Las Vegas : Fillon insinue qu'Internet est arrivé en France grâce à lui, Valls ironise

PRESIDENTIELLE 2017. Agacé d'être comparé à Emmanuel Macron, François Fillon a laissé entendre vendredi, en visite au CES de Las Vegas, que l'ancien ministre de l'Economie n'avait rien fait pour les nouvelles technologies, contrairement à lui à qui l'on devrait l'arrivée d'Internet en France. Sur Twitter, Manuel Valls lui-même a moqué sa petite sortie.

A la fin des années 1990, l'ancien ministre François Fillon a défendu en France la libéralisation des Télécoms, permettant l'émergence de plusieurs fournisseurs d'accès privés à Internet.
A la fin des années 1990, l'ancien ministre François Fillon a défendu en France la libéralisation des Télécoms, permettant l'émergence de plusieurs fournisseurs d'accès privés à Internet. LP/Olivier Lejeune

    Depuis la fameuse émission «intime» de Karine Le Marchand, dont François Fillon lui-même a admis les effets bénéfiques sur sa campagne à la primaire de la droite, on sait que l'ancien Premier ministre est très branché nouvelles technologies et petits gadgets connectés. Petit, son fils disait à son enseignante que son père, alors à Matignon, était informaticien et réparait sans cesse des ordinateurs.

    Alors quoi de mieux qu'une escapade au CES de Las Vegas, le salon high-tech où la France est particulièrement représentée, pour asseoir définitivement son image de «geek» avant la présidentielle? Seul candidat à s'être déplacé cette année, François Fillon n'a toutefois pas échappé vendredi aux multiples questions sur Emmanuel Macron, ambassadeur du salon l'année précédente et proche des entrepreneurs. Jusqu'à l'agacement, et une réponse malheureuse qui provoque ce samedi encore l'ire des internautes. Manuel Valls lui-même s'est fendu d'un tweet pour se moquer de son prédécesseur à Matignon!

    «Vous pensez qu'il y aurait de l'Internet en France si...»

    Interrogé une énième fois par le journaliste du «Quotidien» de TMC sur son «ambition de remplacer Emmanuel Macron, l'an dernier star du CES », François Fillon regrette d'abord que cela «obsède» les journalistes et assure qu'il a «toujours été passionné par la technologie. J'ai toujours eu le dernier téléphone sorti, le dernier ordinateur et je m'intéresse toujours aux derniers appareils photos.» Et de s'énerver : «Qu'est ce que Monsieur Macron a fait en matière de technologie? Et moi, qu'est ce que j'ai fait?» interroge-t-il avant de fournir une étonnante réponse.

    VIDEO. François Fillon suivi par le journaliste du Quotidien

    «J'ai ouvert les télécommunications à la concurrence. Vous pensez qu'il y aurait de l'Internet en France si on avait toujours France Télécoms avec des fonctionnaires ?» Et l'animateur en plateau, Yann Barthès, de conclure : «On a l'impression que c'est grâce à lui qu'on a Internet en France !» Il n'en fallait pas plus pour que, ce samedi, les réseaux sociaux s'agitent.

    Les internautes se lâchent... Valls aussi !

    «Reconnaissance infinie à François Fillon, qui a permis l'éclosion d'Internet en France», ironise sur Twitter le journaliste Jérôme Godefroy. «Si je comprends bien, on a Internet en France depuis que Fillon a été ministre !» écrit également Nanabreizh. Et Samsen de renchérir : «Il semble qu'on doit remercier Fillon pour l'Internet, l'électricité, l'eau courante, le gaz. Grâce à lui, je paye plus pour avoir moins.»

    Et son potentiel concurrent à la présidentielle Manuel Valls de twitter également : «Grâce à François Fillon, je peux vous écrire ce tweet depuis Évry (petit smiley qui rit à l'appui) Merci à France Télécom, son réseau, ses agents qui ont permis Orange/Free/SFR…»

    Certains internautes prennent également grand soin de rappeler qu'Internet a été inventé par des fonctionnaires, des militaires et des chercheurs. Mais aussi qu'en 1996, François Fillon, ministre des Télécommunications, est à l'origine d'un amendement qui souhaitait la création d'une entité de contrôle et de régulation de l'outil qui commence alors à arriver dans les foyers français. A l'époque, le Conseil constitutionnel le censure après les mises en garde de «dangerosité pour la démocratie et la liberté d'expression» de l'Association des utilisateurs d'Internet (AUI).

    Il est toutefois vrai que l'ancien ministre a défendu en France la libéralisation des télécoms, permettant l'émergence de plusieurs fournisseurs d'accès privés, conformément aux directives européennes de l'époque. Et en 2012, c'est également lui, en tant que Premier ministre, qui a accordé à Free et à ses offres ultra-concurrentielles sa licence, contre l'avis de Nicolas Sarkozy.