Etats-Unis : le nombre de condamnés à mort exécutés au plus bas depuis 27 ans

Certains s’en réjouiront, d’autre non. Mais depuis le début des années 2000, les Etats-Unis recourent de moins en moins à la peine de mort et exécutent moins de condamnés. En 2016, 20 condamnés à mort ont ainsi été exécutés outre-Atlantique, soit le chiffre le plus bas enregistré dans le pays depuis 1991,

Si 31 Etats du pays pratiquent toujours la peine capitale, seuls cinq d’entre eux ont procédé à des exécutions cette année. Les plus zélés en la matière étant la Georgie (avec 9 exécutions) et le Texas (avec 7 exécutions).

Pour ce qui est des condamnations à mort, la tendance est aussi à la baisse. Les tribunaux en ont prononcé 30 cette année, du jamais vu depuis le rétablissement du caractère constitutionnel de la peine de mort en 1976 par la Cour suprême. A titre de comparaison, 315 condamnations à morts avaient été prononcées en 1996.

Une tendance de fond

Une tendance à la baisse qui, pour la responsable de la Commission abolition de la peine de mort d’Amnesty France, Anne Denis, interrogée par "Les Echos" à l'occasion de la Journée mondiale contre la peine de mort le 10 octobre, pourrait avoir un véritable "effet domino" dans le reste du monde.

Et ce d'autant plus que, selon Robert Dunham, directeur du centre d’information sur la peine de mort et auteur du rapport, "l'Amérique est au coeur d’un changement majeur concernant la peine capitale".

Recours juridiques et réticences des groupes pharmaceutiques

Pour autant, toujours selon Robert Dunham, cette baisse des exécutions et des sentences n'est pas uniquement liée à une prise de conscience humaniste qui rejetterait la peine capitale, même si une récente étude montre une véritable évolution de l'opinion publique et affirme désormais seulement 49% des Américains seraient favorables à la peine capitale. Deux autres facteurs expliquent ce recul.

D’une part, du point de vue du droit, les Etats américains pratiquant encore la peine de mort doivent faire face à un nombre croissant de recours juridiques. D’autre part, ces mêmes Etats sont confrontés à un problème d’approvisionnement et ont de plus en plus de difficultés à se procurer les substances chimiques utilisées pour les exécutions par injection.

Pour des motifs éthiques, plusieurs groupes pharmaceutiques européens refusent depuis plusieurs années de vendre des produits létaux. En mai dernier, Pfizer, premier groupe pharmaceutique américain, a ainsi pris des mesures afin de s’assurer qu’aucun de ses produits ne soit utilisé dans des injections létales.