gazpar.free.fr.

    Une levée de boucliers justifiée selon ce militant écologiste par la crainte des habitants d'être cernés d'ondes. « Quand ces boîtiers seront déployés, ce n'est pas un mais trois compteurs d'eau, de gaz et d'électricité par foyer qui seront installés, soit 45 boitiers pour un immeuble de quinze logements, comptabilise Stéphane Lhomme. L'Organisation mondiale de la santé met déjà en doute l'inocuité d'une exposition faible mais prolongée aux ondes. Alors imaginez quand nous serons soumis à une exposition nuit et jour, sept jours sur sept. » Pour en avoir le coeur net, l'Anses a commandé une campagne de mesures « réelles » au centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB) dont les résultats sont attendus d'ici quelques semaines.

    Ces mesures permettront de comparer l'exposition d'habitants équipés d'anciens compteurs électriques à celle d'habitants dotés de nouveaux compteurs Linky. La justice, elle, a déjà décidé d'adopter le principe de précaution. Le tribunal de grande instance de Grenoble a autorisé la semaine dernière une femme diagnostiquée électro hyper-sensible à retirer le compteur d'eau connecté de nouvelle génération installé en 2012 dans son appartement. Elle pourra le remplacer par un compteur d'ancienne génération. Pour échapper aux ondes de son boîtier « intelligent », la plaignante avait pris l'habitude de se réfugier… dans sa cave.