Une blogueuse belge a révélé l'existence de ce groupe fermé dont les membres partagent des images dénudées de leurs amantes.

Une blogueuse belge a révélé l'existence de ce groupe fermé dont les membres partagent des images dénudées de leurs amantes.

AFP/LOIC VENANCE

"Depuis ce matin, j'ai envie de pleurer." Jeudi, Chrystelle Charlier, une blogueuse belge, fait part de sa découverte sur son site 2 girls 1 mag. Elle a mis la main sur un groupe Facebook fermé réunissant 52 000 membres baptisé "Babylone 2.0", avec pour sous-titre: "Certifiées pêches perso".

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"Qui veut du boudin?"

Un groupe exclusivement masculin sur lequel les internautes partagent des photos de leurs "conquêtes" féminines nues, qu'elles aient été envoyées à dessein par les femmes ou prises à leur insu, comme l'explique l'hebdo belge Le Vif.

La blogueuse dit avoir eu accès au groupe pendant une demi-heure, ainsi que plusieurs autres femmes qui en ont ensuite été exclues. Elle a pu prendre des captures d'écran, transmises à L'Express.

Facebook

Capture d'écran transmise par Chrystelle Charlier

© / Facebook

On y trouve des sommets de misogynie, comme cette photo d'une jeune femme en sous-vêtements avec ce commentaire: "Qui veut du boudin ? (Pêche perso)". Ou cet autre cliché d'une femme prise de dos (probablement sans son accord) avec ce texte: "C'est très loin de l'avion de chasse qu'on traque tous, certes, mais du haut de mes 27 ans, je ne pouvais refuser ce taudis de 44 ans, juste pour rajouter une ligne sur le CV. Vieille peau."

Babylone

Capturé d'écran transmise par Chrystelle Charlier.

© / Facebook

"Slut-shaming"

L'exhumation de ce groupe a entraîné une série de péripéties numériques. Facebook l'a suspendu vendredi, selon le Huffington Post, avant que d'autres groupes fermés ne se recréent, comme le rapporte Konbini. Un groupe similaire, "Garde La pêche", aurait lui aussi été supprimé de Facebook.

Une page publique existe également, sur laquelle sont postées des plaisanteries à propos de "Babylone 2.0" et où l'on demande à être ajouté.

https://www.facebook.com/BabyloneOfficiel/photos/a.1884207758491647.1073741828.1884114561834300/1885009221744834/?type=3&theater

"En 2017, la sexualité féminine est encore vue comme honteuse. Ces groupes, c'est du 'slut-shaming' [stigmatisation d'une femme dont l'attitude ou l'aspect physique sont jugés trop ouvertement sexuels] puissance 10 000. Là où les hommes se perçoivent comme des chasseurs, les femmes restent encore les victimes dont on abuse (...) Une chose est certaine, il est grand temps de s'éduquer aux dérives du web: faire passer le message que dégrader des personnes n'est pas un comportement acceptable", souligne le journal Le Vif.

Un groupe d'opposantes s'est créé

Des femmes ont elles aussi crée leur propre groupe Facebook fermé pour agir contre les Babyloniens. "Sur ce groupe [Babylone 2.0: la revanche des filles] on recense toutes les pages, groupes et comptes Instagram qui partagent des photos de personnes nues à leur insu ; du moins on essaye... Ce qui rend plus simple les signalements. Certaines partagent des screenshots des membres de ces groupes préviennent (dans la mesure du possible) les personnes dont les photos ont été partagées etc.", explique une administratrice à L'Express.

Selon un avocat cité par Néon, la diffusion de photos intimes dans la sphère publique s'apparente à du revenge porn et peut être sanctionnée de 2 ans de prison et 60 000 euros depuis la loi Révolution numérique de 2016.

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