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Les Kurdes syriens font les frais de la nouvelle entente russo-turque

Le président turc Recep Tayyip Erdogan veut absolument éviter la création d’un Etat kurde dans le nord de la Syrie.

Par  (Istanbul, correspondante)

Publié le 30 décembre 2016 à 10h31, modifié le 30 décembre 2016 à 10h51

Temps de Lecture 2 min.

Des soldats kurdes des YPG à Hassaké, dans le nord-est de la Syrie, le 20 août 2016.

Pendant que Moscou et Ankara finalisaient l’accord de cessez-le-feu pour la Syrie, l’agence turque Dogan annonçait le bombardement par l’aviation russe, dans la nuit de mercredi 28 à jeudi 29 décembre, de cibles de l’organisation Etat islamique (EI) à Al-Bab, dans le nord de la Syrie, où l’armée turque est en opérations. C’est la première fois que la Turquie, membre de l’OTAN, reçoit l’appui aérien de la Russie.

Ankara a lancé avec l’aval de Moscou, le 24 août, une offensive militaire baptisée « Bouclier de l’Euphrate » en Syrie, afin de repousser l’EI et les milices kurdes syriennes YPG vers le Sud. Après avoir chassé l’EI de plusieurs localités (Djarabulus, Al-Raï et Dabiq), l’armée turque et des rebelles syriens alliés se sont lancés depuis des semaines à la conquête d’Al-Bab, à une trentaine de kilomètres de la frontière. La ville est également convoitée par l’armée syrienne, positionnée au sud, mais aussi par les Kurdes syriens à l’est : elle représente pour eux le tremplin idéal pour réaliser la jonction entre les cantons kurdes du nord de la Syrie.

C’est à Al-Bab que l’armée turque a essuyé ses plus lourdes pertes, fin décembre : 16 morts et 2 soldats faits prisonniers. Au total, 38 militaires turcs sont morts en Syrie depuis le début des opérations. Ankara a eu beau réclamer un appui aérien de la coalition internationale emmenée par les Etats-Unis pour ses opérations à Al-Bab, celui-ci n’est jamais venu. Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, déjà excédé par le soutien apporté par les Etats-Unis aux YPG, y a vu un affront supplémentaire.

Les rebelles les accusent de collusion avec Assad

Washington perçoit les YPG comme de précieux alliés dans la lutte contre l’EI. Ils avancent depuis début novembre vers Rakka, « capitale » de l’EI en Syrie, appuyés par des forces spéciales américaines. Mais Ankara persiste à les voir comme les frères d’armes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), rébellion en guerre contre l’Etat turc depuis plus de trente ans.

La crainte de voir une filiale du PKK créer un Etat kurde dans le nord de la Syrie ravive le traumatisme du dépècement de l’Empire ottoman par les puissances occidentales, consacré en août 1920 par le traité de Sèvres. Jamais ratifié, le traité prévoyait, entre autres, la création d’un territoire kurde dans le sud-est de la Turquie. « Si nous cessons notre offensive, nous nous retrouverons avec un nouveau traité de Sèvres », a prévenu M. Erdogan le 22 décembre. La presse progouvernementale ressasse à l’envi le thème du « complot occidental » à l’œuvre pour démembrer le pays.

Les raids aériens russes sur Al-Bab augurent mal du sort des Kurdes syriens. Car le nouveau partenariat russo-turc s’est fait à leurs dépens. Prompt à leur accorder jadis un soutien de façade – aide militaire et ouverture d’une représentation kurde à Moscou en février –, le Kremlin les a laissés tomber. Marginalisés par Damas et par la rébellion syrienne, qui les accuse de collusion avec Bachar Al-Assad, les Kurdes du Parti de l’union démocratique (PYD) n’ont pas été conviés aux négociations prévues en janvier 2017 à Astana.

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