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Dix ans après Saddam, l’Irak redevient un géant du pétrole

Dix ans après la mort de Saddam Hussein, le pays est éparpillé.Mais l’Irak est devenu le numéro quatre mondial du pétrole.

Par Yves Bourdillon

Publié le 29 déc. 2016 à 19:07

Les forces irakiennes ont repris jeudi matin leur offensive à Mossoul contre Daech, après une « pause opérationnelle » de plusieurs semaines. Il s’agissait pour l’armée irakienne d’élaborer une nouvelle stratégie après avoir longuement piétiné dans la partie orientale de Mossoul, où elle a subi de lourdes pertes face à Daech.

Cette seconde phase de l’offensive intervient exactement dix ans après l’exécution de Saddam Hussein par la justice irakienne. Son renversement en 2003 par l’armée américaine a des répercussions encore aujourd’hui partout dans le monde, puisque le démantèlement dans la foulée de l’armée irakienne a fourni des combattants aguerris à Daech. Ce dernier doit aussi son essor à l’amertume des sunnites, qui dominaient la vie politique sous Saddam Hussein alors qu’ils ne représentent qu’un tiers de la population.

Trompe l’œil

Même si la stabilité du pays sous Saddam Hussein était en trompe-l’œil, au prix d’une répression permanente et de deux guerres, contre l’Iran et au Koweït, force est de reconnaître que la situation ne s’avère pas bien meilleure aujourd’hui. Certes, des élections à peu près honnêtes se déroulent régulièrement, mais l’insécurité règne dans le centre du pays, notamment à Bagdad. L’Irak est éparpillé entre un Kurdistan, au nord, quasi indépendant de facto, un Sud chiite où se concentrent les deux tiers des puits de pétrole, le Nord-Ouest tenu par Daech et le Centre autour de Bagdad.

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Mais « la situation politique est incontestablement en progrès depuis quelque temps », estime Karim Pakzad, spécialiste de la région à l’Iris (Institut des relations internationales et stratégiques). Car le gouvernement d’Haïder Al Abadi s’avérerait bien moins sectaire que celui de son prédécesseur, Al Maliki, qui favorisait les chiites. Sur le plan économique, la pauvreté reste un fléau comme au temps de Saddam Hussein, le chômage frappe un quart de la population et la corruption demeure prégnante. Le pays a rétabli de manière spectaculaire son industrie pétrolière. Malgré l’insécurité, la production a augmenté grâce aux prospections de firmes occidentales, russes et asiatiques dans le Sud. Elle a atteint 4,4 millions de barils par jour (Mb/j) en moyenne en 2016, au quatrième rang mondial derrière les Etats-Unis, la Russie et l’Arabie saoudite, avec des exportations records de 4,1 Mb/j en novembre, Alors que la production ne dépassait pas 1,5 Mb/j avant l’invasion de 2003 et même 3,5 Mb/j avant l’invasion du Koweït en 1991, quand le régime de Saddam Hussein était le chouchou des Occidentaux face à l’Iran des mollahs.

Cet essor pétrolier, illustré par une croissance de 7 % en 2016, est crucial puisque le pétrole, même s’il n’emploie que 1 % des actifs, fournit la moitié du PIB du pays et 90 % des recettes publiques. Alors que les besoins de reconstruction sont estimés entre 300 et 600 milliards de dollars. Soit quinze ans de revenus pétroliers. Ce qui explique pourquoi l’Irak accuse un des plus gros déficits publics de la planète, de 20 % en 2016.

Yves Bourdillon

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