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Quotidien

Pour Noël, adoptez votre sapin... et il vivra l’an prochain

Depuis 2012, l’entreprise Treezmas propose un service de location de sapin en pot. Ce qui permet de donner aux arbres une seconde vie après les fêtes (ils sont replantés ou recyclés) et de diminuer le gaspillage.

Ne plus considérer le sapin comme un simple objet de consommation, mais comme un être vivant à part entière. C’est de cette volonté qu’a émergé le concept de Treezmas, fondé en 2012 par quatre jeunes entrepreneurs. Leur but : proposer « une solution alternative de consommation » au moment des fêtes de Noël. Le principe ? Il s’affiche en grandes lettres sur la page d’accueil du site : « Adoptez un sapin : choisissez, on vous livre, profitez, on s’occupe de sa seconde vie. »

L’entreprise, qui ne vend que des sapins en pots (pour préserver et conserver les racines de l’arbre), propose à ses clients de récupérer les sapins vendus, les fêtes passées, pour que leur vie ne s’arrête pas après leur passage dans les salons. Si de plus en plus de villes mettent en place des points de collecte de sapins pour que ceux-ci soient recyclés – 141 rien que pour Paris –, Treezmas, va encore plus loin.. En effet, l’entreprise propose, selon l’état de santé des sapins, soit de les recycler (en compost vert ou en paillage) soit de les replanter chez des pépiniéristes partenaires. Le temps de reprendre des forces — trois ans environ — et les sapins pourront à nouveau être achetés. Le but : « associer le côté pratique et digital à un acte responsable vis-à-vis du vivant », dit Stéphane D’Halluin, chargé du service développement durable chez Botanic, quatrième réseau de jardinerie naturelle et biologique, qui a racheté la start-up en octobre dernier.

L’année dernière, plus de mille sapins ont été commandés via la plateforme de Treezmas. Une goutte d’eau dans les 6 millions de sapins achetés en moyenne chaque année en France (dont 5 millions de sapins naturels). Mais le concept a le vent en poupe. « On a été victime de notre succès et on a connu des ruptures de stock assez rapidement, indique, enthousiaste, Hanen Jamaï, responsable du marketing numérique chez Botanic, qui s’étonne encore presque de l’engouement qu’a connu le concept. Entre 2012 et 2015, les ventes ont été multipliées par quatre ! »

« C’est dramatique de voir un sapin qui a poussé pendant des années se retrouver mort sur un trottoir »

Mais sur les millions de sapins achetés chaque année, seulement 10 % le sont en pot. La majorité sont coupés (présentés plantés dans une demi-bûche de bois) et ne peuvent donc pas être replantés ensuite. « Avant, j’achetais tout le temps des sapins coupés [sans les racines] et je ne m’étais jamais posé la question de ce qu’il se passait après. En y réfléchissant, je me suis dit que c’était dramatique de voir un sapin, qui a poussé pendant des années, se retrouver mort sur un trottoir », admet Louise, trentenaire vivant dans le XVIIe arrondissement de Paris, séduite par le concept « intelligent, généreux et responsable » du service d’adoption de sapins. « Ce qui me plaît, poursuit-elle, c’est d’adopter un sapin encore vivant et qui va continuer à vivre après. C’est bien de pousser la réflexion dans des choses qui peuvent paraître anodines. Faire attention à ce qu’on mange, c’est bien, mais il faut faire attention à ce qu’on consomme aussi, de manière plus générale. »

L’aspect pratique de la livraison, même s’il est « accessoire », a également joué : « Je n’ai pas de voiture, j’habite au quatrième étage et j’ai pu me faire livrer à 21 h. » Depuis quelques jours, c’est donc Léon, 7 ans, qui trône au milieu de son salon, un des sapins proposés par Treezmas, tels que, également, Arthur, Camille ou Victor. « Donner des noms aux sapins et indiquer leur âge, c’est une façon amusante de responsabiliser les gens par rapport à leur adoption », explique Stéphane D’Halluin.

Le sapin Léon, 7 ans et toujours vaillant.

Dans cette même fibre, un carnet de soin est fourni avec le sapin adopté, car, pour que le sapin puisse être replanté, « cela nécessite beaucoup d’entretien, insiste Hanen Jamaï. Si les sapins restent trop près d’une source de chaleur, ils sont irrécupérables. C’est pour ça qu’on essaye de donner tous les bons conseils pour qu’on puisse en récupérer un maximum en bon état, pour pouvoir ensuite les replanter. »

La carte du made in France

Les sapins, essentiellement des Nordmann et des Omorica – sont livrés dans toute la France. Des livraisons qui ont un coût. « En ce qui concerne Arthur, le plus petit sapin à 54 €, le coût de livraison aller-retour est d’une trentaine d’euros. Au final, ce qui nous revient dans la vente d’un Arthur en ligne est à peu près similaire au prix d’un sapin en pot en magasin. Ce n’est pas du hasard, des calculs ont été fait pour que le service soit rentable », détaille Stéphane d’Halluin, de Botanic. En conséquence, les prix des sapins sont au-dessus de la moyenne en magasin. « C’est sûr que l’on a une clientèle plutôt citadine et CSP + », admet Hanen Jamaï de Botanic.

L’enseigne joue également la carte du made in France en insistant sur l’origine de ses sapins, de Rhône-Alpes à la Bretagne en passant par le Morvan. Comme 80 % des sapins, ceux livrés par Treezmas poussent dans l’Hexagone. Un critère important pour 3 Français sur 5, qui affirment être prêts, pour cela, à payer un peu plus cher, selon une étude de l’Afsnn (l’Association française du sapin de Noël naturel) de 2013.

Contrairement à la croyance parfois tenace, acheter un sapin ne participe pas à la déforestation. En effet, les sapins sont cultivés expressément pour les fêtes. Ainsi, acheter un sapin naturel est un acte nettement plus écologique que d’acheter un sapin artificiel, fabriqué à partir de produits d’origine pétrolière, difficiles à recycler. Il faudrait les garder plus de 20 ans pour que leur impact écologique soit meilleur que celui d’un sapin naturel. Or, la moyenne d’utilisation de ces sapins est de 6 ans.

De son côté, Treezmas plaide pour une consommation plus responsable et raisonnée. Actuellement, un tiers des sapins vendus par le service passé sous pavillon Botanic sont replantés. « J’espère que l’on fera augmenter cette proportion », affirme Stéphan D’Halluin. En attendant, le responsable de chez Botanic ne compte pas rester les bras croisés : « Notre objectif aujourd’hui, c’est de sensibiliser, dire que c’est bizarre et dommage que les sapins de Noël soient utilisés comme de simple objet de consommation. Il faut respecter le végétal vivant. »

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