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Présidentielle 2017

Qui de Macron ou du candidat PS devrait renoncer à 2017?

En menaçant les parlementaires qui soutiennent Macron de les priver d'investiture aux législatives, le PS avoue ne pas croire à la victoire à la Présidentielle. D'où la question: si Macron continue à peser dans les sondages, qui de lui ou du futur candidat socialiste devrait renoncer à se présenter en 2017?

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Emmanuel Macron, Manuel Valls, Arnaud Montebourg, Jean-Luc Mélenchon

Emmanuel Macron, Manuel Valls, Arnaud Montebourg

(c) AFP

Sauver les meubles, mais quels meubles? Menacé d’être dépassé et enveloppé par Emmanuel Macron, la bulle médiatique n’ayant toujours pas explosé, le Parti socialiste en est déjà rendu à menacer ceux de ses parlementaires qui osent soutenir le candidat En Marche. Cinquante parlementaires, (35 députés, 15 sénateurs selon l’entourage d’Emmanuel Macron) sont désormais prévenus: s’ils persistent à marcher avec l’ancien ministre de l’Economie, ils seront punis. Le PS leur enlèvera l’étiquette "socialiste" lors des prochaines élections. La tentation est grande d’ironiser sur le sujet: être privé d’investiture socialiste aux prochaines élections législatives, au cas où François Fillon serait élu, est-ce vraiment une punition?

Cette menace dit un Parti socialiste qui, au fond, a déjà intériorisé l’élection de François Fillon. Comme si Jean-Christophe Cambadélis et Christophe Borgel, respectivement Premier secrétaire et secrétaire national aux élections, avaient déjà acté la défaite de celui qui sortira vainqueur de la Primaire de la Belle alliance populaire le 29 janvier prochain.

Un Epinay à l’envers

Si les socialistes pensaient encore conserver l’Elysée, ils ne passeraient par leur temps à concentrer leurs efforts sur la seule personne du candidat En Marche. Mais non. Pour le moment, ils n’affichent qu’un seul et unique objectif: sauver, au mieux, une centaine de députés socialistes et empêcher Emmanuel Macron de préempter le PS, d’une façon ou une autre, en accomplissant, au lendemain de la présidentielle, un Epinay à l’envers.

En accumulant ainsi les signaux qui le montrent faible et aux abois, le vieux Parti socialiste prend le risque d’aggraver son cas. Le peuple de gauche redoute l’élection de François Fillon, si ce n’est celle, par accident de l’histoire, de Marine Le Pen, et face à cette double menace la vieille maison met en scène sa propre faiblesse. Nous allons perdre, restons groupés. L’essentiel n’est pas de désigner un candidat qui puisse éventuellement l’emporter en profitant du désistement de François Hollande, mais de sauver quelques députés aux élections législatives.

Cette stratégie de la moindre défaite est une ligne Maginot. Le vieux PS s’enferme, creuse ses tunnels, bétonne ses positions, aligne les casemates électorales, ayant renoncé par avance à tout mouvement, dynamique et conquête. Le vieux PS sait que pas un seul de ses candidats n’est en mesure de battre François Fillon, pas même Manuel Valls, surtout Manuel Valls, ni même de disputer la place de finaliste au second tour de l’élection présidentielle, donc il la joue guerre de tranchées. Le vieux PS est incontournable, pensent ses dirigeants, parce que depuis 45 ans la gauche s’organise autour de lui. Mais est-ce toujours le cas?

Le PS, un cartel électoral

En l’état, le Parti socialiste est incapable de faire élire l’un de siens à l’Elysée. La Primaire n’a d’autre but, pour les quatre candidats possédant une chance de l’emporter, que de se hisser au rang de chef indépassable de l’opposition socialiste une fois François Fillon à l’Elysée. Et ensuite de se consacrer à la reconstruction d’une gauche de gouvernement qui soit identifiée au vieux PS. Comme d’habitude. Mais depuis 1971, l’histoire est passée par là. Le PS ayant perdu lors du congrès de Rennes 1990 un courant structurant (le courant A, celui de Mitterrand à Metz), ayant privilégié par la suite les querelles de personnes avant de régler les questions doctrinales, il est devenu un cartel électoral où Manuel Valls possède la même carte que Gérard Filoche.

Prenons un exemple: la laïcité, thème devenu clivant à gauche. Aujourd’hui, Vincent Peillon et Benoît Hamon sont sur la même ligne qu’Emmanuel Macron, celle de Jaurès et Briand. La laïcité se définissant à leurs yeux comme un principe politique et juridique d’organisation de la société des Droits de l’Homme entraînent la neutralité de l’Etat, garant de la liberté de conscience. Or, étrangement, les deux socialistes, en accord avec Macron, s’opposent à la vision laïciste de Manuel Valls, qui entend détourner la laïcité de la neutralité pour en faire une identité, cette vision étant portée dans le débat public par un cercle limité d’intellectuels médiatiques obsédés par les musulmans. Et sur d’autres sujets, l’accueil des migrants, les Roms, etc, il en va de même. Il existe un pont entre Peillon, Hamon et Macron, sur quantités de questions, qui n’existe pas entre Macron et Valls. Les gauches ne sont pas irréconciliables, elles sont en vérité conciliables, à condition que se rassemblent celles qui ne divisent pas.

Les électeurs de gauche ne sont pas des sots, qui ne peuvent pas ne pas voir les aberrations systémiques qui bloquent les mouvements politiques en gestation. Ce qui revient à dire que, dans les semaines qui viennent, une fois qu’aura été joué le scénario de la Primaire de la BAP, que la question de l’utilité de la candidature d’un candidat estampillé Parti socialiste se posera nécessairement. Ou bien, en sens inverse, celle d’Emmanuel Macron, au cas où le candidat désigné par la Primaire de la BAP serait d’un coup, porté par une vague irrépressible, ce qui paraît aujourd’hui une probabilité plus que faible.

Où chercher le candidat fédérateur? 

Considérons la situation telle qu’elle est : le candidat Fillon est un candidat en réalité fragile, en rupture avec une France qui ne veut pas, dans toutes ses majorités possibles, d’un président Thatcher et Manif pour tous. Mais ces majorités possibles, aujourd’hui, sont démunies, dépourvues, en recherche d’un candidat fédérateur, susceptible de les transformer en une majorité politique, étant entendu que Marine Le Pen est une impossibilité.

Dès lors, c’est à gauche, ou dans le camp progressiste qu’il faut chercher ce candidat fédérateur. Un seul et unique candidat fédérateur. Autrement dit, et pour aller droit au but, un candidat PS et le candidat En Marche, c’est un candidat de trop.

Ici se mesure l’absurdité stratégique du PS, qui joue la défaite à la présidentielle pour sauver quelques sièges aux législatives.

Il y a quelques semaines, le maire PS de Lyon, Gérard Collomb, avait ainsi diagnostiqué la concurrence entre futur candidat PS et candidat Macron: "Je pense que dans les prochaines semaines, quelqu'un va faire, si vous me permettez l'expression, le trou dans les sondages et que l'on verra effectivement qu'il est largement en tête et qu'à ce moment-là, les autres se retireront au profit d'Emmanuel Macron". Le propos sous-entendait aussi qu’au cas où Macron lui-même serait distancé, il devrait également en tirer les conséquences. Sauf que pour l’instant, le momentum Macron donne raison au maire de Lyon. Répétons-le, de manière à prendre toutes les précautions possibles et ne pas insulter l'avenir: pour le moment.

D’où la pression qui va peser sur le PS dans les semaines qui viennent, jusqu’à la fin du mois de février. Si son candidat sort mal élu de la Primaire et est promis à la défaite, pourquoi persister à le maintenir? Allons plus loin encore: dans ce cas de figure précis, le PS n’aurait-il pas plutôt intérêt (et le peuple de gauche avec lui, soit dit en passant) à retirer son candidat et soutenir Macron, quitte à devenir en juin, au cas où il réussirait à battre François Fillon, le pilier de la majorité parlementaire? Cela ouvrirait une autre perspective que de celle de savoir combien de députés survivraient en juin prochain à une défaite sanglante à l’élection présidentielle…

Le scénario peut sembler aujourd’hui impossible. On en convient. De même qu’il paraissait impossible de contempler la chute de Sarkozy au premier tour de la Primaire LR. Ou de voir Fillon triompher de Juppé. Ou d’assister au renoncement de François Hollande. Suivez le regard… Tout est possible en vérité, pour qui ne veut pas figer sa pensée et son action. Déjà, en « off » de chez « off », des élus socialistes, peu tentés par le suicide électoral à fin de conservation d’un vieux PS congelé, avouent à mots de moins en moins couverts qu’une certaine forme de pression pourrait s’exercer sur la direction du PS afin de réévaluer la situation, au cas où les circonstances du scénario de la Primaire accoucheraient d’un candidat mal désigné. Faute de participants… Faute d’une victoire incontestable… Faute de candidat en mesure de l’emporter… Faute de pouvoir faire exploser la bulle Macron… Or, pour le moment, ce dernier tient bon. Les socialistes peuvent bien menacer leurs élus tentés par Macron, ils n’en devront pas moins méditer la célèbre sentence du plus illustre d’entre eux : « On ne peut rien contre la volonté d’un homme »…

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