Automobile Les véhicules électriques devront faire du bruit

Piétons et cyclistes doivent faire face à un nouveau danger avec l’extension du parc automobile électrique dans l’Hexagone. En 2019, les bruiteurs seront obligatoires.
Baptiste Marsal - 07 janv. 2017 à 05:00 | mis à jour le 10 déc. 2017 à 09:09 - Temps de lecture :
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Plus d’un tiers des français seraient prêts à passer à l’électrique.  Photo Julio Pelaez
Plus d’un tiers des français seraient prêts à passer à l’électrique. Photo Julio Pelaez

Championne de la propreté mais aussi reine d’un dangereux silence. La voiture électrique, aussi écolo soit elle, n’en reste pas moins un facteur d’accident supplémentaire. Du moins, sous les 30 km/h. En effet, à cette vitesse, elle n’émet aucun bruit. C’est donc moins de pollution sonore, celle des véhicules traditionnels s’ajoutant généralement aux (très) nombreux bruits du quotidien. Mais c’est plus de risque d’accidents. Car l’absence de bruit, si elle présente des avantages, présente aussi son lot de dangers, notamment pour les usagers « vulnérables » , piétons et cyclistes en tête.

Nombreux parmi ces derniers fonctionnent à « l’oreille » quand il s’agit de traverser un passage protégé, de prendre un virage, de passer dans les allées d’un parking. Mais comment percevoir à l’ouïe un véhicule qui n’émet aucun son ? Le risque surgit surtout en zone urbaine, où les piétons sont plus nombreux, et la vitesse souvent réduite. La vitesse, justement, joue un rôle particulier dans les émissions sonores d’un véhicule électrique ou hybride : sous les 30 km/h, il n’en produit aucun, contrairement aux voitures à moteur thermique. Difficile pour un piéton, donc, d’anticiper l’arrivée d’un véhicule électrique au sortir d’un virage à droite, par exemple.

Exemple avec le témoignage d’une locatrice d’Autolib, qui s’était plainte au service d’autopartage de voitures électriques sur Twitter : « Gros problème avec l’Autolib. Trop silencieuse. On a failli écraser une dizaine de personnes en 25 minutes ». S’il n’existe aucun chiffre en France, la NHTSA, l’équivalent de notre Sécurité routière aux États-Unis, estime qu’il y aurait chaque année 2400 accidents impliquant ces véhicules (trop ?) silencieux et des piétons ou des cyclistes. Le risque d’accident avec un usager vulnérable à bord d’une voiture électrique serait même multiplié par deux.

Pas le ronron du moteur

Impossible, donc, de nier que le danger est réel et sans doute croissant au moment où Bernard Cazeneuve, le nouveau Premier ministre, a promis de soutenir la conversion du parc automobile vers la propulsion électrique, dans son discours de politique générale. La preuve avec cette mesure prise par l’Union européenne et impulsée par des associations de personnes aveugles ou malvoyantes.

Dès 2019, un bruiteur sera obligatoire sur tous les véhicules électriques. Cette alerte sonore « nouvelle génération » , inscrite dans le projet baptisé eVADER (Electric Vehicle Alert for Detection and Emergency Response), a pour objectif d’avertir les usagers. Une mesure similaire a été prise aux États-Unis pour réduire les risques d’accidents. Néanmoins, pas question, non plus, de reproduire le ronronnement d’un V8. Toute la subtilité du projet réside dans le développement d’un son continu et audible par les piétons et les cyclistes, en minimisant les nuisances sonores. Le bruitage ne doit être déclenché qu’à une vitesse de 30 km/h ou moins. Au-delà, le bruit des pneus et du vent est jugé suffisamment audible pour les piétons.