Quatorze morts et 56 blessés, dont 6 graves. C'est le bilan non définitif annoncé par l'armée après l'explosion d'une voiture piégée ce samedi matin à Kayseri, dans le centre de la Turquie, a rapporté l'agence turque Dogan. Le ministre de l'Intérieur, Suleyman Soylu, fait pour sa part état de 56 blessés, alors que l'attentat a visé un bus qui transportait des soldats.

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"Tous les éléments désignent pour le moment le PKK", le parti des travailleurs du Kurdistan, a affirmé le vice-Premier ministre turc Numan Kurtulmus, ce samedi sur la chaîne de télévision NTV. Avant d'ajouter "envisager toutes les possibilités, mais pour l'instant les éléments pointent vers le PKK".

Les soldats, des non gradés et des sous-officiers, avaient obtenu la permission de quitter des bâtiments de commandement militaire pour la journée, explique l'armée dans un communiqué. Les blessés ont été immédiatement pris en charge à l'hôpital, mais il pourrait y avoir des blessés civils, ajoute-t-elle.

Sept suspects arrêtés

Suleyman Soylu a ajouté que l'enquête avait déjà permis l'arrestation de sept personnes. Cinq autres sont toujours recherchées. "Les attentats terroristes visent, en plus de nos policiers et de nos militaires, nos 79 millions de concitoyens", a affirmé le président Recep Tayyip Erdogan, dans une déclaration écrite envoyée aux médias.

Sans mentionner spécifiquement l'attaque de Kayseri, il a affirmé que la Turquie était sous le coup d'attaques d'organisations terroristes, "en particulier" du PKK. Celui-ci est classé "organisation terroriste" par la Turquie, les Etats-Unis et l'Union européenne. "Nous combattrons sans relâche ces organisations terroristes, dans un esprit de mobilisation nationale", a ajouté Erdogan.

Les locaux du HDP saccagés

L'explosion s'est produite une semaine après l'attentat qui a fait 44 morts à Istanbul, revendiqué par un groupe armé kurde. Un attentat auquel "ressemble malheureusement" celui de Kayseri selon le vice-Premier ministre Veysi Kaynak.

A la suite de cet attentat, les locaux du Parti démocratique des peuples (HDP, prokurde) à Kayseri ont été saccagés par des dizaines de manifestants qui ont retiré le panneau HDP de l'entrée de l'immeuble et déployé à son sommet le drapeau rouge aux trois croissants des nationalistes turcs du MHP. Kayseri, l'une des principales villes du centre du pays, est un centre industriel habituellement paisible.

Les violences ont continué dans la nuit de samedi à dimanche et le HDP a affirmé dimanche que 20 de ses bureaux à travers le pays avaient été attaqués, et plusieurs d'entre eux pillés, complètement détruits ou incendiés, par des nationalistes turcs. A Istanbul, un de ses bureaux a été attaqué avec des bombes assourdissantes, tandis qu'une centaine de balles ont été tirées sur un autre. Les autorités turques ont arrêté neufs personnes dimanche après ces saccages.

Attentats en série

La Turquie a subi depuis l'été 2015, avec la reprise du conflit kurde et les combats en Syrie voisine, une vague d'attentats attribués au groupe Etat islamique (EI) ou au PKK et ses émanations. En juin, 47 personnes ont été tuées dans un triple attentat-suicide à l'aéroport international Atatürk d'Istanbul, une attaque attribuée à l'EI. Dans le sud-est de la Turquie, à Gaziantep, 57 personnes ont été tuées en août lors d'un attentat-suicide au cours d'un mariage kurde, attribué à l'EI.

Le 10 octobre 2015, 103 personnes avaient été tuées dans un double attentat-suicide devant la gare principale d'Ankara lors d'un rassemblement prokurde. Cet attentat, le plus meurtrier jamais commis en Turquie, a été attribué à l'EI.

Le double attentat du 11 décembre à Istanbul visait des policiers près du stade de football de l'équipe de Besiktas. Il a été revendiqué par les Faucons de la liberté du Kurdistan (TAK), un groupe radical kurde lié au Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK). Le président Erdogan a juré après cet attentat qu'Ankara lutterait "jusqu'au bout contre cette malédiction qu'est le terrorisme".

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