La Bibliothèque Nationale fait peau neuve dans la rue de Richelieu

Des kilomètres de couloirs mal reliés, une trentaine d'escaliers qui ne menaient parfois nulle part, un système électrique hors d'âge... Le quadrilatère Richelieu, « maison-mère » de la Bibliothèque Nationale était au bord de la thrombose. Après quatre ans de chantier, l'architecte Bruno Gaudin livre la première phase d'une rénovation aussi colossale que subtile.

Par Luc Le Chatelier

Publié le 02 janvier 2017 à 17h28

Mis à jour le 08 décembre 2020 à 03h30

Depuis le départ en 1996 des livres et périodiques à la bibliothèque François Mitterrand, dans le 13e arrondissement de la capitale, le site historique de la Bibliothèque Nationale, rue Vivienne (2e arrondissement), abrite les collections et les salles de lecture des départements des Manuscrits, Cartes & Plans, des Estampes & Photographies, des Monnaies et Médailles, et des Arts du spectacle. De plus, ces bâtiments accueillent la bibliothèque de l'Institut national d'Histoire de l'art (INHA) et, depuis peu, celle de l'École des Chartes.

Métamorphoses d'une architecture

Fondée ici même en 1720 dans l'ancien hôtel de Nevers par l'abbé Bignon, la Bibliothèque Royale, Impériale ou Nationale au gré des régimes, n'a cessé de pousser les murs pour gagner de la place : 1733, Robert de Cotte ferme la cour d'honneur avec deux ailes massives. 1833, une galerie réunit l'hôtel Tubeuf et le Palais Mazarin. 1868, l'architecte Henri Labrouste construit la si singulière salle de lecture aux coupoles semblables à des parapluies soutenus par de fines colonnes de fonte, ainsi que le magasin central attenant, un bâtiment-étagère tout en fer que rehaussera, quatre-vingt-dix ans plus tard Michel Roux-Spitz. En 1936, la BN occupe enfin tout l'îlot après l'inauguration de la salle Ovale, conçue par Jean Louis Pascal...

Unité fonctionnelle

2007, Bruno Gaudin et Virginie Bregal, architectes associés, s'interrogent : « Que faire de cette accumulation incroyable et disparate de bâtiments et d'époques ? » Leur réponse,  qui sera officiellement inaugurée mercredi 11 janvier par le Président de la République, est aussi radicale que quasiment imperceptible, tant elle est évidente. D'abord, il s'agissait, à l'échelle du site, outre les questions de mises aux normes de sécurité, de repenser la distribution et les circulations afin de donner une unité fonctionnelle à l'ensemble : création d'ascenseurs et de cages d'escaliers « de la cave au grenier », construction d'une passerelle de verre pour rejoindre les deux ailes de la cour d'honneur, percements de couloirs filants d'un bâtiment à l'autre (ce qui a posé d'incommensurables problèmes de niveaux), constitution d'un vaste hall d'accueil traversant qui ouvre à la fois sur la rue Vivienne et la rue de Richelieu.

Destruction des cache-misères

Après, il s'est agi de soigner les détails, en s'attachant à la conservation de l'esprit des lieux, et pas forcément à la matière. Pour la salle Labrouste, classée, la question ne se posait pas : cette petite merveille de kitsch second empire a juste été « nettoyée » par Jean-François Lagneau, architecte en chef des monuments historiques. Pour le reste, soumis à aucune protection particulière, tout était possible, même la démolition. Ce qui advint pour certains ajouts et édicules mal venus, plus une foule de cloisons, faux plafonds et autres cache-misères dont les strates encombraient tous les recoins. « Pour le magasin central, qui ne répondait plus aux normes anti-incendies, on a hésité, reconnaît Bruno Gaudin. Mais cette structure métallique à claires-voies sur quatre niveaux dessinée par Labrouste, puis rehaussée et consolidée par Roux-Sptiz dans les années 1950, nous est vite apparue comme un pur chef d'œuvre d'architecture industrielle. Pour la garder, la négociation avec les pompiers fut longue, mais fructueuse... »

Reprise des travaux en 2017

Aujourd'hui, totalement rénové et tout à fait conforme, le magasin central a non seulement conservé sa vocation première de stockage, mais il est aussi devenu une salle de lecture intime et studieuse pour les étudiants de l'INHA. Pendant ce temps, à l'autre bout du site, dans l'aile Richelieu, où se sont réfugiés les Arts du spectacle, une modernité assumée a fait son entrée : la salle de lecture du département, déco bois clair, joue résolument la carte 2016 pur jus… Reste maintenant à entamer, au printemps, la deuxième phase des travaux – qui viseront cette fois l'aile Vivienne et la magnifique salle Ovale, destinée à l'accueil du grand public – pour une livraison prévue en 2020. Si possible « avant les élections municipales ».

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