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Santé

Un antidote puissant contre les intoxications au monoxyde de carbone

En modifiant une molécule présente naturellement dans le cerveau, des chercheurs américains sont parvenus à éliminer le monoxyde de carbone de l'organisme de souris. Le premier antidote contre ces intoxications ?

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Poêle a bois

Le monoxyde de carbone peut être émis par une chaudière, un poêle, ou des appareils comme les barbecues remplis de charbon de bois pour servir de chauffage d’appoint.

© GILE MICHEL/SIPA

882 : c'est le nombre de personnes qui ont été hospitalisées en France entre le 1er septembre et le 20 décembre 2016 suite à une intoxication au monoxyde de carbone (CO), gaz transparent et inodore pouvant être émis par une chaudière, un poêle ou des appareils comme les barbecues remplis de charbon de bois pour servir de chauffage d’appoint. Durant cette même période, quatre individus en sont décédés, précise Santé publique France. Pour sauver les personnes intoxiquées, des chercheurs de l’Université de Pittsburgh (États-Unis) ont peut-être trouvé l'antidote : une molécule naturellement présente dans l'organisme modifiée pour être capable de le débarrasser rapidement de ce gaz mortel.

10 % de CO dans l'air tue instantanément

Dans le cas d'une intoxication au CO, quelques signes avant-coureurs peuvent alerter (maux de tête, vertiges, malaises, nausées). À l’heure actuelle, le seul moyen de sauver des individus intoxiqués est de les amener aux urgences ou aux services de médecine hyperbare, où ils se voient administrés de l'oxygène à forte pression au masque, permettant au CO de s’éliminer progressivement de leur organisme. Et il faut agir vite : 0,1 % de CO dans l'air tue en 1 heure, 1 % en 15 minutes, et 10 % provoque la mort presque immédiatement.

Absorbé en quelques minutes par l'organisme, le CO se fixe sur l'hémoglobine, protéine chargée de transporter l'oxygène dans le sang. Ce gaz toxique peut parfois se fixer également à d'autres protéines, comme la myoglobine du muscle et la neuroglobine dans le cerveau. C'est à cette dernière que les chercheurs de l’Université de Pittsburgh se sont intéressés. Présente naturellement dans le cerveau, la neuroglobine piège le CO afin de protéger les neurones d'une intoxication.

87 % de souris ont survécu à une exposition mortelle pour l'homme

Les scientifiques ont modifié la neuroglobine de manière à la rendre encore plus efficace : sa puissance pour piéger le CO est devenue 500 fois supérieure à celle de l'hémoglobine ! Selon les chercheurs, elle parvient à "arracher le CO de l'hémoglobine et l'évacue vers les urines". Pendant 4 minutes et 30 secondes, ils ont soumis des souris à un air contenant 3% de monoxyde de carbone - une concentration si élevée qu'elle tuerait la plupart des humains très rapidement. Leur pression artérielle a brusquement chuté et leur fréquence cardiaque est devenue irrégulière. Puis, par un tube intraveineux, les scientifiques ont livré l'antidote aux souris, ce qui a augmenté leur pression artérielle et permis leur récupération. Au total, 87 % des animaux ont survécu à cette exposition.

Même si ce premier bilan est encourageant, il n’est pas certain que l’ensemble des effets d’une intoxication soient résolus par cet antidote : en effet, l'intoxication au CO active une série de voies immunologiques qui peuvent causer des dommages persistants aux systèmes nerveux et cardiovasculaire. L'efficacité et la sécurité de cet antidote seront prochainement testées sur d'autres modèles animaux, et si les résultats s'avèrent concluants, chez l'homme. Selon la revue Science, l'Agence américaine des médicaments (Food and Drug Administration) a d'ores et déjà promis aux chercheurs une procédure accélérée pour autoriser un essai clinique, étant donné que l'empoisonnement au CO fait de nombreux morts chaque année.

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