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Dix expressions à éradiquer en 2017

Un homme fait signe à une enfant de faire silence. Rue des Archives/©Rue des Archives/OVRM

«AIlô, À l'huile», «À demain, À deux pieds»... Les jeux de mots et les bourdes ont été particulièrement florissants cette année. Tâchons de mettre, une fois pour toutes, un bon coup de désherbant sur ces satanées expressions! Florilège non exhaustif.

Des roulements d'yeux, des soupirs, des sourires gênés, des rires nerveux... Quelles grimaces n'avons-nous pas esquissées après les sempiternels «À deux pieds» de nos collègues sur le départ, les «Je dis ça, je dis rien» ponctués d'un clin d'œil ou les «Allô, à l'huile» de nos voisins de table, trop enjoués à l'idée de dégainer leur blague! Les expressions à «deux balles» qui ont fait «pan pan» toute l'année n'ont que trop duré.

Sur internet, au travail comme dans la rue, dans les médias comme sur les petits et grands écrans, les abus de langages et les mièvres expressions sont devenus banals. Aussi inséparables que les petits pois et les carottes. C'est dire... Alors passons-les une fois pour toutes à la casserole!

La rédaction vous propose une fricassée des expressions à bannir en 2017. En voici sa fine fleur.

● Il s'appelle reviens!

Par honnêteté déontologique, on ne vous cachera pas notre usage immodéré de l'expression mais comme l'a si bien dit un jour un prophète: «Que celui qui n'a jamais renommé ses surligneurs et ses stylos «Reviens», jette la première pierre.» Alors...

● Allô, à l'huile!

Le téléphone sonne. Vous tendez la main pour décrocher le combiné et lancer l'usuel «Allô» quand soudain, un voisin sorti de nulle part vous assène un puissant: «À l'huile». Le fier plaisantin a mis toutes ses tripes dans la mièvre expression. Il vous a même sûrement guetté pour être en phase avec votre «allô». Il ne faudrait surtout pas froisser sa création... Alors que faire? Au mieux il faudra esquisser un petit sourire crispé, au pire... eh bien, l'extrader au pôle Nord. Ça évitera la récidive!

Du même acabit qu'«à demain, à deux pieds» ou «Santé! Mais avec café!», l'expression «allô, à l'huile» est à jeter au bûcher. Personne ne vous tiendra rigueur de ce prompt jugement, quelque peu inquisitoire.

● Poisson d'avril!

Le farceur n'a pas de limites. Signe que son humour est impérissable et inépuisable, il est même capable de vous lancer un poisson d'avril sous le sapin. «Tu voulais un Apple pour Noël? Eh bien voilà une pomme! Poisson d'avril!» Ne cédez pas à l'envie de l'embrocher avec la dinde et poussez la blague du fier larcin. Gratifiez-le de petits surnoms marins: thon, morue, merluche... Ou offrez-lui un précis du vocabulaire alevin. Effet garanti, le pêcheur ne péchera plus!

● À l'année prochaine!

Et pourquoi pas à dans «trois ans»! S'il ne peut être reproché à votre interlocuteur sa prévenance (il vous dira tout de même au revoir pratiquement deux à trois semaines en amont du nouvel an) il faudra tout de même s'inquiéter de sa relation au temps. Aussi n'hésitez pas à lui proposer de bonnes lectures telles que Marcel Proust ou Barjavel, afin de soigner cette petite névrose...

Faites attention tout de même et n'agissez pas seul! Il pourrait s'agir ici du même plaisantin capable de vous souhaiter une joyeuse pâque à Noël et inversement...

● C'est clair!

On hésite à vous conseiller de répondre «c'est sombre» à chaque fois qu'un de vos collègues vous lancera «c'est clair» en lieu et place de «d'accord». Peut-être que la repartie manquera de clarté... Aussi, pour ne pas laisser votre ami dans l'obscurité, tâchez de l'éclairer avec un petit cours d'étymologie.

Le mot clair vient du latin clarus, «clair, brillant». Il a tour à tour pris les sens de ce qui est luisant, de ce qui n'est pas trouble comme l'écrivait La Fontaine dans la Colombe et la Fourmi au XVIIe siècle, de ce qui est manifeste ou bien encore de ce qui touche à la partie éclairée d'un tableau, mais jamais celui de «oui». Voilà qui devrait clarifier l'expression pour l'illuminé.

● Ça va comme un lundi!

Comme si la première journée de la semaine n'était pas assez compliquée à attaquer... il faut toujours qu'il y en ait un pour sortir la blague, en général assortie d'un petit clin d'œil ou d'un sourire en coin. Pour sortir de cette situation évitez le rire, car selon toute probabilité, vous aurez alors affaire à un récidiviste les prochaines semaines. Ou pire! À un récidiviste souffrant d'anachronismes capable, comme le farceur adepte du «poisson d'avril» de vous lancer «ça va comme un lundi» un jeudi ou un vendredi...

● Overbooké, great, conf-call, forward, asap, no-way, pitch...

Pas besoin de travailler dans le secteur de la communication pour souffrir de ces anglicismes au quotidien. Quand Nathalie, Charles ou Maxime vous disent qu'ils n'ont «plus le time» ou qu'ils sont «overbookés» (c'est selon) à cause des «conf-call» et des «pitch» qu'ils doivent réaliser «asap» avant que leur «boss» leur dise que leur mode «stand-by», c'est «no-way», on vous assure (sans trop exagérer) que c'est usant.

À l'instar des «great», «cool» ou «swag» qui ponctuent les phrases du quotidien, préférons la simplicité et le laconisme à la française: avec un hochement de tête ou un bref «oui». Les oreilles de vos amis peu «franglish» vous remercieront.

● J'ai envie de dire: Je dis ça, je dis rien!

Comment souligner le fait que l'on ne veut rien dire tout en le disant à haute voix? Étrange expression que celle de «je dis ça, je dis rien». À l'image de sa consœur «j'ai envie de dire», la prétérition semble bien couarde. Aussi, comme nous ne pouvons (jusqu'à la preuve du contraire) nous targuer d'avancer comme des justiciers masqués (ça, c'est le rôle de Zorro), osons tomber le masque!

● C'est un truc de ouf!

Généralement enrobées de locutions comme «ouais», «en même temps», «genre» ou «tu vois», l'expression «Truc de ouf» rejoint sans conteste la première place du podium des abus de langage cette année.

Si c'est faire (on vous le concède) une folie que d'écrire en bleu sur un formulaire où il est précisé «écrire en noir», quel intérêt y a-t-il à placer à tout va «ouf» quand il est question de déjeuner à la cantine ou de stylos qui ne fonctionnent plus? À moins que votre purée ou votre surligneur n'aient «altéré vos facultés mentales», le «truc de ouf» est à ranger avec la camisole.

● J'avoue c'est genre grave!

En rebond de toutes ces expressions, nous inclurons les locutions «genre», «grave» qui s'insèrent maladroitement dans les discussions du quotidien ou encore le sempiternel «j'avoue» (prononcé j'avouuuue) qui indique clairement la culpabilité de son auteur. Si la contribution à l'enrichissement sémantique de la langue française est indéniable, évitons tout de même ce déplacement de lexique pour platement signifier un bref «oui».

Bonus : «Merki», «oki doki» ou «c'est celui qui dit qui est», «qui chasse perd sa place» nous ont fait rire à l'école primaire. Fin de l'histoire.

Erreurs de syntaxe ou d'orthographe, faites-nous part de vos remarques à orthographe@lefigaro.fr

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21 commentaires
  • Chavenon Jean

    le

    Et si je dis "à demain...si on veut bien!" façon Lucien Jeunesse ou "Santé...mais pas des pieds!", je vais avoir un mot sur mon carnet?
    Article totalitaire bobo de l'île saint louis.

  • hibiscus soleil

    le

    Cette dictature est dingue. On en a marre de vos slogans gauchos du type "vivre ensemble " ou "pollution !!!" Dès qu'il fait beau. Si j'ai envie de dire "comment vas-tuyau de poil" ? Je risque combien d'emprisonnement ?

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