Publicité

Histovery révolutionne la visite au musée

¤ Sa tablette, l'Histopad, sera en 2017 au Palais des papes. ¤ Ce sera la plus grosse installation au monde de visite en réalité augmentée.

ECH22346082_1.jpg

Par Myriam Chauvot

Publié le 23 déc. 2016 à 01:01

Voir la plus grande salle gothique d'Europe, c'est bien. La voir décorée et meublée comme en 1340, c'est mieux. Depuis la semaine dernière, la Conciergerie, premier palais des rois de France puis prison à la Révolution, a remplacé le traditionnel audioguide par une tablette de réalité augmentée, l'Histopad. La pointer vers les murs nus restitue à 360 degrés les lieux dans leur état au Moyen Age ou à la Révolution française, et révèle des endroits détruits, comme la cellule de Marie-Antoinette ou le Parlement de Paris. Cette visite en « réalité augmentée » (l'enrichissement de l'existant par des informations additionnelles) est une des versions les plus abouties. Et les acteurs de la culture se l'approprient à une vitesse qui s'accélère.

Depuis ses débuts en 2013, l'auteur de l'Histopad, la start-up tricolore Histovery (12 personnes), a déjà équipé six monuments et vient de signer son septième et plus gros contrat, pour équiper en septembre 2017 le Palais des papes d'Avignon. « Ce sera la plus grosse installation au monde de visite augmentée d'un lieu, avec un millier de tablettes et 18 mètres linéaires d'armoires de recharge, une autre invention d'Histovery », souligne Bruno de Sa Moreira, cofondateur de la start-up. Maintenant, « l'objectif est de conclure cinq nouveaux contrats en 2017 ».

La vitesse de diffusion de ce mode futuriste de visite culturelle peut surprendre, car les institutions culturelles publiques françaises ne sont pas riches, or la réalité augmentée coûte cher.

Risque financier

Publicité

« Nous avons développé un modèle économique particulier, explique l'autre cofondateur, Edouard Lussan. Nous prenons le risque financier et nous nous remboursons sur les recettes de location de l'Histopad par les visiteurs. » A la Conciergerie, Histovery a ainsi assumé la majorité des coûts et assurera la maintenance et l'évolution de l'application, en contrepartie du partage pendant six ans des recettes de location avec le Centre des Monuments nationaux (CMN). « C'est un partenariat, nous assumons une partie de la dépense, en participant à l'élaboration, au comité scientifique validant les reconstitutions, puis en assurant l'exploitation de l'Histopad », souligne Laure Pressac, chef du pôle numérique du CMN. Le budget d'Histovery le plus lourd à ce jour (hors Palais des papes) a été Chambord (600.000 euros à 1 million d'euros).

« Nous démarchons les institutions culturelles avec ce fonctionnement en coproduction. Sans lui, ces projets n'auraient pas vu le jour », explique Bruno de Sa Moreira. Reste à les financer. Depuis 2013, la start-up a levé 3,6 millions en ouvrant par trois fois son capital, où les deux cofondateurs sont désormais minoritaires, au profit de 35 « business angels » (dont Pierre Kosciusko-Morizet, pour plus de 10 % du capital) et de la société numérique Econocom. Les recettes des Histopad déjà en fonctionnement s'incrémentent, mais quid de l'impact des attentats sur la récurrence des cash-flows ? « L'année écoulée a été noire, mais le recul enregistré dans le tourisme culturel (de 7 % à 15 %) fait suite à quelques années de forte croissance, relativise Bruno de Sa Moreira. Nous sommes sur un secteur solide. La culture, c'est le pétrole de la France. » Reste que la start-up ne détesterait pas remporter à l'étranger quelques contrats de vente classique de prestations pour se donner un peu d'oxygène et atteindre son objectif d'être à l'équilibre fin 2017. « Le problème est la lenteur des discussions avec les clients publics français, juge Bruno de Sa Moreira. S i Histovery était américaine, elle serait déjà dix fois plus grosse. » La start-up réfléchit aussi à la suite. « A Chambord, d'autres parcours de reconstitution historique pourraient être ajoutés à l'actuel parcours François Ier, muse-t-il. L e visiteur en choisirait un lors de la location et serait incité à revenir »...

Plus d'informations et des videos de l'Histopad sur lesechos.fr/

Myriam Chauvot

MicrosoftTeams-image.png

Nouveau : découvrez nos offres Premium !

Vos responsabilités exigent une attention fine aux événements et rapports de force qui régissent notre monde. Vous avez besoin d’anticiper les grandes tendances pour reconnaitre, au bon moment, les opportunités à saisir et les risques à prévenir.C’est précisément la promesse de nos offres PREMIUM : vous fournir des analyses exclusives et des outils de veille sectorielle pour prendre des décisions éclairées, identifier les signaux faibles et appuyer vos partis pris. N'attendez plus, les décisions les plus déterminantes pour vos succès 2024 se prennent maintenant !
Je découvre les offres

Nos Vidéos

xx0urmq-O.jpg

SNCF : la concurrence peut-elle faire baisser les prix des billets de train ?

xqk50pr-O.jpg

Crise de l’immobilier, climat : la maison individuelle a-t-elle encore un avenir ?

x0xfrvz-O.jpg

Autoroutes : pourquoi le prix des péages augmente ? (et ce n’est pas près de s’arrêter)

Publicité