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2017, l'année présidentielle en six questions

Le changement, c'est bientôt. D'abord marquée par la fin du quinquennat de François Hollande, l'année 2017 verra les premiers pas d'un nouveau président. À la charnière de ces deux périodes, la longue séquence électorale du printemps (présidentielle et législatives, de la fin avril jusqu'à la mi-juin) donnera à la France son cadre politique pour cinq ans. Entre la menace du terrorisme et les promesses de changements radicaux, que faut-il attendre de cette année sous haute tension? Au moins la réponse à ces six questions-clés.

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Emmanuel Macron en déplacement à Châlons-en-Champagne le 1er septembre (Eric Baudet/Divergence)
Emmanuel Macron en déplacement à Châlons-en-Champagne le 1er septembre (Eric Baudet/Divergence) © Emmanuel Macron en déplacement à Châlons-en-Champagne le 1er septembre (Eric Baudet/Divergence)

Emmanuel Macron en déplacement à Châlons-en-Champagne le 1er septembre (Eric Baudet/Divergence)

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1. Marine Le Pen peut-elle percer le "plafond de verre"?

La présidente du FN peut espérer des vents favorables jusqu'à l'élection. Les partis nationalistes progressent dans toute l'Europe, sur fond de malaise identitaire et de revendication sécuritaire. Mais sa stratégie de "dédiabolisation" ne lui a pas permis jusqu'ici de franchir la barre des 50% pour conquérir un grand exécutif. Le FN détient une dizaine de mairies mais aux régionales de 2015, un sursaut massif des électeurs a empêché sa victoire dans les Hauts-de-France et en Paca. De même, si les sondages placent souvent Marine Le Pen en tête au premier tour de la présidentielle, ils annoncent toujours sa défaite au second. Aussi mise-t-elle sur une campagne moins clivante (sous le slogan bateau : "Au nom du peuple") et le recrutement d'experts pour être moins anxiogène. Avec le risque de décevoir un électorat mobilisé par le rejet de l'immigration – et de laisser s'installer les divisions au sein de son parti. Sauf qu'un "effet Trump" ne paraît plus impossible…

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Lire aussi : Guy Deballe, figure de la dédiabolisation du Front national

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2. François Fillon peut-il être élu sans renier son programme?

Triomphateur de la primaire de droite, il entamera l'année en position de favori. Mais la campagne sera longue et ses adversaires vont concentrer sur lui leurs attaques. Plusieurs points de son projet font l'objet de contestations et/ou d'incompréhensions : réduction massive du nombre d'agents publics, déremboursement de certains traitements par la Sécurité sociale (sur lequel il a déjà reculé en partie), dégressivité de l'allocation chômage, allongement du temps de travail "jusqu'à la limite de 48 heures", facilitation du licenciement… S'il veut rassembler l'électorat traditionnel de la droite, ménager les centristes et attirer les classes populaires, le tout sans braquer les syndicats, Fillon devra se raviser sans se renier. Durant la primaire, sa promesse d'une rupture radicale a été un moteur ; elle peut devenir un piège.

3. Emmanuel Macron peut-il révolutionner la vie politique?

Il finit 2016 comme une météorite ; provoquera-t-il un big bang en 2017? Alors que son mouvement revendique déjà plus de 100.000 adhérents (inscription gratuite, il est vrai) et une place centrale dans le jeu politique, son calcul est à la fois ambitieux et simple : si la primaire de janvier ringardise le PS et accouche d'un candidat peu légitime, un boulevard s'ouvrira devant lui – d'autant qu'avec Fillon, la droite s'est donné un candidat nettement conservateur.

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Sauf que son hostilité affichée au PS, si elle lui permet de surfer sur le discrédit des partis, lui interdit de se poser en rassembleur de la gauche – dans ces conditions, comment accéder au second tour? Sa jeunesse aussi est un atout autant qu'un handicap : pour convaincre un pays angoissé par la crise et le terrorisme, il ne devra pas seulement se montrer capable de réformer mais de gouverner. Gagnant ou perdant, il promet en tout cas de s'engager "pour longtemps". Météorite oui, étoile filante, non.

4. La gauche peut-elle se recomposer sans se décomposer?

Sur le papier, ce qui fut la majorité de François Hollande en 2012 aborde la présidentielle plus divisée que jamais. Avec Macron, Mélenchon et le futur vainqueur de la primaire socialiste, trois gauches quasi égales (autour de 15% dans la plupart des sondages) vont s'affronter.

Des "gauches irréconciliables", selon l'expression de Manuel Valls? On peut le penser, tant la campagne va souligner leurs différences et tant le retrait du président sortant laisse le PS affaibli. Si son représentant (Valls, Montebourg ou un autre) était devancé par Macron ou Mélenchon (ou les deux), ce serait sans doute la mort du parti créé en 1971 par François Mitterrand pour conquérir le pouvoir, puis pour le garder. S'ouvrirait alors une longue parenthèse dans l'histoire de la gauche de gouvernement, une parenthèse désenchantée.

5. Le nouveau président pourra-t-il réformer?

Tous les principaux candidats à la présidentielle (Valls mis à part) portent un programme de réformes radical – Le Pen sur l'Europe et l'immigration, Fillon sur le droit du travail, Macron sur l'économie, Montebourg sur les aides aux PME françaises, Hamon sur le revenu universel, Mélenchon sur la fiscalité. Celui qui sera élu pourra-t-il l'appliquer ? Rien n'est moins sûr. Les manifestations contre la loi travail, au printemps, ont sonné comme un avertissement.

Quoique doté d'une majorité à l'Assemblée, le gouvernement a dû céder et modifier son texte sans même que les syndicats aient réussi à créer une situation de blocage. La réduction des effectifs de la fonction publique, la modernisation de l'Éducation nationale, la fin des régimes spéciaux de retraite sont des priorités largement partagées par-delà les clivages politiques mais l'opinion reste divisée sur les moyens d'y parvenir. Quel que soit le prochain chef de l'État, son automne risque d'être chargé… et agité.

Lire également l'interview d'Emmanuel Macron qui "en appelle à tous les progressistes"

6. Quel avenir pour François Hollande et Nicolas Sarkozy ?

En mai 2017, la France comptera quatre anciens présidents, dont les deux derniers. L'échec de Nicolas Sarkozy dans sa tentative de retour , suivi de peu par la renonciation de François Hollande à se représenter, scellent la fin d'un chapitre de notre histoire politique sans que l'on sache encore de quoi leur retraite sera faite. Outre qu'il devra se défendre devant la justice dans plusieurs affaires, Sarkozy devrait poursuivre son activité de conférencier international mais aussi chercher une nouvelle carrière dans l'entreprise ou la finance – on lui a parfois prêté l'intention de créer un fonds d'investissement. Comme lui, Hollande ne compte pas siéger au Conseil constitutionnel, dont il sera membre de droit dès la fin de son mandat. Son entourage laisse entendre qu'il serait intéressé par une fonction internationale mais peu de postes peuvent échoir à un ancien chef d'État.

La présidence du Conseil européen sera libre en juin, mais le calendrier paraît bien serré et les équilibres politiques entre les pays membres compromettent ce scénario. L'hypothèse d'un retour en politique nationale (comme Valéry Giscard d'Estaing, qui redevint parlementaire et président de région) ne peut être écartée : à son départ de l'Élysée, Hollande aura 62 ans. Même s'il on peut parler à son propos de "carrière longue" (il a commencé la politique à 20 ans), ce n'est pas l'âge de la retraite.

Source: JDD papier

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