George Michael, défenseur des droits des homosexuels, avait fait son coming out en 98

Après son coming out en 1998, George Michael s'est investi en faveur des droits des homosexuels et dans la lutte contre le sida.

Palais Garnier, Paris, 9 septembre 2012.  George Michael s'était produit sur la scène de l'opéra au profit du Sidaction.
Palais Garnier, Paris, 9 septembre 2012.  George Michael s'était produit sur la scène de l'opéra au profit du Sidaction.
LP/Frédéric Dugit.

    George Michael, décédé dimanche 25 décembre à l'âge de 53 ans, avait longtemps gardé son homosexualité secrète, mais fort de son coming out à la fin des années 1990, le chanteur britannique avait fini par s'investir publiquement en faveur des droits des gays et dans la lutte contre le sida. En septembre 2012, il avait été le premier artiste pop à se produire sur la scène de l'Opéra Garnier, à Paris au profit du Sidaction.

    Secret de polichinelle dans le monde du spectacle, son orientation sexuelle était toutefois ignorée du grand public pendant près de 20 ans de carrière. Il dira plus tard ne pas avoir voulu en parler du vivant de sa mère. «Pour les parents, dans les années 1980, être gay voulait bien souvent dire être séropositif», se justifiait-il en 2007 lors d'une interview à BBC Radio. «Ma mère était encore vivante et chaque jour aurait été un cauchemar pour elle en pensant que je puisse être touché» par le virus, ajoutait l'artiste, qui dit avoir réalisé qu'il était gay à la fin des années 1980.

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    Le chanteur craignait la réaction de sa mère

    «À l'époque, les tabloïds étaient terribles avec les personnalités homosexuelles», explique Peter Tatchell, l'un des principaux militants britanniques des droits des homosexuels, pour qui George Michael ne craignait pas seulement la réaction de sa mère. «Ils étaient dénigrés et salis. Être gay était vu comme un scandale et une honte».

    Pire : l'explosion du sida a conduit selon Peter Tatchell à un durcissement de l'homophobie. «Le gay-bashing et les meurtres d'homosexuels ont explosé. C'était une terrible époque pour les gays, et encore plus pour les figures publiques». «Si George avait révélé son homosexualité à ce moment, il aurait peut-être aidé à lutter contre cela», juge Peter Tatchell. «Mais je comprends très bien pourquoi il ne l'a pas fait».

    «C'était le moment du début du sida, il y avait trop d'enjeux économiques derrière cette terreur épidémiologique, les artistes étaient mal conseillés. Mais ces artistes ont raté un tournant politique qui aurait profité à tout le monde (...). Car les tubes et les vidéos de George Michael étaient sans équivoque», écrit Didier Lestrade, une figure du militantisme homosexuel français, dans «Libération».

    Son premier amour meurt du sida

    Lors d'un concert à Rio de Janeiro en 1991, le Britannique fait la rencontre d'Anselmo Feleppa, un couturier brésilien qui deviendra son premier grand amour. «Il très difficile de revendiquer de sa sexualité tant qu'elle ne vous a procuré aucune joie, mais cela devient moins dur une fois que vous avez trouvé le véritable amour», confiait le chanteur dans une interview au Huffington Post.

    Au bout de six mois de relation, le Brésilien apprend sa séropositivité, un choc pour George Michael. «Je n'arrivais pas à traverser cette épreuve avec ma famille parce que je ne savais pas comment leur dire -- ils ne savaient même pas que j'étais gay. Je ne pouvais même en parler avec mes plus proches amis, parce qu'Anselmo ne voulait pas que je le fasse». Son compagnon décède en 1993 d'une hémorragie cérébrale liée au virus.

    «Le paradis a envoyé / Et le paradis a repris / Tu m'as souris / Comme Jésus à un enfant», chantera en 1996 George Michael dans «Jesus To A Child», hommage à Anselmo. «Pour mes fans et ceux écoutaient vraiment les paroles, j'avais l'impression que j'essayais de leur faire mon coming-out», dira-t-il plus tard.

    VIDEO. George Michael : «Jesus To A Child»

    Après son coming out, il s'investit dans la lutte contre le VIH

    L'élément déclencheur sera finalement une arrestation en 1998 à Los Angeles (Etats-Unis) pour attentat à la pudeur dans des toilettes publiques : «Un acte délibéré déclenché par mon inconscient», expliqua-t-il à la BBC, regrettant de ne pas avoir révélé son homosexualité plus tôt.

    «Je ne pense pas que j'aurais eu la même carrière -- mon ego n'aurait peut-être pas été satisfait dans tous les domaines -- mais j'aurais sans doute était un homme plus heureux», jugea-t-il a posteriori. L'année de son coming out, le Britannique commence à s'investir publiquement dans la cause homosexuelle, aidant à la réalisation d'un documentaire dressant le portrait de six jeunes affectés par le VIH (sida). Loin des projecteurs, l'artiste finançait également le Terrence Higgins Trust, une organisation britannique de lutte contre le VIH. «Ses dons ont contribué à façonner une vision du monde dans laquelle les gens vivant avec le VIH vivent en bonne santé, à l'abri des préjugés et des discriminations», a commenté lundi l'organisation caritative sur Facebook.

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