Paris : la pollution, même sans bouchons

ENVIRONNEMENT. Les niveaux de particules fines vont rester importants aujourd'hui en région parisienne alors que le trafic automobile est moins dense. En cause, le chauffage.

Paris, hier. Le seuil d’information pour la pollution aux particules fines a été dépassé dans une capitale sous le brouillard.
Paris, hier. Le seuil d’information pour la pollution aux particules fines a été dépassé dans une capitale sous le brouillard. LP/OLIVIER ARANDEL

    De Toulouse (Haute-Garonne) à la vallée de l'Arve (Haute- Savoie) en passant par la région parisienne, une grande partie de la France suffoque à nouveau à cause de la pollution. A Paris, le seuil d'information — plus de 50 microgrammes par mètre cube d'air — a été dépassé deux jours d'affilée, jeudi et hier, pour les particules fines. Et aujourd'hui encore les niveaux devraient être soutenus : entre 40 et 50 microgrammes par mètre cube. Ironie du sort, on a soufflé hier les 20 ans de la loi qui instaure l'obligation de surveillance de la qualité de l'air par l'Etat et définit des objectifs de qualité.

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    La maire (PS) de Paris, Anne Hidalgo, a demandé dès jeudi, en vain, la mise en place de la circulation alternée, comme le permet un arrêté du 15 décembre autorisant des mesures d'urgence dès le deuxième jour consécutif de pollution. Pourtant, sur les routes franciliennes, on est bien loin de la cohue. Hier matin, un peu avant 10 heures, on frôlait... les 10 km de bouchons ! Rien à voir avec les 380 à 400 km qui peuvent s'accumuler en période scolaire. De quoi faire jubiler Pierre Chasseray, président de l'association 40 Millions d'automobilistes : « On pointe la circulation routière comme seule responsable de la pollution atmosphérique, mais ce nouvel épisode en période de faible trafic montre qu'il y a en bien d'autres. »

    Une journée de feu de cheminée, c'est 3 500 km en voiture diesel

    Airparif, l'association en charge de la surveillance de la qualité de l'air, relativise. Selon elle, si le trafic aux heures de pointe a diminué de 30 %, « il ne baisse que de 10 % sur l'ensemble de la journée et reste responsable de près de la moitié des émissions ». Les niveaux de pollution liés à la voiture ne seraient donc qu'« un peu moins élevés qu'ils ne l'auraient été en période scolaire », estime Charlotte Songeur, ingénieur à Airparif.

    L'autre moitié des émissions de particules serait causée par le chauffage au bois. L'association rappelle qu'une journée de feu de cheminée équivaut à 3 500 km parcourus par une voiture diesel. « Les gens ne sont peut-être pas suffisamment conscients que des gestes simples — utiliser un bois sec, préférer des appareils labellisés Flamme verte, par exemple — peuvent réduire la pollution », poursuit Charlotte Songeur. « C'est vrai, il n'y a pas de pédagogie et peu de mesures pour réduire les émissions liées au chauffage au bois, abonde Benoît Hartmann, porte-parole de France Nature Environnement. Mais il ne faut pas se cacher derrière les feux de cheminée. Nous avons aussi des pics en été. Le trafic demeure le principal coupable. »

    Reste un dernier ingrédient inhabituel : le temps. Le mois de décembre a été le plus sec depuis cinquante ans et l'ensoleillement a battu des records (deux fois la normale sur un quart nord-est, 233 % de plus dans la capitale). Une météo qui ne favorise pas la dispersion des polluants.