Comment le sommeil aide à traiter les expériences traumatisantes

Publié le par Alexandra Bresson

Dormir dans les 24 heures après une expérience traumatisante serait le moyen le plus rapide et efficace pour diminuer la détresse émotionnelle des personnes concernées. Car le sommeil permettrait de traiter les souvenirs pénibles pour que ces derniers ne deviennent pas récurrents. 

Le sommeil est l'un des facteurs indispensables pour que le cerveau puisse fonctionner normalement. Des chercheurs du département de psychologie de l'université de Zurich ont voulu savoir s'il pouvait également aider à traiter le stress et les traumatismes dans les 24 heures suivantes ou si, à l'inverse, il intensifie les réactions émotionnelles et les souvenirs d'un événement marquant.

 

Une question qui a son importance pour le traitement des troubles liés au traumatisme, comme le syndrome de stress post-traumatique. Les personnes qui en souffrent éprouvent des souvenirs très pénibles ou des flashbacks où ils revivent leur traumatisme encore une fois. Pour le savoir, les chercheurs ont montré à 65 femmes une vidéo avec des images traumatisantes.

Un premier groupe a eu l'autorisation de dormir la nuit suivante et leur sommeil a été enregistré via un électroencéphalographe, tandis qu'un deuxième groupe est resté éveillé. Après l'expérience, les sujets ont été invités à noter en détail dans un cahier les souvenirs des images du film qui les hantaient.

La nature de l'expérience ressemble de près à ce que vivent les patients souffrant de stress post-traumatique, mais dans le cas de celle-ci, les mauvais souvenirs disparaissent de façon fiable après plusieurs jours. 

 

 

Une stratégique naturelle de prévention précoce

"Nos résultats révèlent que les personnes qui ont dormi après le film avaient de moins en moins de soucis émotionnels récurrents par rapport à ceux qui sont restés éveillés", explique Birgit Kleim, première auteur de l'étude. "Cela supporte l'hypothèse que le sommeil peut avoir un effet protecteur à la suite d'expériences traumatisantes."

Ce dernier y contribue de deux manières : d'une part il permet "d'affaiblir" les émotions liées à la mémoire, comme la peur causée par des expériences traumatisantes, d'autre part il permet de contextualiser les souvenirs, de les traiter de manière informative et de les stocker. 

Les auteurs précisent que cette découverte peut s'avérer essentielle, puisque les recommandations sur le traitement de personnes traumatisées dans la phase précoce sont rares. Ces dernières sont en effet prises en charge sur le long terme, avec notamment des séances de psychothérapies.

"Notre approche offre une alternative non invasive importante aux tentatives actuelles d'effacer les souvenirs traumatisants ou de les traiter avec des médicaments. L'utilisation du sommeil pourrait s'avérer être une stratégie appropriée et naturelle de prévention précoce", conclut Birgit Kleim.