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11 bonnes raisons pour dire que la planète ne va pas si mal

En 2016, ces événements et avancées ont permis à la planète et à l'environnement de respirer un petit peu.
par SERVICE ETRANGER
publié le 31 décembre 2016 à 13h29

«La maison brûle», l'Arctique fond, les guépards sont au bord de l'extinction, un climatosceptique a été nommé à la Maison blanche... Le constat est accablant : notre planète est à bout de souffle. Pourtant, quelques rayons de soleil, survenus en 2016, lui ont donné un peu de répit, voire de quoi espérer de jours meilleurs.

1) Ces animaux vont mieux

En partie grâce aux Directives oiseaux et habitats de l'Union européenne, plusieurs grands mammifères ont été réintroduits en Europe. Il y aurait ainsi actuellement entre 9 000 et 10 000 lynx boréals en Europe (hors Russie, Biélorussie et Ukraine), soit 18% de l'effectif mondial. Il y en avait quatre fois moins il y a 50 ans.

A l'autre bout du continent, le panda voit aussi ses conditions de vie s'améliorer. Depuis septembre, le mammifère préféré des Chinois n'est plus considérée comme une espèce «en danger» d'extinction, selon l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) qui l'a retiré de sa fameuse liste rouge. En une décennie, le nombre de pandas à travers le monde aurait augmenté de 17 %, résultat d'un travail politique de longue haleine mené par le gouvernement chinois.

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Après plus d'un siècle de déclin, le nombre de tigres sauvages a aussi augmenté pour la première fois en 2016. Sur la base des données de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) et des dernières études nationales, le WWF et le Global Tiger Forum (GTF) ont répertorié 3 890 tigres, contre 3 200 en 2010. L'Inde, la Russie, le Népal et le Bhoutan font figure de bons élèves, avec une population en constante augmentation. L'Inde abrite plus de la moitié des tigres dans le monde, avec 2 226 spécimens recensés contre 1 706, il y a six ans.

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2) La couche d'ozone se rebouche

Une étude américaine, publiée fin juin dans la revue américaine Sciences, révèle que le trou de la couche d'ozone au-dessus de l'Antarctique se résorbe. Selon les scientifiques, il a diminué en seize ans de plus de 4 millions de km2, soit environ la moitié de la superficie des Etats-Unis. Selon leurs prévisions, une résorption complète de la couche d'ozone est prévue avant 2050.

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La diminution de l’épaisseur de la couche d’ozone a été causée, en grande partie, par l’émission de chlorofluorocarbures (CFC). Ce qui nous mène à la bonne nouvelle suivante : la signature de l'accord de Kigali.

3) Kigali: un nouvel accord modèle sur le climat

Le 15 octobre, a été signé de manière assez discrète un accord majeur pour notre planète. Sous la forme d'un amendement au protocole de Montréal, qui interdit les gaz CFC, 150 états se sont entendus pour interdire progressivement l'utilisation des gaz hydrofluorocarbures (HFC), des super polluants, fabriqués industriellement, que l'on trouve dans les réfrigérateurs et les climatiseurs. Ils ne sont pas présents en grande quantité dans l'atmosphère et ont une courte durée de vie, mais ont un potentiel de réchauffement plusieurs milliers de fois supérieur au dioxyde de carbone (CO2). Le comble est que ces gaz ont été massivement utilisés à partir des années 90, pour remplacer les gaz CFC, responsables d'une partie de la destruction de la couche d'ozone et interdits par le protocole de Montréal.

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4) L'Accord de Paris a été ratifié en 10 mois

Concorde et félicité : en ce 4 novembre de l’an 2016, l’Accord de Paris, qui vise à contenir la hausse des températures et lutter contre le dérèglement climatique, est entré en vigueur. Il aura fallu un peu plus de 10 mois pour obtenir la ratification de 55 pays représentant au moins 55% des émissions de gaz à effet de serre. Ce texte, adopté en décembre 2015 à Paris, vise à contenir la hausse des températures à l'échelle globale et lutter contre le dérèglement climatique. Ils restent maintenant aux Etats signataires à respecter leurs engagements pris pour la COP 21. Fin 2016, 120 parties avaient ratifié l'Accord de Paris.

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5) Notre-Dame-des-Landes : les travaux n'ont pas commencé

La projet d'aéroport, prévu pour désengorger celui de Nantes (Loire-Atlantique), a maintenant une cinquantaine d'années. Malgré la majorité de "oui" exprimés lors du référendum local du 26 juin, la construction n'a pas débuté. Manuel Valls, un de ses plus fervents défenseurs à gauche avait promis, quand il était premier ministre, de mettre fin à la contestation, et d'évacuer la ZAD (Zone à défendre) construite sur place par les opposants. Ces derniers dénoncent les expropriations de terres agricoles et la destruction des zones humides que le projet impliquerait. Le 11 octobre, Valls assurait : «l'évacuation, c'est pour cet automne». Le 18 octobre, que l'aéroport «se fera». Le 15 novembre, que les travaux devront débuter «dès que possible». Sa démission, le 6 décembre, a donc signé la fin de cette offensive. Son remplaçant, Bernard Cazeneuve, considère, lui, qu'une intervention des policiers et gendarmes dans la ZAD  risquerait de provoquer un «Sivens puissance 27», autrement dit une bataille rangée pouvant causer des morts. Les militants pourraient ainsi avoir gagné six mois de répit, car le gouvernement n'osera sûrement pas tenter l'affrontement, avant l'élection présidentielle de mai 2017.

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6) Obama en héraut écolo

Depuis l'élection de Donald Trump et la nomination de plusieurs climatosceptiques et amoureux des énergies fossiles pour sa future administration, Barack Obama s'est lancé dans une campagne de sanctuarisation des terres et eaux américaines. Le 20 décembre, le président américain a interdit tout nouveau forage de gaz ou de pétrole dans de vastes zones de l’océan Arctique. Il a aussi fait de plusieurs territoires fédéraux des monuments nationaux, notamment dans l'Utah et le Nevada. Pendant son dernier mandat, il en aurait ainsi créé 29, protégant ainsi 215 millions d'hectares. Le 31 août, il a aussi inauguré l'élargissement de la réserve marine de Papahānaumokuākea à Hawaï, son Etat natal, devenue ainsi la plus grande au monde avec 1,51 million de km², soit près de trois fois la superficie de la France métropolitaine.

Obama a aussi avancé sur le front des énergies fossiles. Après avoir stoppé la construction du pipeline Keystone XL, fin 2015, il a arrêté temporairement de projet d'oléoduc Dakota Access, dans le Dakota du Nord, le 19 décembre dernier. Il y a cependant de grandes chances que Donald Trump donne son aval, une fois arrivé au pouvoir le 20 janvier, pour que la construction redémarre.

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7) Justin Trudeau fait quelque chose pour l’environnement

Le premier ministre canadien a suivi son homologue et modèle américain, le 20 décembre, en sanctuarisant les mers arctiques du pays pour cinq ans, bloquant ainsi les forages pétroliers et gaziers. Un mois plus tôt, le premier ministre libéral annonçait la fermeture des centrales à charbon du pays d’ici 2030. Début octobre, c'est une taxe carbone que Trudeau a déclaré vouloir imposer à toutes les provinces, à compter de 2018.

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8) De plus en plus d'énergies renouvelables 

Le secteur mondial des énergies renouvelables va plus que bien. Selon l'Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA), environ 5,3 millions GWh ont été produits, en 2015, par des sources d'énergies vertes, contre 3,4 millions en 2006. Cette progression se ressent surtout en Europe et en Asie, deux continents où la production a doublé en dix ans. Pour l'éolien, l'augmentation est aussi impressionante: 700 000 en 2015 pour 131 000 GWh en 2006 (X5,3). Pour le solaire, c'est une explosion : 6 150 GWh en 2006 à 200 000 GWh en 2015 (X35,5). La progression en 2016 promet d'être encore plus spectaculaire.

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9) La loi sur la biodiversité a été votée en France

La loi sur la biodiversité a été votée le 20 juillet par le Parlement, après deux ans de pénible gestation au gouvernement puis deux ans de rebondissements législatifs. Saluée par de nombreuses ONG environnementalistes, elle promet d'importantes avancées. Les pesticides néonicotinoïdes tueurs d'abeilles seront interdits à compter du 1er septembre 2018, avec des dérogations possibles jusqu'au 1er juillet 2020, dans les cas où il n'y aurait pas de produits ou de méthodes de substitution disponibles. L'Agence française de la biodiversité (AFB), promise par François Hollande lors de la première conférence environnementale en 2012, a pu être créée le 23 décembre. Cet établissement public à caractère administratif regroupera les quelque 1 200 agents de quatre organismes existants: l'Office national de l'eau et des milieux aquatiques (Onema), l'Atelier technique des espaces naturels, l'Agence des aires marines protégées et les Parcs nationaux. A l'initiative du Sénat, et après moult péripéties, la loi sur la biodiversité prévoit aussi l'inscription du préjudice écologique dans le code civil, selon le principe du «pollueur-payeur».

Le texte de loi a aussi permis à la France de ratifier le protocole international de Nagoya, qui réglemente l'accès aux ressources génétiques naturelles (des plantes par exemple) et le partage de leur utilisation. Par ailleurs, il prévoit la création de zones de conservation halieutiques et la création de la cinquième plus grande réserve marine du monde dans les eaux des Terres australes françaises, officialisée fin décembre par Ségolène Royal.

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10) La Cour pénale internationale s'intéresse aux crimes environnementaux

Grâce à une décision de Fatou Bensouda, la procureure générale, la Cour pénale internationale (CPI), qui juge entre autres des affaires de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité, a élargi son champ d'action aux crimes liés à «l'exploitation illicite de ressources naturelles», à «l'appropriation illicite de terres ou à la destruction de l'environnement».

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11) Des jeunes Américains attaquent l’Etat pour leur droit à vivre dans un environnement sain

Pour garantir la protection de leur planète, 21 enfants et jeunes Américains ont décidé d'utiliser la justice. En 2015, ils ont intenté un procès au gouvernement américain pour son implication dans le changement climatique et son inaction à lutter contre. Avec l'aide de leurs avocats, ils revendiquent comme un droit constitutionnel de vivre dans un environnement sain. Ils accusent donc le gouvernement de n'agir sciemment qu'avec des objectifs de courte durée, et sans prendre en compte les conséquences de leurs actes pour les générations futures.

Ces enfants pourraient bien obtenir gain de cause. Le 10 novembre, le juge fédéral Ann Aiken a permis à la procédure de continuer son chemin, en estimant qu'un climat stable est un droit constitutionnel fondamental. Le procès Juliana vs. Etats-Unis devrait donc débuter en 2017 et pourrait finir devant la Cour suprême, pour peut-être créer un précédent historique pour le droit environnemental.

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