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Les compagnies pétrolières reprennent le chemin de l’Iran

Selon plusieurs médias iraniens, vingt-neuf sociétés européennes et asiatiques ont été retenues pour participer aux futurs appels d’offres pour développer des gisements de pétrole et de gaz.

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Publié le 03 janvier 2017 à 14h06, modifié le 03 janvier 2017 à 14h46

Temps de Lecture 4 min.

Une Iranienne dans une station-service, à Téhéran, en 2010.

Les compagnies pĂ©trolières reprennent le chemin de l’Iran, un an après l’entrĂ©e en vigueur effective de la levĂ©e des sanctions internationales dĂ©crĂ©tĂ©es en 2012 contre la RĂ©publique islamique pour l’obliger Ă  renoncer Ă  son programme nuclĂ©aire militaire. Plusieurs mĂ©dias, Ă  TĂ©hĂ©ran, ont annoncĂ©, mardi 3 janvier, que vingt-neuf sociĂ©tĂ©s europĂ©ennes et asiatiques – mais aucune amĂ©ricaine â€“ avaient Ă©tĂ© retenues pour participer aux futurs appels d’offres pour dĂ©velopper des gisements de pĂ©trole et de gaz. Le ministère du pĂ©trole doit les lancer en 2017, mais il n’a encore fourni aucune date.

Les Iraniens ont amĂ©liorĂ© la nature des contrats pour rendre les projets plus attractifs et plus rĂ©munĂ©rateurs pour les compagnies internationales. Alors que l’accord sur le nuclĂ©aire de juillet 2015 Ă©tait en pleine discussion, les pĂ©troliers Ă©trangers avaient discrètement repris contact avec leurs homologues iraniens.

Peut-on se passer de l’Iran ? MĂŞme si son pĂ©trole brut n’est pas de la meilleure qualitĂ© et qu’il nĂ©cessite un raffinage important, le pays dispose de 9,3 % des rĂ©serves de brut, si l’on tient compte des huiles extralourdes et des sables bitumineux dans ce classement. Il arrive derrière le Venezuela (17,7 %), l’Arabie saoudite (15,7 %) et le Canada (10 %), mais devant l’Irak (8,4 %).

Total, première compagnie occidentale à revenir en Iran

En outre, l’Iran possède les deuxièmes rĂ©serves de gaz de la planète derrière la Russie, notamment grâce au gisement gĂ©ant de South Pars (« Perse du Sud Â») qu’il partage avec le Qatar dans les eaux du golfe Arabo-Persique. Jusqu’à prĂ©sent, le petit Ă©mirat avait une très grande longueur d’avance dans l’exploitation de ces richesses gazières, vendues dans le monde entier sous forme de gaz naturel liquĂ©fiĂ© (GNL).

Trois compagnies, Shell, Gazprom et Total, ont signĂ© des prĂ©contrats avec l’Iran. PrĂ©sent depuis 1954, Total a paraphĂ©, le 8 novembre, un accord prĂ©voyant un investissement de 4,8 milliards de dollars (4,62 milliards d’euros) pour exploiter du gaz dans le golfe Persique – ce qui fait du groupe dirigĂ© par Patrick PouyannĂ© la première compagnie occidentale du secteur pĂ©tro-gazier Ă  revenir en Iran.

Le ministre du pĂ©trole iranien, Bijan Namdar Zanganeh, avait alors soulignĂ© que le groupe avait « toujours Ă©tĂ© un pionnier et […] acceptĂ© [par le passĂ©] de venir en Iran dans des conditions difficiles Â». Total a affrĂ©tĂ©, dès fĂ©vrier 2016, le premier navire-citerne de brut iranien Ă  destination de l’Europe.

De son cĂ´tĂ©, l’anglo-nĂ©erlandais Shell a conclu, un mois plus tard, trois protocoles pour dĂ©velopper les champs pĂ©troliers d’Azadegan-Sud et de Yadavaran, et le gisement gazier de Kish (sud). Quant au russe Gazprom, il a profitĂ© des relations entre TĂ©hĂ©ran et Moscou pour obtenir de possibles droits sur deux champs dans l’ouest du pays.

L’Iran, seule, ne peut développer ses immenses ressources

D’autres grandes compagnies ont Ă©tĂ© retenues pour les appels d’offres probablement lancĂ©s au dĂ©but de 2017 : l’italien ENI, très actif ces dernières annĂ©es, le russe Lukoil (et toujours Gazprom), les chinois CNPC et Sinopec, le malaisien Petronas, les japonais Japan Petroleum Exploration et Mitsubishi, les sud-corĂ©ens Korea Gas Corporation et Posco Daewoo. La National Iranian Oil Company (NIOC) ne peut, faute de moyens financiers et techniques suffisants, exploiter seule les immenses ressources en hydrocarbures du pays.

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Plusieurs grandes compagnies manquent nĂ©anmoins Ă  l’appel, un signe clair que tous les contentieux sont loin d’être rĂ©glĂ©s entre la RĂ©publique islamique et les Occidentaux. Les propos de Donald Trump n’excluant pas de remettre en cause l’accord de juillet 2015 levant les sanctions, tout comme le maintien de certaines restrictions bilatĂ©rales de la part de l’administration Obama sur les Ă©changes commerciaux ont alimentĂ© la prudence des compagnies anglo-saxonnes.

Ainsi BP n’était-il pas candidat aux appels d’offres, alors que l’histoire de la major britannique est intimement liĂ©e Ă  l’Iran : c’est son ancĂŞtre l’Anglo-Persian Oil Company qui fit les premières dĂ©couvertes dans la rĂ©gion, en 1908. Officiellement, le groupe britannique dit s’interroger sur l’intĂ©rĂŞt du retour sur investissement en Iran et affirme avoir « de nombreuses opportunitĂ©s intĂ©ressantes ailleurs Â». Mais c’est aussi la major europĂ©enne la plus « amĂ©ricaine Â» avec 40 % de son actionnariat et 30 % de ses salariĂ©s, y compris son patron, Bob Dudley. Selon le Financial Times, BP aurait dĂ» crĂ©er une sociĂ©tĂ© ad hoc sans dirigeants amĂ©ricains pour envisager de signer des contrats avec l’Iran.

Les compagnies américaines absentes

Car de nombreux obstacles politiques et financiers limitent encore les Ă©changes entre les Etats-Unis et la RĂ©publique islamique. L’usage du dollar dans les transactions est scrutĂ© par les autoritĂ©s amĂ©ricaines, de mĂŞme que les entreprises iraniennes ayant des liens avec les gardiens de la rĂ©volution. L’Iran demeure, pour Washington, un Etat soutenant le terrorisme, notamment Ă  travers le Hezbollah.

Les gĂ©ants amĂ©ricains ne sont donc pas au rendez-vous, qu’il s’agisse de Chevron, de ConocoPhilipps et surtout d’ExxonMobil, la première compagnie pĂ©trolière mondiale par la capitalisation boursière. Le gĂ©ant d’Irving (Texas) s’avance d’autant moins que Rex Tillerson, son patron jusqu’en dĂ©cembre 2016, a Ă©tĂ© nommĂ© Ă  la tĂŞte de la diplomatie amĂ©ricaine par Donald Trump.

Les Iraniens sont très vite revenus dans le jeu pĂ©trolier après la levĂ©e des sanctions, au dĂ©but de 2016, refusant les injonctions de l’Arabie saoudite qui lui demandait de participer aux coupes de production rĂ©clamĂ©es aux autres membres de l’Organisation des pays exportateurs de pĂ©trole (OPEP) pour faire remonter les cours dĂ©primĂ©s de l’or noir. Riyad a finalement acceptĂ© que TĂ©hĂ©ran en soit exemptĂ©. La National Iranian Oil Company produit dĂ©sormais 3,7 millions de barils par jour, selon l’agence de presse Bloomberg ; le pays s’est fixĂ© un objectif de 5,7 millions au dĂ©but de la prochaine dĂ©cennie, un niveau proche de celui qu’il avait avant la rĂ©volution islamique de fĂ©vrier 1979. Il leur faut pour cela trouver quelque 200 milliards de dollars de capitaux Ă©trangers d’ici au dĂ©but de la prochaine dĂ©cennie.

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