d

Farid Benyettou, ancien proche des Kouachi reconverti dans le secteur de la "déradicalisation", assure avoir tourné la page de l'islam radical. Capture d'écran.

Canal +

Faut-il donner la parole à Farid Benyettou? Depuis le début de la semaine, cet ancien prédicateur islamiste de 35 ans, qui se présente désormais comme "un repenti", multiplie les apparitions médiatiques pour présenter son ouvrage Mon djihad. Co-écrit avec Dounia Bouzar, responsable d'une association de "déradicalisation" mandatée un temps par le gouvernement, le livre raconte le désengagement idéologique de cet ancien mentor des frères Kouachi, condamné à six ans dans le dossier de "la filière des Buttes-Chaumont".

Publicité

Invité samedi sur le plateau de Salut les Terriens, sur Canal +, Farid Benyettou, toujours caché derrière ses lunettes de soleil Rayban et son béret gris, a expliqué avoir tourné la page de l'islam radical après les attentats de Mohamed Merah en mars 2012 puis ceux de Charlie Hebdo en janvier 2015, perpétrés par ses anciens disciples. "J'ai prêché l'idéologie de la haine pendant des années. Ce n'était pas la belle utopie qu'on m'a présentée au départ, c'est une idéologie qui tue des gens. Ma responsabilité, elle est là", a-t-il assumé, expliquant être reconnaissant envers la France qui lui a laissé la chance de devenir infirmier.

"Un coup de communication"

Pour témoigner de la sincérité de sa repentance, Farid Benyettou a brandi sur le plateau un badge siglé "Je suis Charlie". "Bien sûr que je suis Charlie", a-t-il assuré, alors que l'animateur Thierry Ardisson lui posait la question de son soutien aux victimes des tueries des Kouachi.

En pleine période de commémoration des attentats de janvier 2015, la séquence a suscité des réactions contrastées. "Scandaleusement inopportune, déplacée et indécente", a ainsi tweeté Jean-Charles Brisard, président du Centre d'analyse du terrorisme (CAT).

"J'ai écouté Benyettou sans malveillance mais gros malaise à la scène obscène du pin's. Du coup, confiance =ZERO", écrit aussi un internaute. "Abasourdi de voir deux ans jour pour jour Farid Benyettou chez Ardisson avec son badge. Là, je suis largué", s'indigne un autre.

"Les téléspectateurs sont capables de se faire un avis"

Plus généralement, le journaliste spécialisé David Thomson accuse Dounia Bouzar de signer "un coup de communication" en utilisant Farid Benyettou. Un temps présentée comme une figure de désembrigadement djihadiste, l'anthropologue, qui a engagé l'ancien mentor des Kouachi dans ses équipes, est désormais contestée.

Anticipant problalement les réactions qu'allait susciter cette invitation, Thierry Ardisson a défendu sa position en préambule de l'émission. "Moi je pense qu'il [Farid Benyettou] faut vous inviter, qu'il faut vous écouter et se faire une idée. Les téléspectateurs sont capables de se faire un avis. Nous n'avons pas, nous animateurs, à leur dire ce qu'ils dovient penser", a prévenu "l'homme en noir".

Publicité