Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

Mort d'Antoinette Fouque, pionnière du mouvement féministe

La psychanalyste et militante Antoinette Fouque, cofondatrice du Mouvement de libération des femmes en 1968, est morte dans la nuit de mercredi à jeudi à l'âge de 77 ans.

Le Monde avec AFP

Publié le 21 février 2014 à 22h18, modifié le 24 février 2014 à 16h59

Temps de Lecture 4 min.

La psychanalyse et militante féministe Antoinette Fouque à Paris, le 22 novembre 2013.

Figure historique du féminisme français, la psychanalyste et militante Antoinette Fouque s'est éteinte dans la nuit de mercredi 19 à jeudi 20 février à Paris, à l'âge de 77 ans.

Elle avait cofondé le Mouvement de libération des femmes (MLF) avec Monique Wittig et Josiane Chanel, dans la foulée de Mai 68, « en réaction contre le virilisme du mouvement étudiant », une aventure qui avait aussi constitué pour elle « une libération joyeuse ». Sans jamais cesser de lutter par la suite.

LETTRES ET PSYCHANALYSE

Née Grugnardi, le 1er octobre 1936 à Marseille, Antoinette Fouque, diplômée d'études supérieures de lettres et docteur en sciences politiques, fut d'abord enseignante, et parallèlement, à partir de 1964, critique littéraire et traductrice, notamment aux Cahiers du Sud et à La Quinzaine littéraire.

Au sein du MLF, cette ancienne étudiante de Roland Barthes, qui suivit une psychanalyse avec Jacques Lacan, fonde et anime le groupe Psychanalyse et Politique, l'un des courants majeurs du féminisme en France.

Dans la foulée de la création des éditions des Femmes, en 1973, elle ouvre trois librairies Des Femmes à Paris, Lyon et Marseille, dirige Le Quotidien des femmes, puis Femmes en mouvement (1978-1982), et inaugure la Bibliothèque des voix, composée de livres-cassettes.

Antoinette Fouque préside aussi l'Alliance française de San Diego aux Etats-Unis (1986-1988), avant de fonder, en 1989, l'Alliance des femmes pour la démocratie, dont elle sera présidente.

SUR LE TERRAIN POLITIQUE

Dans les années 90, cette théoricienne du féminisme, aux positions souvent controversées, s'engage nettement sur le terrain politique. Chargée de mission auprès de Michèle André, secrétaire d'Etat aux droits des femmes en 1990, elle fonde deux ans plus tard le club Parité 2000, avant d'être élue au Parlement européen en 1994, sur la liste Energie radicale de son compatriote marseillais Bernard Tapie.

A Strasbourg, elle sera vice-présidente de la commission des droits de la femme, et déléguée de l'Union européenne à la Conférence mondiale des femmes à Pékin en 1995. Parallèlement, elle est chargée de séminaires en sciences politiques et directrice de recherches à l'université de Saint-Denis.

Commandeur de la Légion d'honneur, grand officier de l'ordre national du Mérite, commandeur des arts et des lettres, Antoinette Fouque avait notamment publié Il y a deux sexes (1995, réédité en 2004) et, l'année dernière, était sorti sous sa direction Le Dictionnaire universel des créatrices. Dans un entretien sur le site Internet Au féminin, à l'occasion de sa publication, elle expliquait ainsi : « Ce dictionnaire lève une censure immémoriale sur la création des femmes sous toutes ses formes. C'est un manifeste d'existence. »

« Notre révolution était démocratique, pacifique, anthropologique, la plus longue des révolutions, puisqu'elle est toujours en cours », affirmait-elle encore, déclarant avoir souffert, politiquement, « de la misogynie, mais aussi de l'incompréhension du milieu féministe universaliste ». Récemment, sur France Info, elle rejetait le qualificatif de  », qu'elle qualifiait de  »Elle »

« UNE GRANDE ET BELLE VOIX DU FÉMINISME S'EST TUE »

L'annonce de cette disparition a suscité un flot de réactions sur les réseaux sociaux, d'anonymes comme de personnalités. La ministre des droits des femmes et porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, a rendu hommage à une « grande et belle voix du féminisme » :

« La disparition d'Antoinette Fouque est une immense perte : son engagement intellectuel et militant a marqué d'une empreinte profonde l'histoire du combat pour les droits des femmes. (…) Sa contribution à l'émancipation d'une génération de Françaises est immense, et continuera d'inspirer longtemps celles et ceux qui s'engagent pour l'égalité réelle entre les femmes et les hommes. »

Pour la ministre de la culture, Aurélie Filippetti, cette « militante inlassable de la “féminologie”, psychanaliste, députée européenne (…), fut aussi une figure culturelle majeure ». Le premier secrétaire du Parti socialiste, Harlem Désir, a quant à lui salué la mémoire d'une « grande militante de la cause des femmes, qui a œuvré tout au long de sa vie pour le mouvement féministe et la conquête inlassable de nouveaux droits ».

Sur Twitter, la ministre du logement, Cécile Duflot, s'est également dite « touchée » par la mort d'« une femme de combats, qui a en particulier si bien et si joliment (re)lié féminisme et maternité ». Un hommage à celle qui citait la naissance de sa fille comme « le moment le plus heureux de sa vie » et ne voulait pas opposer maternité et libération.

« Il ne faut rien céder sur ses désirs. Et le désir d'enfant est le désir premier, le désir de l'autre, que la légalisation de la pilule a permis de libérer. (…) On continue d'opposer la femme qui procrée, renvoyée à la “nature”, et l'homme qui crée, unique représentant de la “culture”, or création et procréation sont indissociablement liées ! », dit-elle aussi dans son interview au site Au Féminin.

Valérie Trierweiler ; le président de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone ; l'ancienne ministre socialiste de l'écologie Delphine Batho, l'ancienne ministre UMP de la santé Roselyne Bachelot ; ou encore l'association SOS Racisme ont également tenu à rendre hommage à cette personnalité sur Twitter :

Le Monde avec AFP

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner

Voir les contributions

Réutiliser ce contenu

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.