BFMTV
Santé

Crise cardiaque: un test sanguin pour identifier les personnes à risque

L’oppression thoracique prolongée est un signe majeur de l'infarctus du myocarde.

L’oppression thoracique prolongée est un signe majeur de l'infarctus du myocarde. - iStock

Des chercheurs estiment que le risque d’infarctus du myocarde peut être détecté des années à l’avance à partir d’un simple test sanguin qui permet déjà de différencier les patients qui présentent un danger immédiat. Un dépistage qui pourrait se substituer à la prise de la tension artérielle.

Les personnes les plus susceptibles de souffrir d'une crise cardiaque, aussi appelée infarctus du myocarde, sont généralement celles présentant des facteurs de risques liés à leur style de vie. Les personnes obèses, avec une alimentation trop riche en graisses saturées, diabétiques, sédentaires, fumeuses sont notamment les plus concernées.

Mais cette nécrose d'une partie plus ou moins grande du muscle cardiaque peut aussi toucher des patients qui ne font pas partie de ces populations. Des examens comme la mesure de la pression artérielle ou du taux de cholestérol doivent donc être menés pour déterminer ce risque. Mais des chercheurs de l'université d'Edimbourg souhaitent privilégier un autre mode de dépistage qui se veut plus efficace pour identifier les personnes concernées: un simple test sanguin.

Ce dernier peut diagnostiquer le risque futur d'une crise cardiaque à partir du taux de troponine dans le sang, une protéine qui entre dans la constitution des fibres musculaires et joue un rôle dans leur contraction. Le dosage de la troponine est une analyse sanguine déjà pratiquée aux urgences lorsque des patients se plaignent de douleurs thoraciques : son taux est important lorsque les cellules cardiaques meurent.

Etablir un diagnostic le plus tôt possible

Cet examen permet d'écarter la survenue immédiate d'un infarctus du myocarde au profit d'autres pathologies cardiaques. "Les patients suspectés de souffrir d'une crise cardiaque sont souvent soumis à un test de troponine pour confirmer le diagnostic, mais jusqu'à maintenant il n'était pas possible de savoir s'il pouvait aussi déterminer des risques futurs", expliquent les chercheurs.

Ils voulaient donc savoir si ce test permet bien d’évaluer le danger à une échéance plus lointaine, même chez des patients qui ne présentent pas de symptômes évocateurs (fatigue, oppression, essoufflements, nausées, malaise). Ils ont pour cela examiné pendant un an les cas de 3000 hommes avec un niveau de cholestérol élevé mais sans antécédent de maladie cardiaque, et ont estimé que des changements légers du niveau de troponine constituent bien un facteur à prendre en compte.

Plus précisément, leur étude révèle que les personnes dont les niveaux sanguins de troponine sont les plus faibles (moins de 3,1 nanogrammes par litre) sont cinq fois moins susceptibles de souffrir d'une crise cardiaque ou d'une maladie coronarienne par rapport à ceux qui ont montré une forte augmentation de ce taux (supérieur à 5,2 ng/l) sur cette période.

Confirmer ou non le besoin de statines

En outre, ce résultat permet aux médecins de savoir quelles personnes auront besoin de statines, utilisées pour baisser la cholestérolémie. Dans la deuxième partie de l'étude, les chercheurs ont confirmé que prendre des statines a fait baisser les niveaux de troponine: le traitement a permis de doubler le nombre d'hommes dont ce taux a chuté de plus d'un quart, éloignant chez ces derniers le risque de maladies coronariennes futures.

"Le test de troponine aidera les médecins à identifier les individus apparemment en bonne santé mais qui ont une maladie cardiaque silencieuse, afin que nous puissions cibler des traitements préventifs plus efficacement", explique le Pr Nicholas Mills.

Outre une évaluation plus précise des risques, les chercheurs estiment que ce test peut aussi permettre aux médecins de s'assurer que les patients réagissent bien au traitement. Mais avant que celui-ci ne soit utilisé dans le cadre d'un dépistage de routine, ils appellent à la prudence et souhaitent qu'une plus grande étude impliquant un groupe plus diversifié de patients soit menée.

"Si cette thèse est prouvée avec succès, ce test pourrait facilement être administré par des médecins lors d'un check-up standard, et pourrait sauver des vies", concluent-ils.

Alexandra Bresson