Front national : Le Pen, Poutine et... les millions

A quelques mois de la présidentielle, le FN cherche à financer sa campagne, auprès des banques russes notamment.

Moscou (Russie), mai 2015. Marine Le Pen, ici sur la place Rouge, avait été reçue à la Douma, la Chambre basse du Parlement russe.
Moscou (Russie), mai 2015. Marine Le Pen, ici sur la place Rouge, avait été reçue à la Douma, la Chambre basse du Parlement russe. AFP/KIRILL KUDRYAVTSEV

    En 2012, l'entrée en campagne de Marine Le Pen avait été perturbée par la course aux parrainages d'élus. Cinq ans plus tard, la candidate à l'Elysée — avec son contingent de 462 conseillers régionaux, territoriaux et de parlementaires — n'a plus de soucis à se faire de ce côté! En revanche, ça tangue sur le terrain des finances pour le Front national, toujours empêché par les réticences des banques françaises à lui prêter les 12 M€ nécessaires à sa campagne présidentielle, ainsi que les 17 M€ que demandent les législatives.

    Inquiétant à un mois du lancement officiel de sa campagne, début février ? « A ce stade, rien n'est bouclé. On se heurte toujours aux mêmes refus », jure un proche. Depuis plusieurs années, Marine Le Pen n'hésite en tout cas plus à solliciter des banques étrangères, notamment en Russie. Comme en septembre 2014, lorsque le Front national avait emprunté 9,4 M€ auprès de la First Czech Russian Bank, basée à Moscou. Hier, « le Canard enchaîné » a porté au dossier des éléments plus troublants, en publiant un courrier adressé au renseignement américain, daté du 28 novembre, de Mike Turner, parlementaire républicain. Il évoque les relations entre Moscou et Marine Le Pen. Laquelle s'engagerait à reconnaître la Crimée comme faisant partie du territoire russe si elle était élue en mai. En retour, selon le scénario décrit dans cette lettre, le FN aurait sollicité un prêt de 30 M$ (28,7 M€) pour se financer.

    Une somme mirobolante, que le trésorier du parti refuse de confirmer. « Tout cela est faux, archifaux. Complètement farfelu ! » s'insurge Wallerand de Saint Just. Mais une chose est sûre, Marine Le Pen entretient des relations de confiance avec l'entourage de Vladimir Poutine depuis des années déjà. En mai 2015, elle était même chaleureusement accueillie à la Douma, la Chambre basse du Parlement russe, lors d'un troisième voyage en deux ans.

    Des discussions en cours

    Reste que, selon nos informations, la candidate frontiste continue de chercher des sous ailleurs. Ce qui laisse à supposer qu'elle n'aurait pas — du moins à ce jour et s'ils existent — perçu ces 30 M$. Des discussions avec d'autres banques étrangères, notamment aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, sont toujours en cours. Fin août, un prêt de 20 M$ aurait même été sur le point d'être signé avec une banque d'affaires américaine. « Mais elle s'est rétractée bizarrement au tout dernier moment », confie l'entourage de la candidate.

    « Au pire, si vraiment on galère, on pourra toujours demander à Cotelec ( NDLR : l'association de financement de Jean-Marie Le Pen, qui prête traditionnellement de l'argent au FN ), ajoute-t-on, non sans cynisme. Depuis qu'elle est fâchée avec son père, Marine veut éviter de le solliciter. Mais, faute de mieux... ce sera quand même le plan B. »

    >> NOTRE QUESTION DU JOUR. Comprenez-vous que les banques françaises refusent de prêter de l'argent au FN?