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Thierry Marx : « je propose aux jeunes de prendre leur destin en mains, de devenir libres »

Le chef cuisinier entrepreneurThierry Marx a reçu le prix de l’engagement sociétal par le cabinet de conseil et d’audit EY. En plus de son restaurant classé deux étoiles au Michelin, et de son rôle dans l’émission Top Chef sur M6, il a créé Cuisine, mode d’emploi(s), une formation culinaire pour jeunes en difficulté sur le marché de l’emploi.

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« L’utilité du social ne se voit pas directement, explique le chef Thierry Marx. On ne peut pas l’écrire ou le compter. C’est un lien invisible entre les employés, mais il faut le faire vivre. » (Les Echos / Thierry Meneau)
Publié le 29 déc. 2016 à 14:00

Qu’est-ce qui vous pousse dans la voie de l’entrepreneuriat social ?

L’entreprise qui réussit, elle est sociale ou n’est pas. La notion de social nourrit mon management, c’est-à-dire que j’applique dans l’entreprise ce que je dis ailleurs. Mes valeurs fondatrices : la fraternité, la confiance les uns envers les autres, et la confiance dans mon management. Je dis toujours tout à mes collaborateurs. L’exemple est la seule vraie autorité. Et si mes collaborateurs n’adhèrent pas à mes valeurs, je considère que j’ai échoué.

L’utilité du social ne se voit pas directement. On ne peut pas l’écrire ou le compter. C’est un lien invisible entre les employés, mais il faut le faire vivre. Pour cela, j’impose sept minutes tous les matins pour que toutes mes équipes prennent un café ensemble. Cela permet de casser les silos dans l’entreprise, de se reconnecter.

Je place la loyauté au-dessus de toutes les autres valeurs. Un jour, un de mes employés en cuisine est venu me voir en me disant qu’il partait dans un an. Je lui ai répondu que c’était gentil de prévenir parce qu’il est difficile de recruter dans ce secteur. Il m’a alors présenté trois CV de personnes aptes pour son poste. Cela résume tout ce que j’essaye de transmettre.

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DIAPORAMA : reportage à l'école de Thierry Marx

Au quotidien, vous êtes en cuisine. Qu’enseignez-vous à vos apprentis ?

J’apprends aux nouveaux à gérer le geste, le feu et le temps. Ce sont trois mouvements universels que j’enseigne par le biais de la cuisine, mais qui servent ensuite dans le reste de la vie.

Le geste, c’est l’attitude quand ils coupent, quand ils préparent, mais aussi par exemple quand ils me serrent la main. Le feu, c’est la cuisson mais c’est aussi la maîtrise de leur feu intérieur, de leurs humeurs. Le temps, c’est la ponctualité. Je leur dis que s’ils sont en retard, ou absents, c’est qu’ils n’étaient pas prêts. C’est qu’ils considéraient encore le retard comme une possibilité. Quand on est prêt, on n’est jamais en retard.

En cuisine, je leur apprends la rigueur. C’est un mot qui peut faire peur actuellement. Mais en japonais, « rigueur » s’inscrit dans la notion de projet, de but. On doit être rigoureux dans son projet.

Pour un apprenti, la rigueur passe par la tenue de son plan de travail. Et cette rigueur fait qu’on va le considérer différemment. L’estime n’est pas la même avec un employé sale et négligé qu’avec un autre propre et ordonné.

Thierry Marx : « Pourquoi les jeunes ne pourraient-ils pas quitter l’école dès 12 ans pour commencer un projet professionnel, décrocher leur premier contrat de travail ? »Les Echos / Thierry Meneau

Quelle importance donnez-vous au projet dans le monde professionnel d’aujourd’hui ?

Devant l’absence de solution politique à la crise que traversent beaucoup de jeunes, je leur propose de prendre leur destin en mains et de devenir des hommes libres en ne suivant pas les flux d’emploi. Pourquoi les jeunes ne pourraient-ils pas quitter l’école dès 12 ans pour commencer un projet professionnel, décrocher leur premier contrat de travail ? Quitte, bien sûr, à revenir vers des études plus tard s’ils le veulent.

L’important, c’est d’avoir un but. En entretien de recrutement, je pose toujours au candidat deux questions : pourquoi est-ce qu’il veut travailler avec moi, et où il se voit dans deux ans. Je veux ainsi le faire réfléchir sur son avenir et enclencher l’idée de l’épanouissement social.

Peu importe le temps de travail. L’important, c’est-ce que je fais de mon temps. Suis-je heureux dans ce que je fais ? Cela m’est-il utile ? Les collaborateurs sont en demande de ce genre de travail. Les demandeurs d’emploi préfèrent parfois en refuser un plutôt que d’accepter un travail anxiogène.

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EN VIDEO / Thierry Marx : «Pour entreprendre, il faut être un inconscient positif»

Emre Sari

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