Il est possible de bricoler un drone sous-marin pour moins de 400 euros

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Lors d’un discours prononcé à l’occasion de l’inauguration de la chaire « Grands enjeux stratégiques » à La Sorbonne, en janvier, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian avait souligné que des acteurs non-étatiques disposaient désormais de capacités dites « nivelantes », susceptibles de « grignoter » la supériorité technologique des armées occidentales.

« De plus en plus de pays et même de proto-Etats savent élaborer des réseaux informatiques sophistiqués, utiliser des mini-drones low-cost […] à des fins d’observation, ou même guider des munitions à partir de technologies commerciales. Comme chacun peut l’observer avec les derniers modèles de téléphone portable, il n’est plus nécessaire de disposer de connaissances poussées, ou d’une lourde infrastructure de soutien, pour bénéficier d’une puissance de calcul et de possibilités multimédias qui, hier encore, étaient inimaginables sur le terrain », avait alors expliqué le ministre.

Mais ces capacités « nivelantes » ne concernent pas seulement le domaine du C4ISR (Computerized Command, Control, Communications – Intelligence, Surveillance, Reconnaissance). Ainsi, en août, le Foreign Military Studies Office (FMSO), un centre de recherche et d’analyse de l’US Army, a publié un rapport [.pdf] dans lequel étaient présentés 21 exemples d’armes commandées à distance mises en oeuvre par des groupes armés libyens et syriens, dont l’État islamique et le Fateh al-Cham (ex-Front al-Nosra).

Dans un des cas analysés par le FMSO, l’on peut ainsi voir un petit véhicule télécommandé doté d’une arme pouvant être actionnée à distance.

L’apparition sur le marché de cartes-mères à très bas prix (quelques dizaines d’euros selon les modèles), comme celle appelée Raspberry Pi, a de quoi favoriser la mise au point de systèmes « nivelants ».

Pour peu que l’on ait des connaissances en électronique, en robotique et en informatique (notamment le langage Python), l’on peut trouver de nombreuses applications fonctionnant avec le Raspberry Pi : émetteur radio, serveur, robot, drone aérien, ordinateur de bord doté d’un GPS tactile, supercalculateur (en utilisant une bonne trentaine de Raspberry Pi, pour un coût de 1.500 euros)… Et même un drone sous-marin (ou ROV, pour remotely operated vehicle) filoguidé.

C’est en effet ce qu’a réussi à réaliser Niels Affourtit, un ingénieur néerlandais, avec un budget de 350 euros « seulement ». Étant donné que son travail consiste à concevoir des pipelines offshore, il n’est donc pas parti de rien, le calcul de pressions d’effondrement étant son lot quotidien.

Après avoir effectué des recherches (et consulté le site openrov.com), Niels Affourtit [cf sur Youtube] s’est donc lancé dans la construction de son drone sous-marin. Pour cela, il s’est procuré (entre autres) d’un Raspberry Pi B+, de capteurs de mouvement, de pression et de température, de supports et de modules de caméra, d’un contrôleur de joystick USB, d’un moteur électrique, de batteries Lithium-Polymère et d’un câble éthernet. Pour la propulsion, il a eu recours à une imprimante 3D pour les hélices de l’appareil. Idem pour le mécanisme d’inclinaison de la caméra (un Hero GoPro).

Au final, son drone sous-marin, qui a encore le défaut d’être filoguidé étant donné que les informations passent par le câble éthernet, peut plonger au moins à 12 mètres de profondeur (mais il serait possible de descendre encore plus bas) et transmettre, en temps réel, sur l’écran d’un ordinateur portable, des images ainsi que différentes données comme la pression et la température de l’eau.

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