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Droits humains

Iran : libération de la militante torturée Golrokh Ebrhaimi Iraee

La militante et écrivaine avait été arrêtée le 24 octobre pour avoir écrit une fiction qui condamnait la lapidation d’une fille (une pratique utilisée en Iran pour punir les femmes adultères), jamais publiée.
par Martina Castigliani
publié le 4 janvier 2017 à 19h18

Obligée de rester dans une pièce à écouter les cris de son mari torturé, de l'autre côté du mur. Puis frappée à son tour. Le calvaire de Golrokh Ebrhaimi Iraee dans la prison d'Evin à Téhéran est terminé depuis mardi après-midi, après que son mari Arash Sadeghi, déjà condamné à 19 ans, a fait 73 jours de grève de la faim pour demander sa libération. «Cela sent le printemps en Iran», s'est réjouie Sabri Najavi, activiste pour les droits humains, qui dès l'Europe a organisé une mobilisation pour le couple.

Golrokh Ebrhaimi Iraee, militante et écrivaine, avait été arrêtée le 24 octobre pour avoir écrit une fiction qui condamnait la lapidation d'une fille (une pratique utilisée en Iran pour punir les femmes adultères), jamais publiée. La police l'a trouvée sur son ordinateur, lors d'une perquisition. Golrokh Ebrhaimi Iraee a été libérée deux mois et demi plus tard, à la faveur d'une forte mobilisation internationale. «Elle a été menacée de mort par les forces qui contrôlent la prison, explique l'activiste Sabri Najavi. «Tu ne sortiras pas d'ici vivante», lui auraient dit-ils. Golrokh a eu une permission de sortie temporaine après avoir payé une caution de 5 milliards de rials (150 000 dollars).

Plusieurs militants en Iran et en Europe avaient manifesté ces derniers jours pour sa libération, notamment sur les réseaux sociaux. «La lutte n'est pas terminée, ajoute Najavi. Arash Sadeghi a beaucoup souffert pendant sa grève de la faim». Etudiant en philosophie et activiste pendant le mouvement Vert de 2009, Sadeghi a été condamné pour «propagande contre l'Etat». Il est lui toujours en prison. «La vraie urgence, c'est sa santé : il a tenu sa grève de la faim trop longtemps, reprend Najavi. Comme l'a expliqué Amnesty international, il vomit du sang et a de graves troubles respiratoires. Il a besoin de soins médicaux spécialisés».

Plusieurs prisonniers à Evin ont recouru à la grève de la faim ces dernières semaines pour contester les conditions de vie. Parmi eux, certains militants connus: Ali Shariati, condamné pour avoir participé à une manifestation pacifique organisée contre les attaques de femmes à l'acide ; le défenseur des droits de l'enfant Saaed Shirzad; le dissident religeux Mohammad Reza Nekounam ; le ressortissant turco-iranien Hassan Rastegari Majd. «La situation reste très difficile et il n'y a pas eu assez de changements depuis l'élection du président Rohani, regrette Najavi. Il n'y a pas de liberté d'expression et les femmes souffrent beaucoup. On a encore beaucoup de travail, et on a besoin de l'attention de tout le monde. On oublie trop souvent qu'en Iran, les droits de l'homme ne sont toujours pas respectés».

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