Israël reporte l'examen de nouvelles constructions à Jérusalem

Benjamin Netanyahu a demandé le report d'un vote sur l'octroi de permis de construire, après l'appel de l'ONU à cesser la colonisation des Territoires palestiniens.

Source AFP

Israël pourrait continuer à étendre ses colonies à Jérusalem-Est, en dépit de la résolution de l'ONU l'exhortant à cesser d'occuper les Territoires palestiniens.
Israël pourrait continuer à étendre ses colonies à Jérusalem-Est, en dépit de la résolution de l'ONU l'exhortant à cesser d'occuper les Territoires palestiniens. © ONLY WORLD/ONLY FRANCE

Temps de lecture : 4 min

La résolution de l'ONU demandant à Israël de cesser la colonisation dans les Territoires palestiniens va-t-elle porter ses fruits ? Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a réclamé le report ce mercredi d'un vote prévu sur l'octroi de permis de construire pour 618 logements à Jérusalem-Est, a indiqué à l'Agence France-Presse un conseiller municipal. Le président du comité de planification et de construction « nous a dit que [cet examen] avait été retiré de l'agenda à la demande du Premier ministre », avant le discours du secrétaire d'État John Kerry sur le conflit israélo-palestinien prévu plus tard dans la journée, a indiqué Hanan Rubin. Il a ajouté que cet examen serait organisé à une date ultérieure, sans autre précision.

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Les discussions devaient porter sur la délivrance d'un permis pour la construction de logements dans les quartiers de Pisgat Zeev (140), Ramat Shlomo (262) et Ramot (216), à Jérusalem-Est, partie palestinienne de la ville sainte occupée et annexée par Israël. La radio militaire israélienne a, elle aussi, rapporté que les discussions, prévues quelques jours après l'adoption de la résolution à l'ONU, avaient été retirées de l'ordre du jour du comité de planification et de construction de la municipalité de Jérusalem.

Le maire adjoint de Jérusalem, Meïr Turgeman, avait auparavant indiqué à l'Agence France-Presse que le vote, vendredi à l'ONU, d'une résolution exhortant Israël à « cesser immédiatement et complètement toute activité de colonisation en territoire palestinien occupé, dont Jérusalem-Est », ne remettait nullement en question cette réunion, prévue de longue date. « Nous discuterons de manière sérieuse de tout ce qu'il y a sur la table », avait assuré Meïr Turgeman.

La résolution de l'ONU, la première à condamner la colonisation israélienne depuis 1979 – même si elle ne prévoit pas de sanctions –, a été approuvée vendredi par 14 pays des 15 membres du Conseil de sécurité. Les États-Unis se sont abstenus, permettant l'adoption du texte qui a provoqué la colère de l'État hébreu. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a vivement critiqué le président américain Barack Obama, accusé d'avoir fait un « coup anti-israélien honteux » aux Nations unies.

Coup de froid diplomatique

Washington a de son côté annoncé que le secrétaire d'État John Kerry présenterait mercredi la vision qu'avait l'administration américaine sortante du processus de paix israélo-palestinien. « Nous ne l'avons pas laissé tomber et nous ne pensons pas que les Israéliens et les Palestiniens doivent également [l'abandonner] », a déclaré mardi soir le porte-parole de la diplomatie américaine, Mark Toner. John Kerry pense que « c'est de son devoir, dans ses dernières semaines et derniers jours en tant que secrétaire d'État, de présenter ce qu'il pense être le chemin vers une solution à deux États », selon M. Toner. John Kerry prononcera ce discours au département d'État devant plusieurs invités parmi lesquels des diplomates présents à Washington.

Benjamin Netanyahu a indiqué qu'il ne se conformerait pas à la résolution et a annoncé mardi qu'il « réduisait » ses relations avec des pays ayant voté pour. Israël a déjà rappelé ses ambassadeurs en Nouvelle-Zélande et au Sénégal, et annulé son programme d'aide dans ce pays d'Afrique de l'Ouest. Mardi, l'État hébreu a également informé l'Angola du gel de son programme d'aide. Des représentants de 10 des 14 pays membres du Conseil de sécurité ayant voté pour le texte, ainsi que l'ambassadeur des États-Unis, ont été convoqués dimanche au ministère israélien des Affaires étrangères. Au moins deux déplacements ont par ailleurs été annulés ou reportés, dont celui prévu cette semaine en Israël du Premier ministre ukrainien.

La colonisation israélienne, notamment à Jérusalem, est considérée par la communauté internationale comme illégale et comme le principal obstacle à la paix, notamment parce que les colonies sont construites sur des terres qui pourraient appartenir à l'État auxquels les Palestiniens aspirent, menaçant ainsi la possibilité d'un règlement du conflit sur la base d'une solution à deux États. Quelque 430 000 colons israéliens vivent actuellement en Cisjordanie occupée et ils sont plus de 200 000 à Jérusalem-Est, dont l'annexion n'a jamais été reconnue par la communauté internationale.

« Nouveau procès Dreyfus »

La conférence internationale sur le Moyen-Orient, qui doit être organisée par la France le 15 janvier en l'absence des Palestiniens et des Israéliens, constitue un autre souci diplomatique pour Israël. Des responsables israéliens craignent que cette conférence ne soit utilisée pour prendre des mesures supplémentaires contre l'État hébreu, qui pourraient être soumises au Conseil de sécurité de l'ONU avant la prise de fonctions du président américain élu Donald Trump le 20 janvier. Les Palestiniens soutiennent la tenue de la conférence tandis que les Israéliens s'en inquiètent. Le ministre de la Défense Avigdor Liberman l'a qualifiée lundi de « nouveau procès Dreyfus » tout en appelant les Juifs de France à s'installer en Israël.

En France, l'affaire Dreyfus – du nom d'un capitaine de l'armée, juif, condamné au bagne pour espionnage en 1894 puis réhabilité en 1906 – avait profondément divisé la société de l'époque et reste aujourd'hui un symbole d'antisémitisme. « La paix au Proche-Orient ne pourra se construire que dans un esprit de tolérance, d'ouverture et de dialogue. C'est dans cette perspective que la France a proposé son initiative pour la paix au Proche-Orient et entend poursuivre ses efforts en vue d'organiser la conférence du 15 janvier », a répondu mardi le Quai d'Orsay.

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Commentaires (16)

  • Mastercard

    ... Au Sud-Liban, où vivent la majorité des chiites libanais. Le Hezbollah va devenir au fil du temps un véritable poison pour Israël en prenant la suite de l'OLP dans l'organisation des raids sur le nord d'Israël. Il bénéficie de toute la logistique iranienne, l'Iran étant devenu à partir de 1979 un Etat islamique farouchement opposé à Israël après avoir été à l'époque du shah l'un de ses plus fidèles alliés. A l'autre bout du Moyen-Orient l'Irak déclare à l'Iran en 1980. Cette guerre (la 1ère guerre du Golfe), motivée par le soutien iranien aux chiites irakiens en lutte contre le pouvoir sunnite à Bagdad, dura jusqu'en 1988. L'Irak fut soutenu par les monarchies sunnites du golfe Persique (au premier rang desquelles le Koweit et l'Arabie Saoudite), peu désireuses de voir l'Iran chiite devenir trop puissant. Ce faisant l'Irak va accumuler auprès de ces monarchies une dette colossale d'autant qu'il n'a pas pu exporter de pétrole (ou très peu) pendant cette guerre. N'ayant pas obtenu une annulation partielle de cette dette l'Irak envahit le Koweit en 1990 pour faire main basse sur son pétrole (il est à noter que l'Irak a toujours considéré que le Koweit fai. La suite est connue : c'est la 2de guerre du Golfe, pendant laquelle Saddam Hussein enverra des Scuds sur Israël, alors complètement étranger au conflit. L'OLP commettra l'erreur d'encourager l'Irak dans cette perspective et il fallut d'énormes pressions américaines pour empêcher Israël d'intervenir dans ce conflit. En 1993 sont signés les accords d'Oslo qui auraient dû être les prémisses du règlement du conflit israélo-palestinien. Espoir malheureusement déçu car, dans l'ordre chronologique des années 1994-96, la poursuite de la colonisation israélienne, le massacre d'Hébron et l'assassinat de Rabin par des extrémistes juifs et les attentats suicides du Hamas finissent par torpiller le processus d'Oslo.

  • Mastercard

    Tout d'abord je n'ai pas écrit "Israël matrice de tous les désordres du Moyen-Orient". Ce n'est pas exactement la même chose que ce que j'ai écrit à 11 : 48. Secundo vous ignorez sans doute l'histoire du Moyen-Orient parce qu'il y a un pays que vous n'avez pas cité : le Liban. Ce petit pays, qu'on appelait la Suisse du Moyen-Orient, fut le réceptacle involontaire de tous les conflits qui ont opposé les musulmans entre eux (sunnites contre chiites) et le champ de bataille des Syriens et des Israéliens qui s'y sont indirectement opposés. Voici l'enchainement des événements. Après la partition de la Palestine en 1948 la population arabe s'enfuit et une bonne partie s'installe au Liban. Au fil des années les Arabes palestiniens déstabilisent le jeune Etat (indépendant depuis 1946) en constituant une sorte d'Etat dans l'Etat libanais et en lançant des raids sur Israël. Celui-ci riposte aussi en lançant des raids contre des bases palestiniennes au Liban à la fin des années 60. La situation devient explosive et entraîna à partir de 1975 une guerre civile qui dura jusqu'en 1990 et vit s'opposer diverses factions libanaises, mais aussi principalement les Palestiniens aux Chrétiens libanais. En 1976 les Syriens envahirent le Liban pour empêcher l'OLP, dont l'infrastructure militaire était plus puissante que celle de l'Etat libanais, de faire main basse sur ce pays. En 1978 les Israéliens envahirent le Sud-Liban pour mettre fin aux raids palestiniens. En 1982 les Israéliens envahissent de nouveau et sur une bien plus grande échelle le Liban puisqu'ils vont jusqu'à Beyrouth. Leur objectif était de démanteler l'organisation militaire de l'OLP, objectif atteint puisque l'OLP est obligée de quitter le Liban en direction de Tunis. Mais l'armée israélienne laisse se commettre par des milices chrétiennes les massacres de Palestiniens dans les camps de Sabra et Chatila. Plus important pour la suite est l'émergence d'un nouvel acteur, le Hezbollah, d'obédience chiite, concentré...

  • atchadji

    Affaire confuse : N'êtes-vous pas avant tout français avant d'être juif ?
    Il y aurait déjà là un problème de "domicile" de l'identité, une crise.
    Faut-il connaitre la manne sur terre de cette crise identitaire ? Et avoir un problème de domicile en "Israël".
    Drainez vers vous ces vérités qui fusent de partout.