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Campus - Initiative

Seeming, ou lorsque des étudiants de la BAU se mobilisent contre le radicalisme

Des étudiants de l'Université arabe de Beyrouth (BAU) luttent contre l'extrémisme en promouvant l'esprit critique, la non-violence et l'acceptation de l'autre.

Bien que la campagne Seeming soit née dans le cadre d’une compétition interuniversitaire mondiale contre la radicalisation, les jeunes étudiants de la BAU comptent la poursuivre, la développer et l’étendre au-delà du concours.

Si la disparition brutale et violente de trois jeunes Libanais au cours d'une fusillade terroriste dans une discothèque stambouliote a suscité des vagues d'indignation et de colère auprès des Libanais, ces réactions n'étaient pas unanimes sur les réseaux sociaux où ont circulé des messages haineux et sectaires.

« L'extrémisme est devenu un problème sérieux au Liban », estime Hanin Yousef, 23 ans, étudiante en master de traduction à la BAU. La violence et les discours de haine sont devenus pour certains le seul moyen de communication.

Face à la menace de l'extrémisme radical et profitant d'une compétition internationale pour lutter contre le radicalisme en ligne, la jeune traductrice et une poignée de ses camarades ont lancé il y a quelques semaines sur les réseaux sociaux une dynamique campagne de sensibilisation qu'ils ont intitulée Seeming. « Seeming (en anglais) signifie "apparent " ; ce mot renvoie à ce que les sens perçoivent et qui n'est pas toujours conforme à la réalité, à ce que les choses semblent être, sans nécessairement l'être. Notre logo est formé d'un "S" pour Seeming, à l'intérieur duquel se trouve un labyrinthe. Cet enchevêtrement représente l'impasse sans retour dans laquelle sont pris les jeunes lorsqu'ils intègrent des groupes extrémistes », précise la jeune mastérante licenciée en littérature et lettres anglaises. Et d'insister : « Alors que l'extrémisme peut apparaître pour certains comme le bon choix, une voie facile pour résoudre leurs problèmes, la réalité est tout autre. Ce n'est qu'un labyrinthe fatal. »

 

« L'extrémisme n'est pas le chemin »
Extrêmement motivés et profondément convaincus par l'importance de leur action, les jeunes étudiants ont créé pour leur campagne des comptes sur Facebook, Twitter et Instagram. Ils y postent des images commentées, des articles et des vidéos qu'ils jugent éclairants. Leurs publications, en anglais et en arabe, ciblent les jeunes au Liban et dans les pays arabes. Hanin, qui assume la fonction de rédactrice en chef de Seeming poursuit : « Nous avons défini plusieurs façons pour les internautes d'interagir avec nos pages. Nous avons, par exemple, instauré une publication hebdomadaire, "la question de la semaine", qui nous permet de les faire réagir sur différents aspects de l'extrémisme. » Stratégie réussie. Plus de 1 750 internautes sont déjà fans de la page et des centaines réagissent aux publications. Toutefois Hanin confie qu'au début, « la mentalité de la société et l'écart dans les points de vue les ont poussés à faire une courte pause pour repenser leur plan ».

Ne voulant pas limiter ses actions aux réseaux sociaux, la jeune équipe de Seeming a organisé avec le Centre des droits de l'homme de leur université un atelier auquel ont participé 25 étudiants de différentes filières. Au cours de la rencontre, des professeurs de la BAU ont initié les participants aux « concepts d'extrémisme et de terrorisme », mais également à des thématiques telles que « l'histoire de la violence », « les groupes islamiques et l'extrémisme », « la démocratie et le terrorisme » et « les types d'extrémisme ». « Les participants que nous avons appelés ambassadeurs de la paix ont également appris à organiser un événement et à conduire une campagne », ajoute la jeune traductrice.

Également loin du virtuel, au cours d'un autre événement de sensibilisation et de recrutement qu'ils ont tenu sur leur campus, les membres de Seeming ont distribué aux étudiants des brochures et des marque-pages portant des inscriptions contre la radicalisation telles que : « Ne me dis pas que tu sais où tu t'en vas lorsque c'est quelqu'un d'autre qui t'y a entraîné ».

 

Une équipe active et déterminée
Composée d'une dizaine d'étudiants assumant chacun une fonction, chef d'équipe, rédacteur en chef, traducteur, concepteur, responsable de marketing, spécialiste des médias et chercheurs, l'équipe de Seeming est dynamique et déterminée à développer son action. « Notre chef d'équipe est un étudiant en droit et en sciences politiques. Il représente le noyau du groupe. C'est lui qui répartit les tâches et distribue le temps.

Notre designer est un talentueux étudiant en architecture. Notre spécialiste des médias sociaux est une étudiante en marketing qui poursuit un MBA. Elle passe tout son temps à améliorer notre page et à créer du contenu intéressant. Un étudiant en média est en charge de la réalisation de nos vidéos. Les chercheurs sont des étudiants de différentes spécialisations qui nous ont offert toutes les ressources dont nous avions besoin pour les statistiques, les sondages, les ateliers... », détaille la jeune rédactrice en chef.

Bien que la campagne Seeming soit née dans le cadre d'une compétition interuniversitaire mondiale lancée par le département d'État américain à laquelle participent plusieurs universités libanaises, elle sera poursuivie, développée et étendue « même si notre équipe n'accède pas à la finale », assurent les étudiants.

Hanin, qui dénonce la manipulation que font certains politiciens et hommes religieux et qui entraîne le peuple vers la haine, la radicalisation et l'extrémisme, conclut : « Seeming non seulement brandit des idées contre les idées radicales, mais il lutte également contre les actes des extrémistes par des actes. Un exemple : l'atelier que nous avons mené pour diffuser notre message et recruter plus de personnes autour de notre cause. Tout comme Daech (acronyme arabe de l'organisation État islamique), nous pouvons recruter. Ils ne sont pas mieux. »
Le site de Seeming sur Facebook : www.facebook.com/SeemingBAU/

 

À l'USEK, la lutte contre l'extrémisme passe par les femmes

« Haven Square-Do not go to hell est un mouvement créé pour faire la lumière sur les tentatives faites par des groupes extrémistes afin d'attirer les femmes dans leur " utopia square " », lit-on sur la page Facebook de la campagne lancée par une douzaine d'étudiants de l'USEK dans le cadre de leur participation à la compétition « Peer to Peer : Challenging Extremism ». Un projet initié par le département d'État américain, Facebook et les partenaires EdVenture pour encourager les étudiants universitaires partout au monde à se mobiliser contre l'extrémisme qui sévit sur la toile. L'équipe de Haven Square, formée par des étudiants en provenance de différentes facultés de l'USEK, veut « contribuer à mettre en exergue les méthodes utilisées par les groupes extrémistes pour recruter des femmes sur les réseaux sociaux ». Depuis sa création il y a quelques semaines, elle a organisé plusieurs activités de sensibilisation. La première, tenue au campus de l'USEK au mois de novembre, a réuni des étudiantes prétendument convoquées à un casting pour un film qui porte sur les méthodes de rencontre sur le Net entre les femmes et les hommes au Moyen-Orient et qui ont eu la surprise de découvrir l'objectif de l'événement auquel elles sont invitées en visionnant un documentaire fort bouleversant sur le recrutement en ligne des femmes par des groupes extrémistes.
Pour en savoir plus sur Haven Square ou pour soutenir cette campagne : www.facebook.com/HavenSquareLb.

 

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